Nous les avions rencontrés à la veille de la rentrée, lors de leur formation express de quatre jours sur le site universitaire de Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis, il y a une dizaine de jours. Aujourd'hui, ils livrent leurs premières impressions après plus d'une semaine d'enseignement.
C'était "un peu le bazar !", ironise Héla Benammam, habitante de Livry-Gargan, affectée tout d'abord dans un établissement à Pierrefitte-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, puis réaffectée à Livry-Gargan. Un aller-retour qui ne lui a pas permis de préparer sereinement cette rentrée. Héla a vécu un premier jour "difficile" face à ses 29 élèves de CM1.
Cette toute nouvelle enseignante n'est pas la seule à déplorer une rentrée sous tension, d'autres professeurs débutants ont connu la même mésaventure. "C'est une source de stress, quand on apprend un changement d'affectation à la veille de la rentrée", ajoute une autre nouvelle enseignante qui, aujourd'hui, préfère garder l'anonymat comme la plupart des autres professeurs contractuels que nous avions rencontrés à la rentrée.
"J'aurais pu demander une révision de mon affectation, mais j'ai décidé de ne pas la demander", ajoute cette professeure qui relate qu'une de ses collègues s'est vu attribuer deux écoles à mi-temps avec un double niveau CM1/CM2 et une classe moyenne section, soit trois programmes différents sur deux circonscriptions.
Des premiers pas laborieux
"Je suis dans une école à Montreuil alors que je devais initialement enseigner à Bagnolet", constate également cette jeune professeur, ex-salariée du secteur bancaire, diplômée en Sciences économie et aujourd'hui en charge d'une classe de 24 enfants de CM1.
"J'ai dans ma classe deux ou trois élèves compliqués, peu respectueux et cela perturbe mes cours", et les parents acceptent mal, selon elle, que l'on parle de la conduite de leurs enfants. "Le premier jour a été difficile, mais on a reçu un bon accueil de la part des autres professeurs titulaires et ça aide !", souligne l'enseignante qui s'accroche et se félicite de recevoir du soutien et beaucoup de conseils utiles prodigués par les autres professeurs titulaires de son école : bien organiser les plannings, préparer surtout les cours, la veille après la classe. Le directeur de son école lui a aussi suggérer d'imposer un cadre à ces jeunes élèves, tout suite, en ce début d'année .
Premières désillusions
Cette autre professeure contractuelle, pourtant motivée, affectée initialement à Villepinte, l'emploi du temps et le rythme de travail sont très lourds à supporter. La jeune enseignante est en charge d'une classe de grande section de maternelle de 28 élèves et quelques enfants qu'elle doit particulièrement surveiller pendant ses cours, de jeunes élèves atteints de trouble de santé et soumis à un protocole.
Entre les formalités administratives, les réunions préparatoires, les appels des parents à gérer, "l'enseignement n'est plus ce qu'il était ", regrette la jeune femme qui a déjà eu une petite d'expérience pédagogique, il y a quelques années.
A tel point qu'elle envisage aujourd'hui de jeter l'éponge et déposer sa démission. Aucune envie de tenter le concours exceptionnel pour titulariser les enseignants contractuels annoncés à la rentrée par Pap Ndiaye, le ministre de l'Éducation nationale.