Après l'évacuation en urgence d'un immeuble menaçant de s'effondrer à Bry-sur-Marne, le maire attend du bailleur "une réhabilitation totale de la résidence"

Après que le maire de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) a engagé une procédure de péril en raison de fissures dans une résidence. 34 familles ont été évacuées en urgence dans la nuit de vendredi à samedi. Des expertises, diligentées par le bailleur social qui possède les logements, sont actuellement en cours.

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Dans la nuit du 18 au 19 novembre, un peu moins de 70 habitants de la résidence Les Collines de Bry de Bry-sur-Marne ont été évacués en urgence de leurs appartements. Les 34 familles concernées ont toutes été relogées provisoirement à l'hôtel Ibis situé à proximité. La mairie, la police nationale et le bailleur social 1001 Vies Habitat - à qui appartiennent les logements concernés - ont coordonné cette évacuation de deux bâtiments. 

Plus tôt dans la journée de vendredi, une locataire appelle la mairie pour signaler des fissures apparentes grandissantes et des bruits de craquement. Charles Aslangul, le maire (Les Républicains) de Bry-sur-Marne diligente alors une expertise qui conclut à un "danger périlleux imminent" menaçant la structure du bâtiment. Elle indique qu'une "fissure dans le mur porteur", en béton armé, court "du sous-sol au toit, donc remonte l'ensemble de l'édifice", mais également que "des terrasses se décollent" et que "des murs s'affaissent", rapporte Charles Aslangul mardi.  

"Des fissures repérées depuis quelques années"

Après avoir réuni une cellule de crise, le maire décide de prendre un arrêté de péril et d'ordonner l'évacuation des logements concernés. "La décision, en tant que maire, a été très difficile à prendre dans la mesure où il a fallu évacuer en plein milieu de la nuit, à minuit, 34 familles avec, pour certaines, des enfants en bas âge, pour d'autres, des personnes en situation de handicap", souligne le maire de la commune. Les frais d'hôtel et les repas sont pris en charge par le bailleur 1001 Vies Habitat "autant que possible", indique Charles Aslangul.

"Des fissures avaient été repérées depuis quelques années, des fissures sans gravité et sans signes menaçants", affirme mardi Nicolas Brunet, directeur Ile-de-France de 1001 Vies Habitat. Il assure que le conseil syndical suivait la situation et qu'un projet de rénovation des façades était à l'étude. 

"À la rentrée de septembre, on a constaté une accélération des mouvements sur le bâtiment et une locataire nous a alertés", reconnaît-il. Deux éléments qui ont conduit 1001 Vies Habitat à "missionner un bureau d'étude spécialisé qui est venu faire des relevés, des constatations" et qui a également donné au bailleur des "préconisations techniques mises en œuvres au mois d'octobre avec la pose d'étais de soutènement dans le parking de la résidence". La mise en place de ces étais "a permis de stopper les évolutions et donc l'agrandissement des fissures", assure Nicolas Brunet. 

"J'appelle le bailleur à prendre ses responsabilités"

Des vérifications avec des contre-expertises et des expertises plus poussées, commanditées par le bailleur, sont actuellement en cours et devraient se terminer à la fin de la semaine. "Notre premier objectif est de permettre aux locataires de réintégrer leur logement dans des conditions de sécurité parfaites. On demande donc à nos experts de nous préconiser d'éventuelles autres mesures de renforcement, provisoires certes, mais qui garantiront la sécurité des habitants. Et dans un deuxième temps, nous enchaînerons immédiatement sur l'établissement d'un programme de travaux définitifs", détaille Nicolas Brunet. 

De son côté, le maire de Bry-sur-Marne "appelle le bailleur à prendre ses responsabilités" en livrant rapidement les conclusions de ses expertises pour ensuite "débloquer les fonds et rénover le bâtiment". Charles Aslangul met en garde 1001 Vies Habitat : "Je n'attends pas du bailleur, et les habitants non plus, des rustines. J'attends une réhabilitation totale de la résidence de la place de la Fontaine. Je veux que le bailleur rénove l'ensemble des bâtiments dont il a la charge", souligne-t-il. 

Déterminer la cause des fissures

Dans un communiqué, le bailleur estime que la canicule de cet été "a contribué à fortement dégrader la situation, en entraînant des mouvements de terrain". Des géotechniciens étudient actuellement les poutres et les murs porteurs des bâtiments concernés. Ils devront ensuite procéder à des prélèvements, faire des essais pressiométriques et des tests en laboratoire afin de déterminer les causes des fissures. 

"Est-ce que le terrain actuel est réactif à la sécheresse, est-ce c'est la faute des fondations ou celle de la structure ? À ce jour, personne n'est capable de le dire mais les fissures ne sont pas graves. Il y a eu Marseille, Lille, donc tout le monde fait attention, c'est normal", estime Florent Danet, géotechnicien pour l'entreprise Thergeo.

1001 Vies Habitat explique avoir déjà été confronté à des problèmes de fissures sur des sols comme celui-là, argileux, qui bougent. La solution est alors de "retravailler sur les fondations de l'immeuble en mettant en place des micropieux très solides qui permettent de garantir que le bâtiment ne bouge plus", explique Nicolas Brunet. 

Une réunion d'information a eu lieu avec les locataires et des élus mardi matin. Si le diagnostic ne permet pas le retour des habitants dans leur logement, le bailleur promet de leur trouver une solution. "Nous serions contraints de reloger l’ensemble des locataires en coordination avec nos partenaires : Action Logement, les autres bailleurs, la Préfecture, la Ville", écrit-il dans son communiqué. 

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