Pauvres, racisées, immigrées et LGBT : un millier de personnes ont pris part dimanche à la première « marche des fiertés en banlieue », organisée dans les rues de Saint-Denis pour lutter contre « le cumul des discriminations ».
C’est une première à Saint-Denis : un millier de manifestants ont défilé dimanche pour la « marche des fiertés en banlieue », devant des riverains parfois étonnés mais plutôt amusés et souriants. Le cortège, festif et coloré, a en effet réuni des dizaines de drag-queens, de transsexuels et de militants LGBT dans le centre-ville.
Le slogan repris en chœur par les participants résumait bien l’état d’esprit : « De Paris à Saint-Denis, LGBT, fiers, unis, indivisibles ». Soit la volonté de placer la journée sous le signe de « l'intersectionnalité », autrement dit la lutte contre « le cumul des discriminations ».
Yanis Khames, organisateur de la marche avec son association « Saint-Denis ville au cœur », voulait montrer que la banlieue était aussi – comme les grandes villes – un lieu de militantisme pour les personnes trans et homosexuelles : « Par le fait même qu'on vit en banlieue, on est ramenés au fait qu'on est pauvres, qu'on est racisés, qu'on est immigrés [en plus du fait d'être homosexuels] ».
La première Marche des Fiertés des banlieues est lancée à #SaintDenis #LGBT #LGBTphobies pic.twitter.com/aBOyHB9ANp
— France Bleu Paris (@francebleuparis) June 9, 2019
« Je suis convaincu que ce n'est pas plus compliqué d'être LGBT à Saint-Denis qu'à Paris »
« J'habite ici, je suis né ici, c'est une ville militante en général, des marches on en fait sur la Palestine, sur les réfugiés et aujourd'hui la communauté LGBT elle vit ici, elle ressent le besoin de s'exprimer alors j'accompagne, a par exemple réagi Shems El Khalfaoui, un père de famille qui a appris l'existence de la marche le matin même au marché. C'est en faisant ce genre de chose que les gens vont identifier que c'est une communauté qui existe et que tout le monde a sa place ici. »« Je suis convaincu que ce n'est pas plus compliqué d'être LGBT à Saint-Denis qu'à Paris, a affirmé de son côté Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis venu soutenir le défilé. Des gay prides il doit y en avoir partout parce que les personnes concernées par ces discriminations elles sont partout, ajoute-t-il, c'est autant des familles blanches que arabes qui rejettent leurs enfants quand ils font leur coming-out. »
Au cours de la manifestation, des participantes ont également demandé « Justice pour Vanesa Campos », du nom de cette prostituée trans péruvienne assassinée au bois de Boulogne, en août dernier. L’occasion d’alerter sur le sort des personnes trans, notamment étrangères.