Transat Jacques-Vabre : Fabrice Amedeo et Eric Péron, "deux hommes et un bateau"

Dimanche, le Francilien Fabrice Amedeo s’élancera aux côtés de son coéquipier Eric Péron pour la 14e édition de la Transat en double Jacques-Vabre. Rencontre avec les deux skippers, à quelques heures du départ.

Ils traverseront ensemble pour la deuxième fois l’Atlantique en double. La Transat Jacques-Vabre part ce dimanche du Havre, en Normandie, pour rejoindre Salvador au Brésil. France 3 Paris Île-de-France a rencontré le skipper francilien Fabrice Amedeo et Eric Péron, son coéquipier à bord de l’Imoca Newrest - Art & Fenêtres, un voilier de 18 mètres de long.

France 3 Paris IDF : Comment vous sentez-vous à la veille du départ ?

Fabrice Amedeo : Je me sens bien, je suis assez serein et content de partir en mer. Le bateau a été viabilisé et l’année 2019 laisse penser que l’on a franchi un cap. C’est de bon augure pour le Vendée Globe qui partira l’année prochaine.

C’est une course en double. Comment fonctionnez-vous avec votre coéquipier ?

FA : C’est à la fois une équipe et deux navigateurs solitaires. Il y a des moments où le job se fait à deux : les manœuvres, la réflexion autour de la stratégie, les moments passés autour de la table à cartes…

II y a également des moments de solitude sur le bateau, pendant que l’autre se repose. Les prises de décisions sont collégiales notamment sur la stratégie. Eric est très bon en performance, en analyse de la météo. Si j’ai fait appel à lui, c’est pour m’apprendre des choses et je ne vais pas aller à l’encontre de ses décisions.

Et en cas de dilemme, on tranche ensemble. Naviguer à deux ça rend plus serein car sur les parties difficiles comme la sortie de Manche où il y a beaucoup de trafic, on sait que l’on est deux. Il y en a toujours un qui reste vigilant.Eric Péron : En cas de différend, on essaie de trouver une position commune mais à la fin c’est Fabrice qui choisit !

Quelles sont les forces et faiblesses de votre duo ?

FA : C’est même un trio : il y a deux hommes et un bateau. Le bateau est assez récent, équipé de foils (NdlR. Des dérives spéciales permettant aux voiliers d'atteindre de très fortes vitesses de pointe). Il y a des bateaux plus récents mais nous, on peut tirer dessus sans avoir peur de les casser, alors que d’autres doivent se montrer plus prudents.

Quant aux hommes, on se connaît très bien. Ma faiblesse : je n’ai pas encore le métier de certains grands champions mais je commence à bien connaître mon bateau et on devrait former un beau trio.EP : On se connaît bien, on se respecte et on se fait confiance, c’est notre force. On est ami dans la vie, ça nous permet de détecter quand l’un ou l’autre va un peu moins bien. En fait, la course au large à deux est une question de bienveillance. On pousse la machine très loin mais aussi les bonhommes.

Manque de sommeil, épuisement… Il faut de la motivation et s’assurer que l’autre est dans un bon état d’esprit, quitte à le rebooster ou le consoler si besoin. Nos points faibles : on manque un tout petit peu d’entraînement par rapport à ce qu’il faudrait, mais ça ne nous fait pas peur.

Quelles sont vos ambitions sportives pour la course ?

FA : Faire une belle course, à 100 % tout le temps et ne pas avoir de regrets sur la ligne d’arrivée. Pas d’ambitions comptables, mais qualitatives. Ça ne sert à rien d’afficher des ambitions comptables, de viser une place précise. Il va se passer des choses sur cette Jacques-Vabre, il va y avoir des abandons, des surprises, de la casse, des trajectoires différentes.

Ce qui fera la différence, ce sera le potentiel du bateau, sa fiabilité. C’est bien beau d’aller vite mais il faut terminer la course. La différence sera la capacité des deux skippers à aller à 100 % du bateau et ne pas commettre des erreurs. Tout le monde peut faire des erreurs mais celui qui gagne, c’est celui qui en fait le moins !EP : C’est compliqué, on sait que certains bateaux vont plus vite, en fonction des qualités intrinsèques du bateau, on choisit des trajectoires. Chacun de nous va prendre sa trajectoire. C’est difficile de prévoir le classement.

C’est ce qui fait le charme de la course au large même si la science donne des prévisions de plus en plus fiables. Ce qui fera la différence, c’est notre aptitude à mener le bateau à chaque instant à sa vitesse optimale. Sans casser le bateau. A bateau égal, l’homme fera la différence.
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