Le street artiste Arthur Simony a réalisé en 2019 une fresque collaborative en hommage aux victimes de l’explosion au gaz de la rue de Trévise à Paris. Avec la mairie du IXe arrondissement, il organise une vente solidaire de la fresque en NFT (Non Fongible Tokens). Les profits seront reversés aux victimes le 12 janvier 2022, exactement trois ans après la catastrophe.
Arthur Simony vit dans le IXe arrondissement. Il habite à deux pas de la rue de Trévise, où le 12 janvier 2019 une explosion de gaz faisait quatre morts et une soixantaine de blessés.
Quelques semaines après cette tragédie, la mairie de l'arrondissement le contacte pour réfléchir à une œuvre qui remette un peu de vie dans cette partie du quartier dévastée. Il accepte sans hésiter.
Sur l'une des deux palissades dressées entre les rues Bergère et de Montyon, il propose de créer une fresque participative. "Cette palissade en bois était vraiment moche, je voulais redonner de la couleur dans cette rue qui était hyper vivante avant l’explosion", explique Arthur Simony.
Il imagine une œuvre collaborative peinte sur une trentaine de mètres sur laquelle les passants peuvent lire le mot "Ensemble" dont la calligraphie se multiplie à l’infini.
Je travaille beaucoup autour du pouvoir des mots,
Arthur Simony
"J’ai écrit le mot "Ensemble" des milliers de fois à l’encre noire et ensuite les gens du quartier et de l’association de victimes Trévise Ensemble ont mis des couleurs", raconte-t-il. "On a fait ça pendant plusieurs week-ends. Il y a beaucoup de gens qui ont participé, des enfants, des adultes. C’était génial de voir certains adultes rester des heures à colorier. Il y a un côté art-thérapie dans l’action de colorier", poursuit-il, encore ému par cette expérience.
Une vente solidaire d’œuvres d’art virtuelles
Fin 2021, pour continuer d'aider les victimes de l’explosion de la rue de Trévise, le trentenaire décide d’offrir à cette fresque une seconde vie en la découpant et en la vendant en 30 fragments numériques.
Les Non Fungible Tokens (NFT) permettent de certifier la propriété de ces 30 œuvres d'art numériques dont l’authenticité est protégée par la technologie blockchain. Ce sont des objets de collection qui ne peuvent pas être dupliqués.
"J’ai pris des photos de la fresque que j’avais faite en 2019 et je vends 30 œuvres numériques qui sont 30 photos de différents endroits de la fresque" décrit le street artiste. "Je voulais aussi montrer que ces nouvelles technologies ne sont pas seulement spéculatives mais qu'on peut s’en servir pour aider et faire une action solidaire", précise-t-il.
L’argent ira en totalité aux deux associations Trévise Ensemble et VRET. De plus, pour que l’œuvre ne soit pas seulement virtuelle, l'artiste offre aux acheteurs un tirage de la photo et un petit morceau de la fresque.
Vingt œuvres ont déjà été vendues ce qui a permis de récolter 8 000€ qui seront reversés aux associations des victimes, à l’occasion du troisième anniversaire du sinistre, le 12 janvier 2022.