Police municipale à Paris : entre satisfaction et inquiétude

Avec Brest, Paris était, jusqu’ici, la seule ville française de plus de 10 000 habitants à ne pas disposer d’une police municipale. 

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C'est un moment historique pour Paris. L’Assemblée nationale a adopté hier l’article 4 de la proposition de loi sur la « sécurité globale ». Cela signifie que la capitale s'apprête à se doter, pour la première fois d’une police municipale. « Enfin ! (…) C’est l’aboutissement d’un travail que je porte depuis deux ans pour renforcer la sécurité des Parisiennes et des Parisiens », se réjouissait sur Twitter la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), qui, après avoir été longtemps opposée à un tel projet, en avait finalement fait l’une de ses promesses de campagne.
 


C’est une "évolution historique qui va permettre de renforcer la sécurité des Parisiens", saluait hier le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
 
Avec Brest, Paris était, jusqu’ici, la seule ville française de plus de 10 000 habitants à ne pas disposer d’une police municipale. L’arrêté du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800) réservait l’exercice de la police dans la capitale au préfet de police, donc à l’État.

Pas d’armes létales

La police municipale de la capitale sera composée de 5 000 agents d’ici à 2024. Elle pourrait être déployée dès février 2021, en plus de la police nationale. L’idée est de créer une complémentarité entre les deux « corps ». Le premier interviendra sur les incivilités de la vie quotidienne (tags, jets de mégots dans la rue, conduite sans permis, problèmes de voisinage…) tandis que la police d'Etat sera en charge des enquêtes, des braquages, des actions antiterroristes…. "Cela nous permet d'avoir la totalité des compétences pour intervenir sur l'espace public. C'est capital. Aujourd'hui, c'est très frustrant pour les inspecteurs de ne pas pouvoir, ne serait-ce que faire appliquer le code de la route par exemple", expliquait la semaine dernière un inspecteur de la sécurité de la ville de Paris, au micro de France 3 Paris Île-de-France. Une formation de quelques heures sera dispensée pour les agents de terrain expérimentés. Les nouvelles recrues, au nombre de 1800, recevront de leur côté un apprentissage d'une année.
 
Les futurs agents municipaux seront équipés de bâtons de défense (matraque), des bombes lacrymogènes et de gilets pare-balles. Pas d’armes létales, contrairement à d’autres polices municipales d’autres villes de France. "Nos policiers ne seront pas appelés en première intervention sur des actes terroristes ou des braquages qui relèvent de la police nationale et de ses services spécialisés", assure Nicolas Nordman, adjoint à la sécurité d'Anne Hidalgo, cité par Le Parisien, expliquant que "les équiper d'armes létales n'est pas utile dans le cadre des missions de présence dans la rue, de médiation de proximité et de verbalisation des incivilités qui seront les leurs".

Une certaine inquiétude, voire une colère, a pu ainsi être constatée chez certains membres de l’opposition, dans un contexte de menace terroriste important et où policiers, gendarmes ou encore militaires de l’opération « Sentinelle » peuvent être pris pour cibles.

"Responsabilité du maire"

"Avec une délinquance qui a explosé sous la dernière mandature (+ 46% de coups et blessures et + 93% de vols avec violences entre 2013 et 2019 selon le Ministère de l’Intérieur), et avec la menace terroriste omniprésente, ne pas armer nos policiers municipaux est irresponsable, voire coupable", estime de son côté Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement.

"Je suis personnellement pour l’armement de la police municipale. D’une part parce qu’elle est prise pour cible ; et d’autre part parce que les policiers municipaux peuvent être les primo-intervenants sur une affaire de terrorisme comme à Nice", explique Jean-Michel Fauvergue, député LREM et ancien patron du RAID contacté par France 3 Paris Ile-de-France. "Le texte a été voté avec une grosse majorité (…) on s’est mis d’accord, avec la deuxième rapporteur et le gouvernement, que l’on donne la possibilité et la responsabilité au maire d’armer, ou pas, la police municipale", ajoute-t-il.

La balle est donc, maintenant, dans le camp du maire.
 
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