Mesure inédite dans l'histoire de France, le premier confinement est entré en vigueur à partir du 17 mars dernier. Un confinement strict qui a été vécu de façon très diverse par les Franciliens. Pour cet anniversaire, France 3 Paris a décidé de recueillir le souvenir de certains d'entre eux.
Un an après, faire le bilan, calmement. Le 16 mars dernier, Emmanuel Macron annonçait la mise en place d'un confinement à partir du lendemain. Ce confinement, strict, a duré trois mois. Des semaines qui ont changé le quotidien de nombreux Franciliens. En particulier pour les urbains qui résidaient en région parisienne.
Fréderic Poujade, 61 ans, médecin fait partie de ces Parisiens qui ont décidé de déménager. Lui a fait le choix de l'Oise, à Chaumont-en-Vexin. "On ne se voyait plus rester comme ça à ne pas pouvoir sortir. Ça a été une décision d’opportunité et c'est devenu pérenne. C’est difficile sur le plan logistique mais on ne regrette pas. Cela amène une introspection multiple sur les choix de vie familiale. Je suis maintenant à temps plein à 70 km de Paris ce qui change fondamentalement les choses avec des projets de scolarité pour les enfants différents. Et professionnellement, je me pose des questions sur les choix que j’ai faits depuis 15 ans", explique-t-il.
Mais ce changement d'air a pu être contraint pour certains. Maurine Sempiana, une jeune diplômée âgée de 25 ans qui vient de terminer ses études, est retournée vivre chez ses parents. "Je vis dans un petit logement donc la solitude, les cours à distance, c’était vraiment compliqué. J’ai préféré quitter Paris et aller dans ma région dans l’Est", raconte-t-elle. Au-delà des répercussions sur son mode de vie, le confinement est venu percuter ses ambitions : "Cela remet en question ma période professionnelle et j’hésite à quitter Paris. Parce que si on en vient à être confiné à nouveau ou à être encore plus en télétravail, je ne supporterai pas d'être dans un petit logement loin de ma famille. C'est sûr que ça a un peu chamboulé ma vision des choses et de la vie".
Réussir à se projeter
L'angoisse d'un troisième confinement, Didier Serieys la partage. Régisseur lumière âgé de 54 ans, il a l'habitude de travailler dans les théâtres qui font partie des lieux totalement fermés depuis des mois. "Je n’ai même plus envie de travailler. Tous les potes avec qui je travaille c’est la même chose. Au début, on se dit : 'ça va durer 3 mois, allez'. Mais là, ça va faire un an que ça dure et ce n’est pas fini. Je ne sais pas quand ça va se finir… Ce qu’a changé dans ma vie au quotidien ? Et bien on peut plus sortir, c’est ça le problème. On ne peut plus aller voir des potes, rentrer après 18h, on peut plus rien faire. Voilà, on est cadenassés chez nous et si on n’est pas contents, on paie une amende. C’est boulot, dodo. Basta. Il n'y a pas de sorties, il n'y a rien", raconte-t-il, amer.
Nathalie Gougy, 42 ans, primeure sur les marchés et originaire de Linas dans l’Essonne, regrette, elle, le manque "de projection". "Pour l’instant, je vois juste boulot, boulot", poursuit-elle. Du jour au lendemain ce jour de mars 2020, elle a perdu l'ensemble de sa marchandise : des fruits et légumes périssables qu'elle ne pouvait plus vendre.
Elle dit ne pas vouloir se plaindre car elle a pu continuer à travailler sauf les six premières semaines. Mais la pandémie et le confinement ont eu des répercussions sur son activité. "On ne peut plus du tout se fier aux repères que l’on avait avant. Des fois on travaille, des fois on ne travaille pas. On ne sait pas trop pourquoi, où sont les gens, s’ils sont là ou pas. On fait au mieux avec ce que l’on peut", détaille-t-elle. Surtout, ce qu'elle déplore, c'est le manque de loisirs comme aller au restaurant et les possibilités de s'échapper en vacances.
L'impact du deuxième confinement
Selon plusieurs personnes interrogées, si le premier confinement a été dur à vivre, il a été plutôt accepté et compris. En revanche, le second qui a été mis en place du 30 octobre au 15 décembre 2020 a été "beaucoup plus dur" selon les mots de Jean-Baptiste Danielou, un étudiant en commerce âgé de 23 ans.
Ayant des cours en visioconférence, il affirme avoir "complétement lâché depuis deux-trois semaines. Pour moi c’est inhumain de rester concentré pendant 7 heures devant un ordinateur". Pour se changer les idées, il est allé seul à Madrid où les bars et restaurants sont ouverts jusqu'à 22 heures. "C’était ça ou je pétais un plomb de toute façon", pense-t-il.
Retourné vivre chez ses parents, il dit être sauvé par une alternance. Mais comme beaucoup d'autres, sa vie sociale en a pris un coup. "C’est chiant, même pour rencontrer une fille ou être avec les copains, on ne peut pas se voir. On est obligés de se voir soit chez nous, soit dans une voiture. On ne sort pas tout simplement, on s’ennuie beaucoup. On ne prévoit plus rien dans le sport, le théâtre, le cinéma, on ne peut rien faire. Voilà, c’est comme on fait là : marcher, c'est tout. Ça commence à être lourd pour tout le monde", déclare-t-il fataliste.
Quel avenir avec la Covid ?
Fréderic Poujade, le médecin installé dans l'Oise, concède qu'il y a eu "des moments plus difficiles que d’autres, des moments où moralement on a plus de mal à le supporter. On se pose des questions sur le devenir. Est-ce que ça redeviendra comme avant ? Est-ce que ça sera autrement ? Il y a des choses intéressantes dans le autrement mais peut-être pas tout".
Laura Balaire, une agente à la RATP âgée de 46 ans a, elle, eu des difficultés avec ses enfants et a mieux vécu le deuxième confinement car il était moins contraignant : "Déjà avec le couvre-feu à 18h, ce n’est pas évident. Nous, les adultes on arrive encore à gérer, à comprendre mais avec les enfants, il n'y a plus d’activités, de sorties, de cinéma. On ne peut pas envisager un été comme ça".
Deux périodes très difficiles à vivre car elle a dû interrompre les visites à sa mère, résidente en Ehpad. Alors elle essaie de trouver des échappatoires. "Je peux dire que le sport m’aide beaucoup. Il faut que les gens puissent s’évader, avoir la possibilité de sortir." Et de prédire : "Tout le monde est atteint moralement et les psychologues auront gros à faire dans les mois, les années à venir."
Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe.