Interdiction de l'abaya à l'école : sur le marché de Saint-Denis, "c’est un vêtement culturel, pas un signe religieux"

Le ministre de l'Education nationale vient d'annoncer l'interdiction dans les lycées de porter de l'abaya, cette robe ample traditionnelle portée par les femmes musulmanes. Réactions sur le marché de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis.

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"On a vu une robe abaya en vitrine et on en parlait justement de l'interdiction maintenant de les porter dans les écoles !" Bahia et son amie, une vingtaine d'années, font leur marché, ce mardi matin, à Saint Denis en quête d'une bonne affaire.

Autour des Halles de la ville, s'allongent à proximité les étals de produits alimentaires, des stands de vêtements à bas prix. Vendeurs de fripes de toutes sortes, mais aussi d'abayas, ces robes longues traditionnelles qui couvrent l’ensemble du corps à l’exception du visage et des mains.

La volonté de proscrire l'abaya des écoles, annoncée il y a quelques jours par Gabriel Attal le ministre de l'Education, suscite chez Bahai et son amie, pas mal d'incompréhension. "C'est vraiment un sujet secondaire comparé aux problèmes de la pénurie de professeurs titulaires dans les écoles du département", déclare-t-elle.

Pour accéder au stand et boutiques de vêtements qui ont pignon sur rue, il faut se frayer un chemin sur le marché de Saint-Denis qui fourmille de consommateurs. Sous un porche, dans un renfoncement de place s'aligne une allée de mannequins portant des robes longues traditionnelles de couleur unies ou ornementées.

"L'abaya ! C’est plus vraiment la saison, on en a plus beaucoup, on en a vendu au début de l'été à cause de la chaleur", constate le patron de cette boutique de vêtement pour femmes. "Les filles qui veulent s'habiller avec une abaya, c'est juste un effet de mode, ça passera ! ", sourit ce commerçant tout juste informé de l'annonce d'une interdiction de l'abaya dans les lycées.

Sur cet autre stand qui longe les halles de Saint-Denis, on vend toutes sortes de robes longues traditionnelles. "On marchande la robe abaya de 10 à 15 euros mais c'est terminé pour cette saison", assure le responsable de cet étal qui n’a pas constaté, pour sa part, que ces robes se vendaient plus ces derniers mois que d'habitude. "Je n'ai pas d'opinion sur l'interdiction de l'abaya, je suis commerçant, alors on s’adapte, en tout cas, ce sont plus des mères de famille qui les achètent que des jeunes femmes", déclare-t-il.

On n'interdit pas aux Belges de porter ce qu'ils veulent, alors pourquoi interdire l'abaya !

Bahia

Dans les allées du marché, Myriam, en robe longue noire traditionnelle, voile sur la tête, affiche sa perplexité et ne comprend vraiment pourquoi il faudrait interdire cette robe" : c'est un vêtement ample qui permet d'affronter la chaleur" déclare-t-elle. Myriam partage l'avis de Bahia. "Cette interdiction n'a pas de sens ! L’abaya, c'est un vêtement issu d'une culture, ça n'est pas un signe religieux", affirme Bahia, "on n'interdit pas aux Belges de porter ce qu'ils veulent, alors pourquoi interdire l'abaya !"

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