Une fois encore, la 26ème en un an, un campement insalubre de plus d'un millier de migrants récemment reconstitué entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les 10e et 19e arrondissements, a été évacué vendredi matin, 22 juillet.
Il s'agit de la 26ème "opération de mise à l'abri" depuis un an. Entre 1.200 et 1.400 personnes, pour la plupart des hommes, originaires d'Erythrée, de Somalie ou d'Afghanistan, avaient été recensées ces derniers jours dans ce campement situé entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien.
La foule s'était installée progressivement sur le terre-plein central envahi par des centaines de tentes et de matelas, au milieu des détritus et des flaques d'urine. A quelques mètres se trouvent des locaux de France terre d'asile, où les migrants font leur première demande d'enregistrement.
Le week-end dernier, des rixes avaient éclaté entre migrants, nécessitant l'intervention de policiers et CRS.
Peu après le début de l'opération, démarrée vers 06H30, il y a eu des mouvements de foule. Les gens se pressent, veulent monter dans les bus qui arrivent au compte-goutte. Les forces de l'ordre qui les contiennent les ont repoussés en utilisant des bombes lacrymogènes.
L'opération est menée en présence du préfet de région Jean François Carenco, de la préfète de Paris Sophie Broca, de représentants du ministère du logement, de la mairie de Paris, de l'Ofii (Office francais de l'immigration et de l'intégration) et d'associations.
Une tâche toujours à recommencer
Mais chacun sait bien que depuis un an, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la gare du Nord, débouchant à chaque fois sur une évacuation. Et il y a chez tous les acteurs impliqués dans ces difficiles missions d'accueil ou même de mise à l'abri, un sentiment d'épuisement que décrit bien Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile : "il faut dans toutes les capitales régionales des centres pour accueillir et orienter les migrants, pour arrêter d'attirer les gens à Paris et à Calais. Si ce n'est pas fait, c'est que la décision politique n'est pas prise".Et Didier Leschi, directeur général de l'Ofii, explique : "Il y a des gens d'un peu partout.(...) Des gens qui peuvent demander l'asile mais ne veulent pas parce que la France n'est qu'une étape pour eux, d'autres qui n'ont pas fait les démarches. Quelques-uns aussi qui ont obtenu le statut de réfugié mais ne trouvent pas d'emploi et ne savent pas où se loger, et certains qu'on évacue et qui reviennent...".
Des capacités toujours insuffisantes
La Coordination française pour le droit d'asile (CFDA), qui regroupe des associations d'assistance aux migrants rappelle que "la France a l'obligation d'accueillir dignement et d'héberger l'ensemble des personnes qui demandent une protection sur son territoire".Et elle explique :"Cet accueil doit en principe se faire dans des CADA (centres d'accueil pour demandeurs d'asile) où elles doivent être suivies et accompagnées tout au long de leurs démarches. Mais, en "dépit de créations importantes de places d'hébergement (+20.000 en deux ans), les capacités demeurent insuffisantes".
De son côté, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la création à la mi-septembre d'un centre humanitaire de réfugiés dans le nord de la capitale.