Créé il y a presque un demi-siècle, cette peine alternative à la prison est encore assez peu utilisée. Elle permet pourtant de favoriser la réinsertion et de prévenir la récidive.
À Sannois (95), Nassim travaille dans une cantine scolaire plusieurs jours par semaine. Un emploi non rémunéré car le jeune homme a été condamné pour escroquerie. Il effectue un travail d'intérêt général, une peine alternative à la prison : "Je préfère travailler qu'aller derrière les barreaux. Je ne travaille pas gratuitement pour l'Etat [...] j'ai fait des bêtises auparavant, aujourd'hui je le paye", constate, pragmatique, le condamné.
Une sanction plutôt que la prison, qui permet de trouver une place dans la société. Condamné à 210 heures de travail, Nassim a été accueilli ici comme n'importe quel employé. "On ne sait pas pourquoi ils sont condamnés donc on les accepte comme des agents. Souvent, on les appelle des stagiaires. Ils ne connaissent pas le travail mais ils apprennent et puis ils aiment ça" assure Nadine, une agente de restauration.
Nassim le reconnaît, ce travail, "ça m'a aidé sur énormément de choses. Déjà, me mettre dans un rythme puisque se lever à midi ce n'est pas vraiment un rythme. C'est plus un rythme de flemmard et moi, je n'ai pas envie d'être un flemmard" résume le jeune garçon.
Une alternative efficace mais trop peu utilisée
Voilà 18 ans que la commune de Sannois fait appel à ces travailleurs appelés "tigistes" (TIG : travail d'intérêt général. NDLR). Ils sont suivis tout au long de leur parcours par des conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation comme Jessaica Mazuc et Bruno Deglas : "On oriente les gens sur un TIG qui correspond à leur situation. Sur un nombre d’heures, on peut leur en faire faire plusieurs. [...] Ils sont accueillis dans une équipe, ils sont mis en valeur, ils se découvrent. Ils sont en capacité de faire certaines choses et, pour eux, c'est déjà une avancée".
Une réponse efficace pour prévenir la récidive. Dans le Val-d'Oise, plus de 500 personnes ont été condamnées à du travail d'intérêt général depuis le début de l'année. Une décision prise par le juge d'application des peines : "Nous privilégions avant tout l'aménagement de peine pour des infractions qui n'impliquent pas une peine supérieure à six mois. Nous pouvons condamner ces personnes à effectuer un travail d'intérêt général entre 20h et 400h donc un nombre d'heures limité qui s'adresse à des personnes qui n'ont pas vocation à être incarcérées", résume Marie Françoise Le Tallec, vice-présidente du tribunal de Pontoise.
Malgré de bons résultats, cette peine est encore peu appliquée. Quarante ans après sa création, le TIG ne représente aujourd'hui que 4% des peines prononcées.