Une entreprise qui exploite déjà deux puits de pétrole dans le Sud de la Seine-et-Marne souhaite étendre ses activités et forer dix nouveaux puits. La mairie de Paris alerte sur les risques de pollution de l'eau.
Le projet ne fait pas des heureux ni sur le lieu concerné en Seine-et-Marne, ni à Paris. L'entreprise BridgeOil, qui possède cette concession de 10 km² répartie sur les communes de Nonville, Villemer et La Genevraye, accordée en 2009 (pour 25 ans), souhaite forer dix nouveaux puits pétroliers (elle en possède déjà deux qui sont en activité sur la zone).
"On prend les précautions pendant le forage, pendant l'exploitation. Le site est construit pour pouvoir éventuellement pallier à une pollution de surface. Ensuite on prend des précautions lors du transport", indique Edwige Dietrich, géologue pour la compagnie britannique.
Car la Seine-et-Marne, si ce n'est l'Arabie Saoudite, possède malgré tout quelques réserves. Des milliers de tonnes de pétrole sont produites chaque année mais représentent moins d'1% de la consommation hexagonale.
Un projet qui embarrasse la Mairie de Paris
Ces dix nouveaux puits, modestes, pourraient néanmoins pénaliser des centaines de milliers de personnes. "Ce projet, incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, menace également l’alimentation en eau potable de Paris", affirme la mairie de Paris par communiqué.Car selon la mairie, "la zone concernée se situe au sein de l’aire d’alimentation des sources de Villeron et Villemer, exploitées par Eau de Paris, et qui permet l’alimentation en eau potable de Paris. La nappe qui alimente les sources utilisées par Eau de Paris alimente également les communes riveraines".
"Nous ne sommes pas dans le périmètre immédiat ni rapproché des zones de captage. On est tout à fait en droit de procéder à des forages", rétorque la géologue de BridgeOil.
"Aucune technique interdite n'est nécessaire à l'exploitation (et au développement). Par exemple la technique dite de la 'fracturation hydraulique' n'est aucunement envisagée", indiquait par ailleurs un rapport de la compagnie adressé au ministère de la Transition écologique en 2018. "La fracturation hydraulique (fracking) est une fissuration massive d'une roche au moyen d'une injection d'un liquide sous pression. Cette technique permet de récupérer du pétrole ou du gaz dans des substrats trop denses, où un puits classique ne produirait rien ou presque", précise le site FuturaSciences.
Contestation aussi sur place
À Nonville, élus et associations protestent aussi contre ce projet. "Le problème s'il y a production de brut, c'est le nombre de camions qui vont passer à cet endroit-là. Ils parlent de déplacer le quai de chargement. Ils ont prévu un endroit mais n'ont pas l'accord du propriétaire. Déjà avec deux puits, on a du bruit et des odeurs, qu'est-ce que cela va donner avec 10 puits ?", fait mine de s'interroger Gérard Balland, maire (DVD) de Nonville.Un collectif baptisé "Non au forage" est aussi vent debout contre ces puits : "On parle beaucoup d'alternatives à l'énergie. On traine encore pour arrêter ces exploitations pétrolières qui menacent la santé publique, l'environnement et l'eau potable", pense ainsi Pascal Otlinghaus.
D'autant que la concession se trouve dans "en plein Bocage gâtinais, et à 4 km de la forêt de Fontainebleau, classée en réserve de Biosphère par l’Unesco depuis 1998", explique l'association Environnement Bocage Gâtinais (EBG). L'association a lancé une pétition pour alerter contre ce projet. Elle a déjà recueilli près de 80 000 signatures.