Il est accusé d'avoir porté des coups à des jeunes en mars 2016, au cours de mouvements lycéens contre la loi Travail. Le parquet évoque un usage "illégitime" de la violence.
Le parquet a requis vendredi neuf mois de prison avec sursis contre un policier jugé pour des violences sur des élèves aux abords du lycée Bergson, dans le 19ème arrondissement de Paris. Les faits se sont déroulés en mars 2016, en marge d'une journée de mobilisation contre la loi Travail. Le gardien de la paix comparaissait pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique sans incapacité totale de travail.
La diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux avait mené à l'ouverture d'une enquête à son encontre. On l'y aperçoit en civil, sans brassard, visage masqué et capuche sur la tête, alors qu'il effectue une "balayette" sur un lycéen, en tire un autre sur plusieurs mètres en le tenant par le cou puis assène des coups de matraque à d'autres jeunes. Les victimes étaient toutes mineures au moment des faits.
"Une violence illégitime"
"Il y a une violence illégitime, a estimé la procureure. Rien ne permet de dire que les victimes avaient un comportement rebelle, violent envers les forces de l'ordre [...] Il aurait dû user d'autres moyens pour mener à bien sa mission de maintien de l'ordre."
L'avocat de la défense a quant à lui plaidé la relaxe, évoquant un "manque d'éléments" matériels. "Nous sommes prisonniers de quelques secondes de vidéos", a-t-il souligné, affirmant également que son client représente un "bouc émissaire" pour "mettre en cause l'institution" policière.
Le 24 mars 2016, Baris E., gardien de la paix de l'unité de police administrative (UPA) en "mission d'observation" sur un établissement de l'est parisien, est appelé en renfort au lycée Bergson (19ème arrondissement de Paris) où, après des jets d'oeufs notamment, les forces de l'ordre chargent.
"Je pensais qu'il voulait fuir"
Il assène alors une "balayette" à un jeune qui se relève après avoir été maintenu au sol par un policier en tenue. "Je pensais qu'il voulait fuir, a affirmé le policier de 40 ans au sujet du lycéen qu'il a projeté à nouveau à terre. Quand le collègue m'a dit qu'il n'était pas l'auteur de jets de projectiles, j'ai regretté mon geste."
Il confirme également avoir tiré en arrière un autre jeune homme qui filmait avec son portable, mais nie les coups et la morsure dont ce dernier l'accuse ainsi que tout coup intentionnel sur un autre, touché au dos par sa matraque. Le policier a affirmé avoir effectué des "mouvements de balayage, sans vouloir toucher ou faire mal", pour "intimider" et "éloigner" les manifestants de poubelles incendiées.
Un autre fonctionnaire de police a déjà été condamné le 23 novembre 2016 pour avoir porté un coup de poing à un élève du lycée Bergson le même jour. Il a écopé de huit mois de prison avec sursis. Dans cette affaire, le jugement a été mis en délibéré au 24 mai prochain.