Ouverture du procès des attentats de janvier 2015 : "C’est un moment douloureux"

Le procès des attentats de janvier 2015, qui s’annonce déjà historique, s’est ouvert ce mercredi 2 septembre avec une certaine émotion. Alors qu’un large dispositif de sécurité a été mis en place, rares sont les parties civiles à avoir décidé d’assister à l’audience.

Dès 8h ce mercredi matin, une longue file s’étendait déjà devant le tribunal judiciaire de Paris (XVIIe arrondissement). Avocats, témoins, parties civiles, sans compter le public… Plus de 200 personnes étaient présentes à l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015.

Outre un port obligatoire du masque en raison de la crise sanitaire, y compris pendant la prise de parole, l’audience a démarré sous haute surveillance, avec un dispositif de sécurité très important. Le passage de pas moins de quatre points de contrôle était nécessaire pour atteindre les salles, y compris pour les avocats.Certaines parties civiles se sont placées tout au fond de la salle d’audience – afin d’assurer une distance suffisante vis-à-vis des accusés. D’autres ont préféré aller dans les salles annexes. Riss, Laurent Léger, Patrick Pelloux, Zineb El Rhazoui… Au final, peu de membres de Charlie Hebdo ont décidé d’assister à l’ouverture du procès.

On attend la justice, que la justice soit faite.

Lassana Bathily, ancien magasinier de l’Hyper Cacher

Pour ce qui est de l’Hyper Cacher, Lassana Bathily, ancien magasinier de l’établissement, a fait le déplacement. "On attend la justice, que la justice soit faite", a-t-il annoncé en arrivant au tribunal. Mais là encore, les avocats étaient en majorité seuls pour représenter leurs clients – pour beaucoup partis en Israël après les attentats.

Une situation "douloureuse" pour les parties civiles

Elie Korchia, avocat des deux caissières de l’Hyper Cacher, a ainsi confirmé à France 3 Paris IDF que ses deux clientes n'étaient pas présentes pour cette première journée. L'une, Zarie Sibony, fera le déplacement par la suite, mais sa collègue, Andrea Chamak, n'assistera au procès qu'à distance. Cette dernière vit la situation "d’une façon douloureuse. C’est une jeune fille timide, introvertie, qui l’a vécu très difficilement. Encore aujourd’hui. C’est une épreuve", selon son avocat.

Même constat de la part d’Emmanuel Ludot, conseil du salarié de la station-service, qui – encore traumatisé – avait croisé la route des frères Kouachi : "Il ne peut plus sortir à l’extérieur. Il est cloitré chez lui, il ne va plus travailler."

Pendant des heures, on va se rappeler ce qu’il s’est passé.

Jean-Michel Rollot, président de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC)

Patrick Klugman, lui, est venu représenter des otages de l’Hyper Cacher : "Ils ne sont pas là pour la plupart aujourd’hui. Certains ont eu la volonté de venir témoigner. Mais ils n’ont pas eu l’impression d’avoir été portés, mais de porter ce procès pour que nous en tirions quelque chose à titre collectif. Ce sont des gens brisés, et qui ont eu la chance de survivre, pour ceux que je représente. Et ils ont le sentiment d’avoir subi à ce stade l’injustice de l’oubli. Ils n’attendent pas grand-chose de ce procès. Mais nous sommes tous convaincus qu’il a pourtant une importance capitale, si dans ce pays nous voulons apprendre à juger et à réprimer le terrorisme de manière démocratique et juste."
Patrick Klugman, avocat d’ex-otages de l’Hyper Cacher.
"Il ne faut pas négliger que c’est un moment douloureux, a ainsi expliqué Jean-Michel Rollot, président de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC), à France 3 Paris IDF. Pendant des heures, on va se rappeler ce qu’il s’est passé. C’est aussi un moment pour les Français de se rappeler qu’ils sont descendus en masse pour dire non à quelque chose."Liberté d’expression, liberté de blasphémer… Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, a lui expliqué vouloir continuer de porter le combat de la rédaction, face à la presse : "Aujourd’hui, je pense intensément à mes amis qui ne sont plus là…. Qui ne sont plus là pour que vous vous puissiez l’être, que vous puissiez continuer à faire votre boulot normalement."

"Il y a cinq ans, quelques dizaines de minutes après la tragédie, j’étais devant l’immeuble de Charlie Hebdo, a par ailleurs rappelé Christophe Deloire, président de Reporters sans frontières, devant le tribunal. Je me souviens encore des impacts de balles au sol. Avoir un procès comme celui-là cinq ans plus tard, c’est un signal très fort… Ça envoie un message au reste du monde, de refus qu’un tel crime soit impuni."

Les accusés, répartis dans deux box à distance des parties civiles

Du côté des accusés, ils étaient dix à comparaître détenus, répartis dans deux box, face à face. Tous étaient encadrés par des policiers armés et cagoulés. Un seul détenu comparaissait libre. Ils ont en tout cas tous acquiescé, suite à la demande du président : "Êtes-vous prêts à répondre à toutes les questions au cours du procès ?"Hayat Boumeddiene, compagne d’Amedy Coulibaly, ainsi que les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, toujours recherchés, ont manqué à l’appel. Le président a ainsi constaté leur absence, déclarant : "Sans excuse valable, il convient de les juger par défaut".

Ils ont oublié de poursuivre les vrais responsables.

Isabelle Coutant-Peyre, avocate d’Ali Riza Polat

Toujours du côté de la défense, les avocats devraient tenter de démontrer que leurs clients n’avaient aucune connaissance des desseins des terroristes. "Ils ont oublié de poursuivre les vrais responsables, a affirmé avant l’audience Isabelle Coutant-Peyre, avocate d’Ali Riza Polat, soupçonné d’avoir fourni des armes à Amedy Coulibaly. Tout en regrettant que son client soit "présenté comme l’accusé principal".

Le procès doit se poursuivre jusqu’au 10 novembre, avec 49 journées d'audience.
 
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