Le père d'Estelle Mouzin, disparue il y a 15 ans en Seine-et-Marne, a été débouté mardi de sa demande de décharger la PJ de Versailles de l'enquête sur la disparition de sa fille, un "déni de justice" selon son avocat qui envisage un pourvoi en cassation.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris était saisie d'une demande de dessaisissement déposée par Eric Mouzin à l'encontre du SRPJ Versailles après qu'un juge d'instruction du TGI de Meaux eut rendu en juin une ordonnance rejetant sa demande.
"Déni de justice"
Dans son arrêt rendu mardi, la cour "annule cette ordonnance sans pour autant faire droit à la demande de dessaisissement des parties civiles", la jugeant irrecevable "pour des raisons de pur droit", a indiqué le parquet général dans un communiqué. Dénonçant un "déni de justice", l'avocat d'Eric Mouzin a indiqué qu'il envisageait un pourvoi en cassation. "Notre opinion est que ce sujet n'est pas tranché en droit", a réagi Didier Seban."Une question de droit"
La cour a fait valoir que "le choix de la désignation d'un service d'enquête n'entre pas parmi la catégorie des actes qui peuvent être sollicités par les parties civiles en application de l'article 82-1 du code de procédure pénale". Pour autant, cette décision ne "doit pas être interprétée comme un refus d'investiguer l'ensemble des pistes de ce dossier", ajoute le parquet général de Paris, assurant que "la justice reste totalement mobilisée" pour résoudre cette affaire.Me Didier Seban estime au contraire que "ce dossier n'est pas enquêté, pas instruit" et qu'"on ne se donne pas les moyens de découvrir la vérité sur la disparition d'Estelle". Le 9 janvier 2003, Estelle Mouzin, 9 ans, disparaissait à Guermantes sur le chemin entre l'école et son domicile. Son corps n'a jamais été retrouvé et les nombreuses pistes suivies n'ont rien donné.
Critiquant la rotation trop rapide des juges d'instruction - 7 en 15 ans - et un manque de méthode dans la conduite des investigations, la famille reproche également à la police judiciaire de Versailles d'avoir écarté trop rapidement la piste du tueur en série Michel Fourniret. Une piste devenue selon elle "majeure" depuis ses aveux dans les affaires Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish.
Condamné à la perpétuité en 2008 pour sept meurtres, Michel Fourniret, 75 ans, a reconnu en février avoir tué ces deux jeunes femmes dans les années 90 dans l'Yonne et laissé une nouvelle fois à cette occasion planer le doute sur son implication dans la disparition d'Estelle Mouzin.