ENTRETIEN. "Faire reconnaître les effets indésirables des vaccins Covid est mon combat"

Il y a un an Eloïse Soave, une jeune maman de Seine-et- Marne, entamait une procédure judicaire pour faire reconnaitre les effets secondaires du vaccin Pfizer. Après avoir reçu sa deuxième dose, son état de santé c’était brutalement dégradé faisant de son quotidien un calvaire. Son avocat Me Eric Lanzarone revient sur ce combat et celui qu’il mène pour plusieurs centaines d’autres personnes, convaincues que les injections anti-Covid ont nuit à leur santé.

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Me Lanzarone, où en est la procédure que vous avez intentée contre Pfizer pour Eloïse Soave?

J’ai assigné Pfizer devant le tribunal judiciaire de Paris, l’audience a eu lieu en septembre 2022 et le juge des référés nous a donné gain de cause en considérant qu’il n’existait aucune explication à la survenance des polypathologies dont souffrait Eloïse Soave. Il a ordonné une expertise qui aurait dû commencer il y a bien longtemps. Deux experts ont été nommés, ils avaient un an pour déposer leur rapport d’expertise mais celle-ci n’a pas encore commencé. La première réunion d’expertise aura lieu le 16 mai à Paris. Les experts sont parait-il surmenés, ils n’ont pas cru bon de commencer leurs travaux.

Quel est l’état de santé d’Eloïse Soave aujourd’hui ?

Son état se dégrade. Elle développe un certain nombre de pathologies qui sont liées à la myocardite initiale et aux effets secondaires provoqués par la vaccination, soit aux traitements qu’elle prend pour soigner la myocardite. Des études scientifiques tendent à prouver qu’il y a un lien de causalité entre la myocardite et la vaccination avec le Pfizer. D’ailleurs la société Pfizer dans la liste « AESI » (événement indésirable d'intérêt spécial) le reconnait de manière flagrante. Devant le juge, ils contestent ce lien de causalité mais la littérature scientifique tend à établir qu’il existe un lien patent entre la vaccination et la survenance de myocardites.

Vous avez indiqué à l’issue de l’audience devant le tribunal judicaire de Paris que l’Etat prenait en charge les frais d’avocat de Pfizer ?

Dans le contrat passé entre la France et Pfizer il existe une clause, au-delà de l’irresponsabilité financière de la société Pfizer, qui fait que l’Etat remboursera les frais de justice avancés par la société pharmaceutique dans le cadre de contentieux qui auraient pu être initiés par les victimes d’effets indésirables. C’est un parcours du combattant : mes adversaires seront payés in fine par l’Etat. Et même pire : la clause d’irresponsabilité fait que toutes les condamnations qui seront mises à la charge de Pfizer seront endossées par l’Etat. Les éventuelles indemnisations qui pourraient être octroyées aux victimes seront donc payées par leurs propres impôts. Ça me parait scandaleux. J’ai du mal à comprendre comment les Etats européens ont pu accepter de tels contrats.

" La clause d’irresponsabilité de Pfizer fait que toutes les condamnations qui seront mises à la charge de Pfizer seront endossées par l’Etat. Les éventuelles indemnisations des victimes seront donc payées par leurs propres impôts. "

Me Eric Lanzarone

Quel regard portez-vous sur les expertises?

Je ne vous cache pas que c'est un problème et tout l'écosystème des expertises est à revoir. Une fois qu'une expertise est accordée je dois batailler contre chacun des experts désignés. Certains ont des conflits d'intérêts: ils ont touché des subsides des laboratoires et pourtant déclarent vouloir faire des expertises qui concernent parfois des laboratoires desquels ils ont reçu de l'argent. Cela me parait d'une éthique lamentable. A partir du moment où vous avez travaillé pour l'industrie pharmaceutique, l'impartialité est en doute.et quasi tous les experts travaillent pour l industrie pharmaceutique! C'est un sujet collectif que l'on ne veut pas aborder.

D'autres experts ne relèvent pas de la spécialité requise pour examiner le dossier. Quand vous avez un tribunal qui désigne un hématologue et pas du tout spécialiste des maladies auto-immunes pour se pencher sur le cas d'une cliente qui souffre d'une polyarthrite rhumatoïde, je demande sa récusation. Je dois donc me battre contre Pfizer-BioNtech puis contre l'expert pour savoir si sa spécialité est suffisante pour étudier le lien de causalité entre le vaccin et la pathologie en question. La meilleure façon d'étouffer ces effets indésirables est de désigner un expert qui ne relève pas du bon champ de compétence. 

Combien de dossier défendez-vous ?

