Le quartier du Franc-Moisin à Saint-Denis est à deux pas du Stade de France. Une toute nouvelle passerelle relie cette cité populaire au site olympique. Et pourtant, peu d'habitants l'empruntent. Beaucoup ont le sentiment d'être écartés de la fête.
Les barres d'immeuble du Franc-Moisin ont été construites dans les années 70. Longtemps, ce quartier de Saint-Denis, à l'écart du centre-ville, n'a pas joui d’une bonne réputation en raison du trafic de drogue. 10 000 habitants y vivent. Ici près de la moitié de la population à moins de 29 ans et un jeune sur deux est au chômage.
Le quartier a été rénové il y a déjà quelques années, et une passerelle le reliant au Stade de France inaugurée très récemment. Et pourtant, en cet été olympique, chez les jeunes, c'est un sentiment de relégation qui règne.
"Oubliés des Jeux"
"Je ne vois pas de manifestations de joie, les gens sont dans leur truc, leurs préoccupations, comment vivre mieux, comment manger", témoigne une habitante.
"On se sent oubliés des jeux, mais on a l'habitude", affirme l'un d'eux. "Ils auraient pu essayer d'intégrer les jeunes pour qu'au moins ils découvrent ce que sont les Jeux olympiques", pointe un autre.
Comme dans de nombreux quartiers populaires, le foot est plébiscité par les jeunes. Pour lui le sport, "c'est de la détermination, c'est des efforts, c'est de la victoire, c'est des jeux de compétition", raconte un adolescent rencontré sur le city-stade, qui regrette de ne pas pouvoir aller au Stade de France "voir comment les professionnels jouent". Sur l'ensemble des habitants du quartier, 130 places ont été distribuées pour les JO.
Un important dispositif policier
Depuis le début des jeux, le quartier est quadrillé par la police. "On ne veut pas que Saint-Denis puisse avoir une mauvaise image", justifie une habitante du quartier. De leur côté, des jeunes dénoncent les nombreux contrôles policiers. "On a l'impression que l'on est comme des prisonniers. On dort avec les policiers. On se réveille avec les policiers. Nous pouvons subir jusqu'à 3 à 4 contrôles par jour, gratuitement, comme cela", assure un jeune homme.
Dans la cité, au pied du Stade de France, certains touristes viennent chercher un peu d'ombre sur les pelouses du Franc-Moisin, mais ils sont bien rares.