Sciences Po Paris était en crise depuis des mois depuis qu'en mars dernier, son ancien directeur Mathias Vicherat a été renvoyé devant la justice avec son ex-compagne dans un dossier de violences conjugales.
Il a été plébiscité vendredi par le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), instance qui chapeaute l'école (représentants du personnel, représentants des enseignants, représentants des étudiants...), en recueillant 19 voix parmi les 25 votants, selon un message de Sciences Po envoyé en interne.
Selon des sources internes, l'universitaire Rostane Medhi, 58 ans, le seul autre candidat encore en lice, a eu trois voix.
Contacté par l'AFP, Luis Vassy s'est dit "infiniment honoré du choix" fait par les instances dirigeantes et a "hâte de (se) mettre au service d'une institution dont la France a toutes les raisons d'être fière".
Même promotion qu'Emmanuel Macron à l'ENA
Normalien et énarque, membre de la promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA, Luis Vassy dirige depuis 2022 le cabinet des ministres des Affaires étrangères successifs, Catherine Colonna, puis Stéphane Séjourné, après avoir été notamment ambassadeur de France aux Pays-Bas.
Ce fils d'un père uruguayen réfugié politique et d'une mère argentine, naturalisé français à l'âge deux ans, plaide pour une refonte du projet de l'établissement. Il souhaite "des modes de gouvernance et de dialogue apportant l'apaisement" et veut "redresser l'image de l'établissement dans les médias et l'opinion, ainsi que chez les partenaires académiques, institutionnels et financiers".
Pour ce diplômé de l'ENA, de l'ENS Cachan et de Sciences Po Paris, les conflits à l'étranger, l'environnement, le numérique et la question européenne doivent guider l'enseignement et la recherche de cette "université de la contemporanéité".
Il revient désormais à l'exécutif de nommer officiellement le futur directeur. La nomination du directeur et de l'administrateur fera l'objet d'un décret du président de la République et d'un arrêté de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Scandale autour des soupçons d'inceste visant Olivier Duhamel
Cette nomination doit mettre fin aux crises de gouvernance à répétition, avec, dernier épisode en date, la démission en mars de son ancien directeur Mathias Vicherat, renvoyé devant la justice avec son ex-compagne dans un dossier de violences conjugales.
Depuis, Sciences Po est géré par l'ex-directeur général de Pôle Emploi Jean Bassères, nommé administrateur provisoire.
Cette crise n'est pas la première pour Sciences Po, qui cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis plusieurs années.
Mathias Vicherat avait ainsi succédé en novembre 2021 à Frédéric Mion, contraint de démissionner pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant Olivier Duhamel, alors président de la Fédération nationale des Sciences politiques (FNSP), qui chapeaute l'école.
Frédéric Mion avait lui-même succédé à Richard Descoings, mort accidentellement en 2012 dans une chambre d'hôtel à New York.
Contexte tendu autour du conflit israélo-palestinien
Sciences Po est aussi secouée depuis des mois par des polémiques liées aux mobilisations d'étudiants propalestiniens.
L'occupation en mars d'un amphithéâtre par des étudiants, qui a donné lieu à des accusations d'antisémitisme, avait attisé les controverses et entraîné la visite sur place du Premier ministre Gabriel Attal, ex-élève de cette "école des élites".
La grande école a ensuite été le théâtre au printemps de plusieurs mobilisations d'étudiants propalestiniens, suivies d'interventions de la police. Sciences Po a annoncé début septembre des mesures pour "mieux former" ses étudiants sur le conflit israélo-palestinien, un sujet que le futur directeur connaît très bien.