Avec ce nouveau document, la famille d'Adama Traoré, ce jeune homme décédé il y a deux ans et demi à la suite d'une interpellation policière, espère relancer les investigations grâce à cette nouvelle expertise médicale. L'un des avocats des gendarmes parle d'une "méthodologie nébuleuse".
Ce sont quatre professeurs d'hôpitaux parisiens qui ont rédigé ce nouveau rapport, remis ce lundi, in extremis, aux juges d'instruction. Dans ce rapport, ils expliquent : "Nous affirmons que le décès de M. Adama Traoré ne peut être imputé, ni à la sarcoïdose de stade II, ni au trait drépanocytaire, ni à la conjonction des deux. [...] Cela justifie de se poser la question de l'asphyxie positionnelle ou mécanique".
"Cette expertise dit deux choses", détaille à France3 Île-de-France Me Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille d'Adama Traoré. "Aucune pathologie n'est à l'origine du décès [et] la cause la plus probable du décès résulte des conditions d'interpellation, à savoir l'asphyxie mécanique qui a pu conduire à la mort. En tant qu'avocat, je dis que cette expertise réalisée par des spécialistes met clairement en avant la responsabilité des gendarmes dans le décès d'Adama Traoré."
Bataille d'experts sur la cause du décès
Mi-décembre, les juges d'instruction avaient décidé de ne pas mettre en examen les trois gendarmes au coeur de l'interpellation d'Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans, le 19 juillet 2016 à Beaumont-Sur-Oise (Val-d'Oise), au terme d'une course-poursuite. Ils s'appuyaient notamment sur une expertise médicale de synthèse, remise en septembre et concluant que le pronostic vital du jeune homme était "engagé de façon irréversible" avant son arrestation, exonérant les gendarmes de toute responsabilité. Selon les quatre experts mandatés par la justice, c'est une maladie génétique, la drépanocytose, associée à une pathologie rare, la sarcoïdose, qui a entraîné une asphyxie à l'occasion d'un épisode de stress et d'effort.Mais les professeurs choisis par la famille, dont deux spécialistes de ces maladies, leur répondent en dénonçant une conclusion "médicalement fausse car elle ne repose que sur des spéculations théoriques sans fondement scientifique, en l'état actuel des connaissances". Les médecins vont même jusqu'à accuser leurs confrères d'avoir rendu des "conclusions biaisées sur le plan intellectuel, voire de l'éthique médicale".