Une information judiciaire a été ouverte pour "violences par personne chargée d'une mission de service public" à l'encontre d'Emile Daraï, ancien chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris. Le collectif Violences Obstétricales et Gynécologiques demande toujours sa suspension.
Le 3 janvier dernier, une information judiciaire a été ouverte à l'encontre du Professeur Emile Daraï, spécialiste de l'endométriose à l'hôpital Tenon dans le XXe arrondissement de Paris. Un juge d'instruction a été nommé. A ce stade, 25 victimes ont été recensées.
Le professeur Emile Daraï fait l’objet d’accusations de viols depuis une première plainte déposée par une jeune femme de 17 ans. Le parquet de Paris a ouvert, le 28 septembre dernier, une première enquête pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans".
Emile Daraï "conteste fermement les accusations portées contre lui", avait réagi en octobre son avocat, Me Alain Jakubowicz. "Si la parole des plaignantes doit être entendue, elle ne constitue ni une vérité absolue, ni une preuve", avait-il souligné
.
"Démis de ses titres mais pas du droit d'exercer"
Après une enquête interne, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a démis de ses fonctions le professeur Daraï. Le rapport de l'enquête interne, déclenchée par l'AP-HP et Sorbonne Université concluait que "l'obligation d'information de ces patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n'(avaient) pas été respectées". Mais "la commission ne retient aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes". La commission estimait également que la situation était "le fruit de dysfonctionnements individuels mais aussi collectifs et systémiques".
Le gynécologue peut ainsi continuer à consulter au granddam du collectif VOG, Violences Obstétricales et Gynécologiques. "C'est important de respecter la présomption d'innocence, mais il est possible de le suspendre à titre provisoire quand il y a des plaintes au pénal. Cela pour éviter d'autres victimes potentielles", explique Sonia Bisch, porte-parole du collectif VOG.
"Nous avons l'impression que dans le médical il y a une impunité. Nous demandons que le Professeur Daraï soit mis en retrait pas seulement de ses responsabilités de chef de service et responsable pédagogique, mais aussi de ses fonctions, comme cela a été fait à l'hôpital de Bastia en Corse", poursuit Sonia Bisch.
Lettre ouverte contre l'impunité dans le milieu médical
Des étudiants en médecine et des associations ont publié sur France Info une lettre ouverte adressée à Olivier Véran, le ministre de la Santé, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, Martin Hirsch, le directeur de l'AP-HP et aux membres de la Conférence des doyens des facultés de médecine.
Les étudiants en santé dénoncent "un système qui protège les médecins agresseurs" et qui "érige la violence en norme". Ils pointent l'impunité dans le monde médical et apportent leur soutien aux victimes.
Le collectif VOG, signataire de cette tribune, affirme avoir reçu 190 témoignages de femmes victimes du Professeur Daraï. Il appelle les femmes à témoigner des violences gynécologiques dont elles ont pu être victimes.
En ce 8 mars, la manifestation parisienne pour l'égalité des droits des femmes s'est terminée en chanson devant l'hôpital Tenon.