A l’occasion des commémorations du 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv (les 16 et 17 juillet 1942) le Mémorial de la Shoah organise une exposition consacrée aux dessins de Cabu.
En 1967, le dessinateur de presse assassiné lors de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015 a été mandaté par le journal Le Nouveau Candide afin de réaliser des dessins de la rafle pour illustrer la série "La Grande Rafle du Vel d’Hiv, 16 juillet 1942" de Claude Lévy et Paul Tillard (Robert Laffont). Cabu (Jean Cabut de son vrai nom) avait alors 29 ans.
Véronique Cabut, son épouse, et le Mémorial de la Shoah, proposent de redécouvrir ces dessins jamais exposés depuis leur parution.
Pourquoi ces dessins ont-ils été rendus publics ?
A part dans la biographie de Cabu écrite par Jean-Luc Porquet – au sein de laquelle trois dessins sont reproduits – aucun des dessins de Cabu illustrant la rafle du Vel d’Hiv n’avaient été exposés à ce jour, et c’est la première fois, depuis 1967, qu’ils sont montrés au public. Ils avaient alors été publiés alors dans le Nouveau Candide. Le quatre-vingtième anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv cette année nous a semblé, avec Laurent Joly - historien et commissaire de l’exposition - être le meilleur moment pour les faire découvrir au public, c’était une évidence.
Où votre mari a-t-il trouvé l’inspiration pour effectuer les dessins ?
Cabu est un dessinateur qui a été influencé dans sa jeunesse par Albert Dubout, dessinateur qui savait représenter les foules comme personne. Le fait d’avoir pu regarder et s’inspirer de ces dessins-là a donné à Cabu un sens incroyable de la mise en scène et de la composition. Il a très vite compris que les regards de ses personnages étaient essentiels. Cabu s’était rendu au Vel d’Hiv étant plus jeune et il en avait gardé une mémoire graphique impressionnante.
Ces dessins ont-ils été délicats, voire difficile, à réaliser ?
Oui, bien sûr. Ce sont des dessins qui racontent une histoire tragique et qui sont sans parole. Ce ne sont pas les dessins du Cabu politique, caricaturiste et dessinateur de presse que l’on connait. Et il en restera marqué à vie : il a notamment admis avoir fait des cauchemars en l’illustrant. Ces dessins montrent la peur, la tristesse, les sanglots, l’effroi…
Que faut-il retenir de ces dessins ? Quel est leur message ?
La force des dessins, c’est qu’ils permettent de faire comprendre ce qu’a été la rafle du Vel d’Hiv, ces 16 et 17 juillet 1942. Il n’y a pas de photo, mise à part celle des bus parqués devant le Vélodrome d’hiver. Les dessins de Cabu sont là pour expliquer cette tragédie. Ils sont là pour l’Histoire et sont à retrouver à l’exposition du Mémorial de la Shoah jusqu’au 7 novembre 2022 et dans le livre "Cabu, la rafle du Vel d’Hiv – Dessins présentés par Laurent Joly" publié par Tallandier.