Ce lundi dans le 10ème arrondissement de Paris, le collectif La Toile tatouait à petits prix. En une soirée, les artistes ont récolté plus de 3 000 euros pour les caisses de grève du Pink Bloc et de la CGT. Une manière étonnante de participer à la lutte contre la réforme des retraites.
Elisa, vingt-trois ans, a déjà trois tatouages. Ce soir, elle est venue en rajouter un à sa collection, un œuf au plat "qui me ressemble". Trop anxieuse pour participer aux manifestations, c’est sa manière à elle de soutenir la grève. Une décision saluée par JB qui l'accompagne et voit dans son futur tatouage un compromis "donnant-donnant" qui permet de "soutenir la lutte". Comme eux, la majorité des clients sont jeunes, un peu trop pour pouvoir faire grève. La répartie du tatouage arrive donc à concilier porte-monnaie et idéaux.
Voir cette publication sur Instagram
À 16h, il y avait déjà la queue devant les portes. C'est en tout cas ce que raconte Eléonore à sa collègue entre deux clients. Pas le temps d'en dire plus car ce soir, aux studios de La Toile, les tatoueurs n'ont pas une minute à eux. Les rendez-vous s'enchaînent, une vingtaine de personnes s'échangent des photos de leurs futurs tatouages, d'autres sont encore en train de choisir leur motif. Chaque artiste propose plusieurs modèles, des flammes, des fleurs mais aussi des slogans ou des patates en colère.
Ici, la règle c'est premier arrivé, premier servi. Chaque tatouage coûte entre 50 et 100 euros mais les clients sont libres de donner autant qu'ils le souhaitent. Beaucoup sont venus entre amis, un bocal est mis à disposition pour les accompagnateurs qui souhaitent contribuer sans se faire tatouer.
Au milieu de la foule, Aster accueille les curieux et répond aux éventuelles questions. Tatoueuse, elle ne travaille pas aujourd'hui mais elle a aidé à organiser la soirée. "Il y a pas mal d'événements qui commencent à prendre en compte le côté dons aux associations ou aux caisses de grève et qui permettent de donner un côté engagé à l'acte du tatouage (...) ça permet aussi à des gens qui ne sont pas forcément très engagés mais qui (...) voudraient participer, de se renseigner un peu plus sur le pourquoi". Ces journées dédiées aux tatouages à petits prix s'appellent des "flashdays", elles se démocratisent partout en France, c'est d'ailleurs une tatoueuse toulousaine qui a inspiré le flashday de La Toile.
Des initiatives payantes
Ces événements sont de plus en plus courants dans le milieu artistique d'après Tim, membre d'un collectif du Pink Bloc, un cortège LGBTQIA+ présent à chaque manifestation contre la réforme des retraites. Si La Toile est à l'initiative de la soirée solidaire, il se dit "très heureux et agréablement surpris" par l'organisation de ce flashday, "ça permet de soutenir des personnes LGBT en grève mais aussi des personnes qui travaillent mais ne peuvent pas faire grève du fait de leur statut précaire". Grâce à ces levées de fonds, "on montre que les LGBT sont là, qu'on est aussi présents et qu'on aide dans la lutte, ça nous permet de participer au mouvement social".
Voir cette publication sur Instagram
Après 46 tatouages et plus de sept heures de travail, les huit tatoueurs et tatoueuses de La Toile ont réussi à réunir 3040 euros.
Retrouvez tous nos reportages sur idf.france3.fr