Hausse continue du prix de l'électricité du gaz, de la farine, et du beurre, la facture s'alourdit pour la boulangerie, contrainte d'augmenter le prix de la baguette. La filière céréalière, de son côté, lance un cri d'alarme.
"On attend la nouvelle augmentation, mais si ça continue comme ça, ce ne sera plus tenable ( ..) depuis 3 ou 4 mois, mes factures d'électricité ont augmenté entre 400 et 500 euros par mois".
Teddy Rousselot, boulanger à Avon en Seine-et-Marne, s’apprête à renégocier son contrat avec son fournisseur d’électricité et il ne cache pas son inquiétude. Pour faire face à ces échéances, le boulanger a déjà dû se résoudre à augmenter le prix de ses baguettes, de 95 centimes à un euro, la baguette classique.
Aujourd'hui, l'établissement des époux Rousselot emploie neuf personnes, exploite deux fours à pain et pâtisseries. Dernièrement, son épouse et lui, ont dû baisser, confie-t-il, leurs salaires pour garder tout leur personnel. Teddy Rousselot fait ses calculs : "l'électricité, ce sont, à peu près 35 centimes pour une baguette et pour produire une baguette, il faut qu’elle passe par toute une série de machines : du pétrin au four, en passant, par une chambre de fermentation et ça consomme de l'électricité !"
Pour un élargissement du bouclier tarifaire
L'envolée des prix de l'énergie conjuguée à la hausse des prix des matières premières aboutit à une situation inédite, affirme Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie pâtisserie française (CNBPF) qui ajoute : "on a beaucoup d'entreprises qui ont fait des simulations de factures ( ..), on demande que le bouclier tarifaire soit adapté à nos entreprises ".
Les entreprises de moins de dix salariés, la plupart des boulangeries, bénéficient du bouclier tarifaire. La CNBF demande un élargissement de ce bouclier aux structures plus importantes pour éviter les fermetures.
L'inquiétude de la filière
"Si rien n'est fait, cette hausse des prix sera une menace sévère", s'alarme dans un tweet, Interceréales qui représente les acteurs de filière française. En Île-de-France, région meunière, plus de 39 000 personnes travaillent dans ce secteur. Jean François Loiseau, président d'Intercéréales détaille une trajectoire ascendante des prix depuis l'invasion de l'Ukraine en février dernier. "La première vague, c’est quand il y a eu une envolée du prix du blé qui a doublé après le début de la guerre, le prix du blé n’a pas ré-augmenté, mais la hausse du coût de l’énergie a pris le relais", déplore le céréalier qui conclut : "si les boulangers veulent s’en sortir, il va falloir qu’ils montent leur prix de 15 à 20 centimes".
Selon Intercéréales, tous les acteurs sont menacés : du secteur agricole au meunier et en bout de chaîne, le boulanger. Dans ce contexte de hausse de l'énergie, les acteurs de la filière demandent un accompagnement de l'Etat et il faut que, selon Jean François Loiseau, "des mesures soient prises pour plafonner les coûts de l’énergie du gaz et de l’électricité comme il y a eu un encadrement des loyers, un bouclier tarifaire pour l’essence..".
Comme le constate l'organisme Eurostat de la Commission européenne. Cette inflation des coûts est flagrante en Europe.
Dans sa toute dernière statistique parue à ce sujet, début septembre, Eurostat relate qu'en août 2022, le prix du pain dans l'UE était en moyenne 18 % plus élevé qu'en août 2021. Et d'ajouter : "il s'agit d'une augmentation considérable par rapport à août 2021, où le prix du pain était en moyenne 3 % plus élevé qu'en août 2020."