Après l'indignation par un collectif de préservation des espaces naturels des berges de Seine suite à un élagage "radical et violent" sur la pointe aval de l'Île-Saint-Denis, l'établissement public Voies navigables de France (VNF) regrette une erreur d'un de leurs prestataires dont "le manquement sera sanctionné".
“Ils ne doivent pas continuer le massacre qu’ils ont commencé”, clame une membre du collectif Protection Berges de Seine. Elle documentait la faune et la flore de la pointe de l'île Saint-Denis lorsqu'elle constate sous ses yeux ébahis le ratiboisage de cette végétation qu'elle estime essentielle aux martin-pêcheurs d'Europe. "Ils ne doivent pas du tout faire cela à cette époque de l'année, car il y a encore le nourrissage des oiseaux juvéniles, argue-t-elle. Ils ont coupé beaucoup de branches qui servaient de spots pour la pêche des martin-pêcheurs."
"Ils ne doivent pas du tout faire cela à cette époque de l'année car il y a encore le nourrissage des oiseaux juvéniles"
Une membre du collectif Protection Berges de Seine
Le collectif accuse alors de but en blanc l'établissement public Voies navigables de France (VNF) d'être à l'origine de ce ratiboisage "extrême" sur la pointe aval de l'île Saint-Denis, face à la commune d'Épinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis. Indigné par la situation, le collectif d'associations et de citoyens affirme avoir aussitôt saisi la police de l'Environnement.
Contacté par France 3 Paris Île-de-France, Voies navigables de France (VNF), qui doit notamment assurer l'entretien des berges de Seine, déplore que l'un de ses prestataires ait "dépassé le mandat qui lui avait été donné". L'entreprise mandatée est intervenue au sein de la zone Natura 2000 à la suite d'une intervention d'urgence en raison des épisodes orageux fin juin dernier en Île-de-France alors qu'elle n'y était pas autorisée. "VNF avait pourtant alerté son prestataire sur la sensibilité du secteur en termes de biodiversité (zone Natura 2000) et demandé de façon explicite de ne pas intervenir sur ce périmètre, indiquent-ils. Un constat sera dressé ce mardi 25 juillet pour évaluer les dommages qui lui ont été signalés".
L'établissement public chargé du domaine public fluvial du bassin de la Seine assure qu'il "assumera ses responsabilités en tant que maître d'ouvrage" de cette intervention. Une procédure sera engagée par VNF contre le prestataire "pour que le manquement [...] soit sanctionné".
"Un constat sera dressé ce mardi 25 juillet pour évaluer les dommages qui lui ont été signalés"
Voies navigables de France (VNF)
Pour l'une des membres du collectif, Voies navigables de France (VNF) "ne respecte jamais la biodiversité". Avant d'ajouter : "ils considèrent que la Seine est uniquement pour la navigation, et rien d'autre". "Nous intervenons sur le domaine public fluvial pour effectuer des travaux d'entretien afin d'assurer la sécurité de tous, y compris de la navigation", rétorque de son côté l'établissement public qui affirme s'être assuré en amont pour que son prestataire respecte le cahier des charges, notamment "en garantissant la formation de ses intervenants aux enjeux écologiques et à la préservation des espaces protégées".
Un site Natura 2000 aux portes de Paris
Au sein d'une zone délimitée classée Natura 2000, une étude d'incidence environnementale – prévue par l'article R181-3 du Code de l'environnement – doit être menée. Pour ce type d'intervention, le collectif assure qu'elle "aurait dû être menée" afin de prévenir l'impact d'un projet situé dans une zone comme la pointe de l'île Saint-Denis. Pendant la période estivale, le nourrissage d'oiseaux juvéniles est "encore présent", depuis le printemps confie-t-elle, un brin passionnée. "J'ai pu voir des chevaliers guignettes, des hérons ou encore des pigeons ramiers posés sur ces branches. Elles leur sont très utiles pour boire dans la Seine", conclut-elle.
Ce site est une zone naturelle non anthropique – formé sans intervention de l'homme, ndlr, la "première en aval de Paris" où de nombreuses espèces d'oiseaux sont protégées par la directive 2009/147/CE dite "Oiseaux" de l'Union européenne.
"[Nous] avions mandaté une intervention d'urgence [...] sur une zone bien délimitée et en dehors de la zone Natura 2000"
Voies navigables de France (VNF)
Or, l'intervention mandatée par l'établissement public Voies navigables de France ne prévoyait pas d'impacter la zone Natura 2000. "[Nous] avions mandaté une intervention d'urgence pour enlever des arbres tombés ou menaçant de tomber sur une zone bien délimitée et en dehors de la zone Natura 2000". Si le collectif comprend le danger pour la navigation dans le cas d'un arbre tombé dans la Seine, une coupe n'avait pas lieu d'être pour ces "petites branches". "C'est tout un écosystème qui est précieux. Si ce sont de toutes petites branches plus ou moins mortes, elles ne sont absolument pas dangereuses pour la navigation", indique-t-elle, effarée.
Le collectif Protection Berges de Seine avait dénoncé au printemps le projet "Greendock" au cœur du port de Gennevilliers sur les bords de Seine, notamment en raison de sa proximité immédiate avec la zone Natura 2000.