La Foire de Paris ouvrira ses portes le 1er mai prochain au parc des expositions de la porte de Versailles, signant le retour de son célèbre concours Lépine. Si elle fête ses 120 ans cette année, la Foire de Paris doit son succès à son concours d’inventions, bien connu des innovateurs et visionnaires français, comme étrangers.
En 1901, le préfet de police du département de la Seine créé un concours-exposition de bibelots pour pallier la prolifération de fabricants de jouets qui vendent à la sauvette dans les rues du 3e arrondissement de Paris. Il se nomme alors Louis Lépine.
Dès lors, le concours Lépine – aujourd’hui organisé par l’Association des inventeurs et fabricants français – a permis la consécration de plus d’un siècle d’innovations, toutes aussi farfelues qu’utiles.
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Si nombre d’entre-nous ont eu vent du stylo à bille originaire de ce concours, ou encore de la machine à laver, d’autres innovations pour le moins burlesques, mais avant-tout précurseures dans leur domaine ont été imaginées lors du concours Lépine.
1984 : antivol pour sac à main
Lors de l'édition 1984 du concours Lépine, un certain Raymond Verschaeve est invité en duplex du journal télévisé de 8 heures de l'émission Télématin, sur Antenne 2. Sur injonction courtoise du présentateur, il démontre l'utilité de son invention en simulant le vol d'un sac à main.
Aussitôt la lanière aggripée que le contenu du sac tombe au sol. "Le voleur s’enfuit avec le sac, mais vide !", se félicite alors l'inventeur qui assure avoir mis "plus de cinq ans" à imaginer ce système.
1973 : un dispositif empêchant la conduite en cas de ceinture non serrée
Or, il y a cinquante ans, le nombre de morts sur les routes atteignait un triste record avec près de 18 034 décès et 386 874 blessés sur les routes françaises en 1972. Le port de la ceinture devient ainsi obligatoire l’année suivante hors agglomération pour endiguer cette mortalité routière.
Ainsi, un dispositif interdisant la conduite en voiture si la ceinture de sécurité n'est pas correctement serrée est proposé par un participant lors du concours Lépine de cette même année 1973.
"Quand j’ai commencé à penser à cette réalisation, je me suis penché sur les problèmes. Vu qu’il n’existait aucun appareil qui puisse me sortir de mes problèmes, j’ai décidé de le fabriquer moi-même", répond à l’ORTF un inventeur participant à l’édition 1973 du concours.
1970 : une pipe permettant d'écouter la radio
Des "Air"-Pods avant l'heure ? Un autre invente une pipe, que son créateur nomme “calumet électronique” permettant… d’écouter la radio, et ce, en toute discrétion. "Que peut-on faire avec cette pipe, on se la met entre les dents ?", lance le journaliste.
Elle contient un mini-récepteur avec son amplificateur et sa pile. L’écouteur est remplacé par un fume-cigarette relié à un vibrateur
Un inventeurau concours Lépine de 1970
"Elle contient un mini-récepteur avec son amplificateur et sa pile. L’écouteur est remplacé par un fume-cigarette relié à un vibrateur", détaille celui qui est loin d’être un agent secret, étant un sobrement membre d’un “club de gadgets”.
Ce sont ainsi les dents qui transmettent les sons de votre station favorite – réglée préalablement – à l'oreille interne sans passer par le tympan. "Votre voisin ne vous entend pas", en déduit alors le présentateur. Finesse et discrétion qui ne sont pas sans rappeler nos écouteurs sans-fil d’aujourd’hui. "On a l’air d’être un fumeur privé de feu, mais en fait, on écoute la radio."
1953 : un appareil de "vision artificielle"
L’invention dont l’écho à notre temps est évident, nous la devons à un ingénieur diplômé de l’École supérieure d’électronique de Paris. Un certain Paul Saudemont originaire de Saint-Quentin présente lors du concours Lépine 1953 ce qu’il appelle un "appareil de vision artificielle". Il ambitionne de permettre aux personnes atteintes de cécité "de se diriger et de lire".
Sous l’œil de l’édition nationale des Actualités françaises, l’ingénieur dispose son appareil équipé d’une minuscule caméra électronique qu’il appelle "rétine artificielle" et d’un écran appliqué sur le front – et non les yeux. "Les variations de courant permettent à l’aveugle de percevoir les obstacles et de se diriger grâce aux sensations tactiles qu’il ressent."
Implants, rétines électroniques et appareils, nombre d’inventeurs, et aujourd’hui de start-ups ont tenté l’expérience de redonner la vue à des non-voyants. À la vue de ce mystérieux appareil, difficile de ne pas penser au dernier Vision Pro d'Apple.
1947 : une moto dépliante
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le concours Lépine continue à regorger d'esprits inventifs. Le journal cinématographique des Actualités françaises se rend au concours Lépine en octobre 1947.
Démonstration d'un pneu increvable ou d'un saladier automatique... mais surtout d'une moto à déplier. Et en action : son exposant la porte sous le bras à la sortie, tel un travailleur d'aujourd'hui emportant sa trottinette électrique personnelle d'une main pour attraper son RER.