Parmi les 20 024 coureurs du Marathon pour Tous se trouvait Barbara Humbert, la doyenne de 85 ans. Pour sa famille, venue la soutenir, la nuit a pris des allures de marathon bis pour réussir à l'encourager durant les différentes étapes. Rencontre (très) sportive.
Au SAS 4 ce samedi 10 août, l'une des coureuses semble particulièrement impatiente de fouler le bitume francilien. Barbara Humbert, 85 ans, se lance dans son 60e marathon, le Marathon pour Tous, qui suit le tracé des 42,195km parcourus par les athlètes olympiques. "C'est le plus bel événement de sa vie", nous confient ses proches, avec une voix teintée d'émotions.
Tous portent un t-shirt blanc floqué d'écritures rouges "Allez Buba notre championne". Amassés près de la grille qui les sépare de leur Buba (le surnom de Barbara), ils lui glissent quelques encouragements de dernière minute.
C'est une vraie star !
Témoigne Louisepetite-fille de Barbara
Entre deux signes adressés à ses filles, son gendre et ses petits-enfants, elle prend le temps de faire un selfie avec un autre participant. "Pas mal les t-shirts, jalouse le marathonien, amicalement. Je vais demander à mes soutiens d'en faire en dernière minute", plaisante-t-il avec la doyenne.
"C'est une vraie star ! nous révèle Louise, sa petite-fille de 23 ans venue de Lille pour la soutenir. Dans les transports pour venir jusqu'ici, on a sympathisé avec deux jumelles qui courent elles-aussi aujourd'hui. Elles l'avaient reconnue !"
Suivre Barbara, une course contre la montre
A 21h30, le départ est donné. Louise et sa famille la perdent de vue. Barbara est emportée par le flux de marathoniens qui s'élancent, comme elle, sur la ligne de départ à l'hôtel de ville.
Au même moment, on entend les supporters rassemblés dans la fan zone entonner une Marseillaise pour le début du match de basket opposant la France aux Etats-Unis. "On a cru que c'était une Marseillaise pour Buba !", s'amuse la famille de la doyenne, en route vers la première étape de leur programme rudement préparé : le 5e kilomètre.
Pas facile pour la famille de se faufiler parmi les supporters le long des grilles du parcours. Toujours un œil sur leur téléphone, les cousines Marguerite et Louise surveillent l'avancée de Buba. "C'est sur le site du Marathon pour Tous. On peut la suivre en temps réel et savoir à peu près où elle en est."
Pour être plus efficaces, ils décident de se séparer. "On a mis 4 heures cet après-midi pour définir notre programme, détaillent les petits-enfants de Barbara. Qui la suit, à quelle étape du parcours, quels métros prendre pour être là à temps..."
"Chacun a sa technique pour tenir la nuit"
Après l'avoir manquée de peu au 5e kilomètre, Louise et sa mère Viola décident d'aller ensemble au 14e kilomètre. "C'est le début de la première montée", l'un des passages difficiles de ce parcours, appréhendent-elles.
On a mis 4 heures cet après-midi pour définir notre programme : qui la suit, à quelle étape du parcours, quels métros prendre pour être là à temps...
Les petits-enfants de Barbara
45 minutes plus tard, un combo RER / métro plus tard et un peu de stress de peur de la manquer à nouveau, elles arrivent finalement à la station Pont de Sèvres. Elles gonflent des ballons rose, espérant être repérées dans la foule par leur Buba.
Après quelques minutes d'attente, elle est là. Mais Buba ne réagit pas aux encouragements. "Je pense qu'elle est dans son truc, nous confie Sophie, sa fille. On pensait courir un peu avec elle, mais là je pense qu'elle a besoin d'être dans sa bulle."
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Loin de se laisser décourager, Sophie et sa fille dégainent déjà leur application de transport pour savoir comment se rendre au kilomètre 27, lieu de la deuxième montée. "Ils annoncent 1 heure de marche. Bon, eh bien, c'est parti alors !", nous disent-elles avec le sourire.
Il est minuit et la fatigue commence à se faire ressentir. "Chacun a sa technique pour tenir la nuit, explique Louise. Moi, j'ai prévu deux boissons énergisantes alors que je n'en bois jamais !"
"On savait qu'elle allait finir la course"
Louise l'a finalement retrouvée au 31e kilomètre, mais a suivi à distance le deuxième point sensible du parcours.
"J'étais impressionnée, nous confie-t-elle. La deuxième montée était vraiment très impressionnante. On voyait beaucoup de coureurs faire des malaises ou monter en marchant. Finalement, Charles (mon cousin) m'a même dit que Buba dépassait tout le monde à ce moment-là !"
C'est au 33e kilomètre qu'elles l'ont retrouvée "souriante et au top". Rassurées, elles courent avec elle sur deux à trois kilomètres pour l'encourager.
Buba franchira la ligne d'arrivée vers 4h30 du matin, arrêtant son temps à 6h44 pour boucler le marathon. "On savait qu'elle allait finir la course", nous assure Louise, émue. Au total, elle aura fait plus de 20 kilomètres de marche pour suivre sa grand-mère sur le parcours du marathon.
La deuxième montée était vraiment très impressionnante. On voyait beaucoup de coureurs faire des malaises ou monter en marchant. Finalement, Charles m'a même dit que Buba dépassait tout le monde à ce moment-là !
témoigne Louisepetite-fille de "Buba"
Une expérience qui lui a donné envie de la suivre à nouveau, sur d'autres parcours. "Ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Là j'ai dû poser des jours pour venir jusque Paris la soutenir."
Buba, de son côté, s'est sentie "en pleine forme" et a passé la ligne d'arrivée comme elle avait passée celle du départ : en souriant et en saluant les supporters, fière.