Les filets de bois fendus sont vendus en stations-service, en supermarchés ou chez les spécialistes. En Île-de-France, plus de 540 000 ménages sont équipés d'un chauffage au bois. Un usage rigoureusement encadré qui a permis de diminuer de plus de 34% les émissions de particules depuis 2005.
À 7h30 ce matin, alors que Paris s'éveille doucement, Franck Ceglia, chauffeur livreur, entame sa dernière livraison de la journée. Sur son diable, quatre gros filets de bois fendus : "Je suis un peu en avance, en général les clients aiment être livrés très tôt, ce qui m'arrange parce que ça me permet d'éviter les embouteillages".
L'immeuble dispose d'un petit ascenseur, facilitant le transport du bois jusqu'au 5ème étage. Faute de place, le livreur prend les escaliers. À l'étage, Laurent, client fidèle depuis trois ans, accueille la livraison avec le sourire : "Je viens d'emménager dans mon nouvel appartement et j'allume la cheminée de temps en temps pour le plaisir. Ça m'a coûté 115 € et je pense avoir du bois pour trois ou quatre mois environ. Dans mon ancien logement, le chauffage était collectif, ici je ne sais pas quel est le type de chauffage, je vais me renseigner."
Je redoute une augmentation des prix dans les prochains mois à cause des longues périodes pluvieuses que nous avons connues.
François DelaisseGérant de La Ferme du Clos d'Artois
Franck Ceglia a effectué six livraisons ce matin, la moitié de son rythme habituel : "Je devais décharger les filets chez le client précédent, un restaurateur qui cuisine au feu de bois. La cheminée était encore chaude donc c'était assez physique. Dans ces cas-là, on me réduit le nombre de livraisons pour que je puisse tout faire dans les temps", explique-t-il. La Ferme du Clos d'Artois, qui vend ce bois aussi bien aux restaurateurs, supermarchés et particuliers en Île-de-France, s'approvisionne auprès de l'ONF, l'Office National des Forêts : "Notre bois est certifié, c'est-à-dire qu'il provient d'une gestion durable et de qualité. Nous sommes en pleine saison de mi-octobre à mars et nos six camions livrent tous les jours dans toute la région", se félicite son gérant François Delaisse. Il s'inquiète cependant d'une probable future hausse des prix : "Je redoute une augmentation des prix dans les prochains mois à cause des longues périodes pluvieuses que nous avons connues. Les sols sont boueux et notre fournisseur craint d'abîmer les terres lors de la coupe du bois. Il risque d'y avoir moins de bois que les mois précédents". L'entreprise se prépare néanmoins au coup de feu de Noël.
Ioan, lui, livre ses clients les fins de semaine. Il vend son bois à partir de 75€ le stère et ne prend pas de commande en dessous de quatre stères : "C'est une activité que je pratique à mi-temps. La demande n'est pas plus forte que les années précédentes mais c'est vrai que l'hiver approchant, le plaisir d'allumer sa cheminée est bien présente", explique le responsable de Git Bois Chauffage.
Plus de 540 000 ménages ont un chauffage au bois en Ile-de-France
Du bois de chauffage, on en trouve dans certains supermarchés, chez les spécialistes du chauffage mais aussi dans quelques stations-service. Exemple chez Total dans les Yvelines, où le prix du filet de bois démarre à 8 euros 50. Marie-Paule vient s'approvisionner en voiture après avoir fait le plein de carburant : "Ça fait plaisir aux enfants et c'est l'occasion de passer un bon moment en famille au coin du feu ce soir. On sent un peu que l'esprit de Noël approche", raconte-t-elle.
L'utilisation du chauffage au bois est rigoureusement encadrée par l'arrêté interpréfectoral du 31 janvier 2018 qui impose des conditions spécifiques adaptées à chaque secteur géographique. Selon la DREIAT (Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports), sur les plus de 540 000 franciliens disposant d'un chauffage individuel au bois, 15 % d’entre eux l’utilisent pour le loisir.
Dans son rapport publié en janvier 2024, la DREIAT informe également que depuis 2005, les émissions de particules liées au chauffage au bois ont diminué de plus de 34%. Une avancée significative due à la réduction de l'usage des cheminées à foyer ouvert et du remplacement des équipements anciens par des solutions modernes et plus performantes, certifiées Flamme Verte.