Le squelette pratiquement complet d'un mammouth, qui aurait vécu entre 200.000 et 50.000 ans avant notre ère, a été mis au jour en Seine-et-Marne, dans une carrière de Changis-sur-Marne, à la limite de la Picardie.
Il s'agit là d'une découverte exceptionnelle en France: seuls trois autres spécimens ont été trouvés jusqu'à aujourd'hui.
Les ossements, de taille impressionnante, ont été découverts l'été dernier à l'occasion de la fouille d'un site gallo-romain par l'Institut de recherches archéologiques préventives (INRAP). Il étaient présentés aujourd'hui mardi 6 novembre, après extraction complète et inventaire.
Sur le sol sableux, on reconnaît facilement les deux défenses, un fémur et la partie du bassin où il trouvait sa place, un humérus, une mandibule, quatre vertèbres encore connectées et passant sous les omoplates. Le tout est dispersé, mais dans un périmètre très restreint.
Elément très important pour les archéologues, deux éclats de silex ont été découverts près du crâne, suggérant un contact entre le mammouth et l'homme de Néandertal. Les éclats de silex semblent avoir été utilisés pour découper l'animal, a précisé le responsable scientifique de la fouille, Gregory Bayle. Les archéologues ont déjà pu déterminer qu'il s'agit d'un adulte jeune, âgé d'entre 20 et 30 ans. Il leur restera aussi à tenter d'expliquer la présence sur le même site d'éléments d'un second squelette de mammouth, un humérus et un fragment de défense.Les os sont globalement en très bon état, préservés par des sédiments riches en calcium.
Le squelette ainsi mis au jour doit maintenant être moulé, puis "démonté", avant d'être analysé dans les laboratoires du Muséum national d'Histoire naturelle et de Géographie physique du CNRS de Meudon (Hauts-de-Seine).
L'animal a-t-il été chassé?
L'examen des ossements devrait permettre de préciser la datation et de reconstituer l'histoire de l'animal, baptisé "Helmut" par l'équipe de fouille même si on ignore encore s'il s'agit d'un mâle ou d'une femelle. Des éléments importants car le mammouth d'Europe de l'Ouest reste mal connu. Il s'agira surtout de tenter de préciser ses liens avec l'homme : a-t-il été tué ou est-il mort naturellement, a-t-il été chassé ou dépecé après sa mort naturelle ?
Les scientifiques chercheront en particulier sur les os des traces d'épieux, qui conforteraient l'hypothèse débattue selon laquelle l'Homme de Neandertal avait la capacité de chasser de grands mammifères, a expliqué Pascal Depaepe, directeur scientifique et technique à l'Inrap. Les "preuves de chasse" sur le mammouth restent à ce jour exceptionnelles.
Il s'agit probablement d'un mammouth laineux, qui se caractérisait par de longues défenses utilisées pour dégager le fourrage de sa gangue de neige. A l'époque, l'Ile-de-France devait ressembler à une steppe de Mongolie, avec un climat sibérien...
L'animal pouvait atteindre 2,80 m à 3,40 m au garrot pour environ 5 tonnes.