Le marché aux puces sera ouvert du vendredi au lundi - soit un jour supplémentaire - dans le cadre des futurs travaux de réaménagement de la porte de Montreuil. Un projet confié au promoteur immobilier Nexity, qui suscite toujours des inquiétudes du côté des commerçants.
C'est l'un des marchés populaires les plus anciens de Paris. Les puces de Montreuil auront lieu quatre jours par semaine pendant les futurs travaux de réaménagement du quartier. A partir de juin 2023, en parallèle du lancement du chantier, les puciers vont déménager temporairement à proximité du site actuel, pour occuper 320 emplacements le long d'une avenue menant à la porte de Vincennes. Cette "phase transitoire" devrait durer quatre ans.
"L’idée du projet, c’est de réhabiliter complètement la porte, qui ressemblait plus à un échangeur, pour en faire une véritable esplanade, avec notamment de la végétalisation, des espaces pour les piétons et les cyclistes, et un trait d’union entre Paris et Montreuil au-dessus du boulevard périphérique", explique Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers d’art et de mode. A l’issue du réaménagement, les puces historiques - qui se situent aujourd’hui dans un parking à ciel ouvert - s'installeront dans une halle couverte.
L’ouverture quatre jours par semaine doit permettre aux commerçants d’avoir un chiffre d’affaires supérieur avec le déplacement des puces
Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers d’art et de mode
"Le but du projet de halle est d’avoir plus de confort, et une montée en gamme", affirme Olivia Polski. Le projet est porté par la mairie de Paris : le budget global du réaménagement de la porte est chiffré à 100 millions d’euros, et celui qui concerne spécifiquement les puces est pour l’instant prévu autour de 26 millions d’euros. Et alors que la halle doit être livrée en octobre 2026, le redéménagement des puces vers le nouveau site est prévu pour avril 2027.
En attendant, le marché (qui se tient actuellement du samedi au lundi) sera donc ouvert du vendredi au lundi. "Ça doit permettre aux commerçants d’avoir un chiffre d’affaires supérieur avec le déplacement des puces", indique l’adjointe socialiste. Olivia Polski évoque également la mise en place prochaine d’une commission de règlement à l'amiable (CRA), "qui permettra aux commerçants de déposer des dossiers pour compenser, avec des justificatifs, les possibles pertes de recettes".
Combien d’emplacements pour les puciers dans la future halle ?
Du côté des puciers, le projet confié au promoteur immobilier Nexity suscite des craintes. Djamel Zidani, le président du syndicat des commerçants non sédentaires du marché aux puces de la porte de Montreuil, s’inquiète du nombre d’emplacements prévus dans la halle : "On est actuellement 250 puciers abonnés et 140 volants. A l’origine, on nous avait parlé de 356 emplacements, avant de nous dire que ça ne serait plus possible. Aujourd’hui, on avance sur le sujet. A l’époque de l’appel à projets et du jury pour choisir le lauréat, on nous avait aussi parlé de deux millions d’euros d’aides financières à la transition."
Alors que les discussions vont se poursuivre ces prochains mois au fil d’ateliers, Djamel Zidani indique que le syndicat a déjà consulté des avocats, et évoque une possible action en justice "si tous les commerçants ne sont pas replacés". Plus largement, Djamel Zidani - qui vend des stocks de vêtements pour homme sur le marché - défend l’importance des puces : "Je viens sur le marché depuis l’âge de 10 ans. J’en ai 55 aujourd’hui, ça fait 45 ans. Je n’ai jamais fait un autre métier. Les puces sont un lieu qui crée du lien social depuis 1860."
C’est un marché qui a une âme
Djamel Zidani, le président du syndicat des commerçants non sédentaires du marché aux puces de la porte de Montreuil
"C’est un lieu de destination, avec 200 000 visiteurs par week-end : les gens y passent la journée, on peut manger sur place, poursuit Djamel Zidani. On y trouve de tout, que ce soit des pantalons à 5 ou 100 euros, des armoires, des cartes postales, des vieux disques. Il y a beaucoup de jeunes, la fripe coûte cher sur Paris. Et ceux qui goûtent aux puces y reviennent régulièrement. C’est un marché qui a une âme. Aujourd’hui, les commerçants sont malheureusement moins nombreux qu’avant. En 2007, il y avait encore 400 puciers abonnés, et 300 volants. Et l’administration nous bloque même quand on veut mettre en place des animations sur le marché."
La prochaine étape ? Une délibération au Conseil de Paris pour le lancement d’une nouvelle délégation de service public (DSP) est prévue en février, explique Olivia Polski. Quant à la question du nombre d’emplacements dans la halle, l’adjointe indique que "les discussions sont encore en cours de discussion".