Environ 300. En réalité j’en ai presque un nouveau chaque jour. Mais la difficulté est que je me retrouve avec des victimes d’effets indésirables à qui on reproche d’avoir fait leur déclaration trop tardivement quand ils sollicitent l’Organisme national d’indemnisation des accidents médicaux. Et L’OMNIAM du coup n’examine par leur cas. Le problème est que toutes ces victimes d’effets indésirables s'en rendent compte bien après la vaccination car à un moment donné elles ont décidé de faire un scanner, un radio ou un examen plus poussé et s’aperçoivent que les pathologies dont elles souffrent se rattachent nécessairement à la vaccination. Mais à l’époque, leurs médecins généralistes ne voulaient pas entendre parler d’un éventuel lien de causalité lié au vaccin. La plupart des médecins ont refusé de faire une déclaration à la pharmacovigilance. Ces patients ont continué à vivre avec certaines pathologies et ce n'est que plusieurs mois après qu'elles font le lien avec la vaccination administrée. Essayer de faire reconnaître des effets indésirables qui surviennent très longtemps après l’injection est un de mes combats. Car pour les juges dans les contentieux que j’ai pu initier jusqu’à présent, l’un des critères est que l’effet secondaire arrive dans les 30 jours suivant la vaccination. Mais cette déclaration tardive s’explique par la faillite de la pharmacovigilance à la française car en réalité on a souvent dit aux victimes que cela n’avait rien à voir avec la vaccination, sans chercher à en savoir plus. Je dénonce également le comportement des autorités de surveillance qui aurait dû déployer un outil type v-safe pour rechercher les fameux "signaux faibles" le plus vite possible, dès l'administration en population générale. Et puisque le discours actuel est de dire qu'on savait de l'étude initiale que le vaccin était imparfaitement efficace à limiter la transmission et donc l'épidémie, pourquoi n'a-t-on pas renforcé le suivi en phase 4 de l'efficacité et de la sécurité...?  En réalité les laboratoires ont scandé le rythme et les autorités ont fait du suivisme passif ! C est là le drame.

" La déclaration tardive des effets secondaires s’explique par la faillite de la pharmacovigilance car on a souvent dit aux victimes que cela n’avait rien à voir avec la vaccination, sans chercher à en savoir plus."

Me Eric Lanzarone

A votre connaissance, d'autres Etats sont plus enclins à reconnaitre les effets secondaires?

En tout cas aux Etats-Unis, les procès menés contre la FDA ( Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux) aboutissent à ce que des chercheurs comme Peter Doshi qui est membre de la prestigieuse British Medical Journal ont accès aux résultats des essais cliniques qui permettent d'être plus en avance qu'en France où règne l'opacité pour avoir accès à ces données sur les effets indésirables qui ont été selon moi sous-évalués. Cette affaire pose le problème de l accès aux résultats des essais cliniques dissimulés par les laboratoires. La communication sélective des résultats des essais cliniques menés par les firmes entraîne une zone grise juridique dangereuse pour les patients. On l'a notamment vu avec la découverte d'un triplement du risque de suicide sous antidépresseurs, dissimulé par l'industrie … et tant que persistera cette zone d'ombre on se retrouvera  toujours avec les mêmes problèmes! J'ai le sentiment au cabinet d'être le réceptacle de la déclaration d'effets indésirables de centaines de victimes qui n'ont pas été entendues par les autorités sanitaires.

" Apprécier le lien de causalité entre le vaccin et un effet secondaire n'est pas du ressort des médecins. Leur obligation en revanche est de déclarer l'effet indésirable. Trop peu l'ont fait. "

Me Eric Lanzarone

Qui est responsable en cas d'effet secondaire selon vous?

Les laboratoires, malgré la clause d'irresponsabilité, ne pourront pas être exonérés pénalement si on arrive à démontrer que des données ont été dissimulées, notamment celles des essais cliniques. Les autorités sanitaires également qui se sont précipitées pour valider le vaccin et l'autoriser sur le marché. Cette notion d'effet indésirable a été niée par elles et par le corps médical. Dans mes dossiers aujourd'hui j'ai très peu de médecin qui ont rempli leur obligation, au regard du code de la santé publique, de faire une déclaration à la pharmacovigilance. Apprécier le lien de causalité entre le vaccin et un effet secondaire n'est pas de leur ressort. Leur obligation en revanche est de déclarer l'effet indésirable. A partir du moment où le patient vient voir son généraliste et lui dit "j'ai telle et telle pathologie", le médecin devait transmettre la déclaration à la pharmacovigilance. Il n'y a qu'une minorité de médecins qui l'ont fait. A l'échelle européenne, c'est pourtant plus d'un million de cas (en lien la base européenne de données Eudravigilance rapportant les cas supposés d'effets secondaires du vaccin Pfizer- BioNtech). Rétrospectivement, on s'aperçoit aujourd'hui de l'étendue de ces effets indésirables qu'on a nié en pleine vaccination car le discours politique était de dire "il y a le passe vaccinal, on vaccine à tout va sans prendre en compte les comorbidités des uns et des autres" et il aurait été insensé de dire qu'il y avait des effets indésirables alors qu'on tentait de convaincre des millions de français d'être vacciné. Mais aujourd'hui, c'est comme le boomerang qui vous revient en pleine tête et ce sont les tribunaux qui vont devoir régler le problème de la faillite collective des autorités sanitaires.

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