Depuis hier, la parole est aux victimes des attentats du 13-Novembre. Walid Youssef a été gravement blessé au Stade de France. A la barre, il a raconté son calvaire. En plus de ses blessures, de la barrière de la langue, il a été confronté à des difficultés administratives liées à sa nationalité.
Walid Youssef devait rester en France une semaine. Il y restera deux ans et demi. Transporté d’un hôpital à un autre. De soins intensifs en soins intensifs.
Hier le jeune homme de nationalité égyptienne est venu témoigner à la barre, raconter son 13-Novembre et les années difficiles qui ont suivi.
J’ai pensé que je vivais mes dernières secondes
Ce 13 novembre, il est en retard pour le match France Allemagne. La première mi-temps a déjà commencé. Il court. A 21 heures 20, il arrive porte H, celle des retardataires, au moment où le kamikaze se fait exploser. Gravement blessé, il pense qu’il va mourir. J'ai été "soulevé de terre" par l’explosion. Quand il rouvre les yeux, il découvre sa “jambe droite séparée de mon corps" (...) "J’ai pensé que je vivais mes dernières secondes", se souvient-il. Le jeune homme prie puis perd connaissance.
Plus de 2 années de soins
Il est évacué en urgence mais sur les lieux de l’explosion, les policiers retrouvent son passeport. "Mon passeport est tombé tout près du terroriste sur la scène de crime. Ils (Ndlr, les policiers) ont eu un doute : étais-je une victime ? Etais-je un terroriste ? Les enquêteurs mettront plusieurs jours à lever les doutes", a-t-il expliqué dans une interview.
Face au président de la cour, Walid Youssef qui s’excuse de ne pas témoigner en français précise : "la langue arabe est la seule chose que j’ai en commun avec les accusés", avant de faire le récit de ses "huit jours dans le coma", ses "multiples opérations subies" qu’il en a "perdu le compte" et les séquelles qu’il garde aujourd’hui. Avant de poursuivre sa déposition il demande à s’asseoir souffrant encore de ses blessures.
Une vingtaine de fragments de bombe lui ont perforé le corps. Il subira 12 opérations. "Je suis resté en soins intensifs pendant environ 100 jours. La dernière opération n’a pas réussi, j’ai dû revenir en soin intensifs à l’hôpital Américain pendant 45 jours. En tout, je suis restée en France, 2 ans et demi pour les traitements", rapporte-t-il.
Les tracasseries administratives
Pour se soigner, Walid Youssef a dû s’endetter alors qu’il venait tout juste de commencer à travailler. Les démarches médicales, administratives et judiciaires ont été laborieuses sans compter qu’il ne parlait pas Français.
Il fallait tout payer, tout avancer et ce n’était pas possible
Pour son avocate, Maître Samia Maktouf, "les victimes comme Walid qui ne bénéficient pas d’une protection sociale ont dû avancer de l’argent. Je vous parle de choses simples mais c’est énorme. Beaucoup d’amis et des membres de sa famille ont pris l’avion et sont venues au chevet de Walid et de sa maman qui était seule pour faire face à ses difficultés et surtout répondre à cette question immédiate qui était financière."
Hier le jeune homme n’a pas eu un regard pour les accusés : "Ils sont une honte", a-t-il lâché.
A 33 ans, Walid Youssef qui a repris son travail en Egypte souffre toujours de problèmes à l’estomac, à la jambe et d’acouphènes. Il doit revenir en France pour une nouvelle opération.