La symphonie universelle d’Ibrahim Maalouf à la Seine Musicale

Deux cents enfants chantent et jouent la symphonie orientale d’Ibrahim Maalouf à la Seine Musicale. Une expérience forcément inédite pour ces jeunes.

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Ils tiennent leur violon, leur trompette ou encore leur basson à la main. Il est 15h30, ce jeudi après-midi lorsque les 60 jeunes musiciens du conservatoire de Boulogne dans les Hauts-de-Seine s’installent sur la scène de la Seine Musicale. La répétition générale de Levante Symphony n°1 composée par Ibrahim Maalouf commence dans quelques minutes et pour les jeunes, la pression monte.

"C’est flippant de voir la salle depuis la scène, parce que d’ici on a l’impression qu’elle est énorme," plaisante un violoniste, aussitôt repris par un collègue de l’orchestre qui rajoute : "Ce n’est pas une impression, elle est vraiment grande et on n’a pas l’habitude de jouer dans des salles aussi importante". En configuration assise, la Seine Musicale accueille près de 4 500 personnes et ce week-end pour les deux concerts prévus, la billetterie affiche complet. Alors forcément pour ces jeunes, l’expérience est inédite.

"A la Maîtrise, on chante plutôt du classique"

Installés juste derrière les musiciens, près de 120 choristes de la Maîtrise de Paris sont sagement alignés sur trois rangées, partition en mains. Tous sont assez impatients de chanter cette symphonie orientale aux vertus universelles. "A la Maîtrise, on chante plutôt du classique, c’est une chance de participer à ce projet qui mélange des musiques, nous répond une jeune choriste. Il va falloir se faire entendre car il y a la batterie, la basse et la guitare. Alors on va chanter fort. Et Ibrahim Maalouf, il est connu, c’est un grand musicien. C’est bien d’être ici."

Et c’est justement lui qui dirige la répétition générale. Intitulée Levante Symphony n°1, cette pièce célèbre les richesses et les cultures des pays du Levant. A la croisée de la musique classique et de la musique orientale, Ibrahim Maalouf a composé cette pièce comme un hymne universel : "Pour moi, c’est la mélodie qui prime. Au-delà de l’art en général, de la peinture, de la danse etc… La mélodie, c’est quelque chose qui reste."
 

"On se transmet la musique"

"l y a des mélodies, on ne sait même plus quand on les a apprises, quand on avait 4 ans, 20 ans ou très récemment, explique aussi le musicien. Et puis ça reste de génération en génération. C’est un héritage qu’on se transmet les uns, les autres." Cette symphonie est un symbole d’union, le partage d’un avenir en commun avec un souvenir en commun. Le compositeur a donc choisi de s’entourer de jeunes âgés de 13 à 23 ans.

Il y a plusieurs années, avec la complicité du rappeur Oxmo Puccino, le trompettiste avait déjà écrit une pièce symphonique à la croisée des musiques du monde. Intitulée Au Pays d’Alice, le projet était déjà interprété par des élèves du Conservatoire de La Courneuve où il enseignait. Une manière pour le musicien de transmettre son savoir et sa passion : "J’avais envie d’entendre des voix d’enfants parce que c’est la génération d’après, c’est eux qui vont transmettre à leurs enfants ce qu’ils ont vécu comme expérience aujourd’hui".  

"Les enfants sont notre futur"

"Et comme le thème de cette musique, c’est l’union et la réunion des cultures, alors on est en train de transmettre un message aux générations futures," poursuit l'artiste. Franco-libanais, le musicien est très attaché aux valeurs de partage. Avec cette symphonie, il croise les genres, les savoirs et les générations.

Un orchestre de jazz américain professionnel rythme la mélodie sous la direction du chef d’orchestre, Michael Rossi, lui aussi américain : "Je ne considère pas les jeunes de l’orchestre comme des amateurs. Ils sont amateurs mais je leur demande la même exigence que pour des professionnels et je dois dire qu’ils me surprennent".
 

"Ces enfants me surprennent"

"La vraie différence et le challenge du projet, c’est de les faire jouer ensemble, explique le chef d'orchestre. Les musiciens classiques ont une lecture verticale de la musique, ils suivent la partition à la note alors que l’orchestre de jazz improvise, il a une vision horizontale de la musique et joue à 360 degrés. C’est assez amusant comme exercice".

Fédératrice, cette symphonie a pour ambition d’unifier les cultures musicales du Levant en croisant la musique classique, le jazz et les musiques orientales. Une sorte d’hymne qui dépasse et brise les clichés par la musique.

Plus d'infos ► Levantine Symphony n°1, le 18 et 19 janvier à la Seine Musicale, Boulogne-Billancourt (92).
 
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