Près de l'aéroport de Paris Roissy-Charles de Gaulle, des riverains et associations souhaitent un couvre-feu. Il stopperait les décollages et atterrisages d'avions, la nuit. Romain Eskenazi, député socialiste du Val-d'Oise, s'est saisi du sujet. Quelle est la situation actuelle ?
Verra-t-on bientôt l'aéroport de Roissy fermé au trafic aérien, durant la nuit ? C'est en tout cas ce que souhaite Romain Eskenazi, député (Parti Socialiste) de Val-d'Oise. L'élu se place du côté d'habitants et collectifs proches du premier aéroport de France. Il compte déposer une proposition de loi pour un couvre-feu nocturne.
Près de cette plateforme mondiale, jusqu'à 310 000 personnes sont concernées par le bruit aérien entre 23 heures et 6 heures du matin. "Il s'agit de trouver un juste équilibre entre les riverains qui ne veulent plus de nuisances du tout, et les compagnies aériennes qui voudraient voler tout le temps. Selon moi, ce juste milieu est l'arrêt des décollages et des atterrissages de nuit", se justifie ce député de la 7e circonscription du Val-d'Oise.
On vous explique la situation actuelle sur cet aéroport et aux alentours.
Quelles sont les conditions de vol de nuit actuelles à Roissy ?
L'aéroport est ouvert 24 heures sur 24. Les avions y décollent et atterrissent avec une autorisation, à toute heure du jour et de la nuit. Un coordonnateur des horaires y existe : c'est une association indépendante qui gère les créneaux de vol. 17 500 créneaux sont attribués chaque année pour les décollages et atterrissages de nuit, ceux entre 0h30 et 5 heures du matin.
Il s'agit majoritairement de vols ultra-long-courrier, de destinations lointaines comme Tokyo. À noter qu'en plus des avions de passagers, d'autres décollent et atterrissent pour transporter uniquement du fret.
L'aéroport d'Orly est cité en exemple par ces habitants proches de Roissy : pourquoi ?
Dans cet autre aéroport du sud de Paris, la situation y est différente. Un couvre-feu est déjà en vigueur, depuis 1968. Cela signifie que les décollages et les atterrissages sont interdits entre 23h30 et 6 heures du matin. Sur cet aéroport, le nombre de mouvements d'avions (décollages et atterrissages) est en outre limité à 250 000 créneaux par année.
À noter qu'en mai dernier, comme nous l'indiquions dans notre article, l'État y envisageait de maintenir la même quantité de trafic aérien la nuit. C'est-à-dire autant d'avions qui en décollent et qui y atterrissent, avant 23h30. Cette proposition prévoyait aussi d'augmenter ces mouvements, avec l'arrivée d'avions plus récents et plus respectueux de l'environnement.
Que dit l'Europe au sujet du bruit autour des aéroports ?
La commission européenne s'est prononcée en deux temps. Les exploitants d'aéroport et les compagnies aériennes doivent d'abord agir sur leur activité : "Si l'État souhaite réduire le bruit sur un aéroport, il faut étudier les mesures le permettant." En pratique, les avions peuvent effectuer la procédure d'atterrissage avec les moteurs au ralenti ou utiliser les pistes les moins gênantes niveau bruit. Il peut s'agir aussi d'étudier les solutions d'insonorisation des bâtiments ou des logements.
Ce n'est que dans un second temps, qu'il peut avoir des restrictions d'accès. "Celles-ci ne devraient donner lieu à des mesures de réduction du bruit supplémentaires que si la combinaison actuelle des
mesures d’atténuation du bruit ne permet pas d’atteindre les objectifs fixés en matière de réduction du bruit", indique exactement la commission européenne.
Dans ces conditions-là, les mesures de limitation des mouvements ou de couvre-feu peuvent alors être envisagées par l'État.