Ce vendredi, la ville de Saint-Maur-des-Fossés organisait comme chaque année des exercices de crues pour se préparer à une éventuelle montée des eaux. Le service public municipal, la réserve communale de sécurité civile et plusieurs habitants étaient invités à y participer.
Dès 9h30 ce vendredi, les équipes municipales sont en place quai de La Pie pour fermer les batardeaux, des portes anti-inondations amovibles et rapides à installer en cas de montée des eaux. "Ça évite les débordements et empêche aussi l’accès aux bords de Marne", explique l’un des agents municipaux.
En 2018, lors de la dernière grande crue, ces murettes avaient déjà été installées, empêchant la submersion de la chaussée et l’infiltration de l’eau dans les habitations le long des berges. Cette année-là, la Marne avait atteint 5,34 mètres.
Une digue-mobile anti-crue
Un dispositif efficace donc, mais qu’il faut tester chaque année, car la commune de Saint-Maur-des-Fossés est particulièrement exposée aux risques d’inondations. La ville est, en effet, entourée par la Marne sur plus de 12 kilomètres, elle s’est donc dotée d’une nouvelle arme anti-inondations : une digue mobile de 66 centimètres sur 800 mètres de long.
Ce système, inventé et utilisé au Canada, a été acheté par la municipalité suite aux inondations de 2018. "On a identifié un point bas à Saint-Maur, où il n’y a pas de murettes anti-crues. Dans ce secteur, la digue est déployée dès qu’il y a un risque de montée des eaux", explique Yohann Fischer, chargé du risque auprès de la direction générale des services de Saint-Maur-des-Fossés.
Selon la Cour des comptes, la prévention du risque d’inondation est insuffisante en Île-de-France
Financée par la municipalité de Saint-Maur, cette digue serait toutefois insuffisante pour affronter des crues semblables à celles de 1910 selon Sylvain Barrios, maire de Saint-Maur des fossés. "A Saint-Maur, nous sommes prêts à affronter des crues du même type qu’en 2016 et 2018, mais l’Île-de-France est en danger en cas de crue centennale. Notre système d’endiguement, aujourd’hui, n’est pas à la hauteur. Il est obsolète, car construit dans des années où l’urbanisation n’était pas aussi massive, mais aussi désuet, car non-entretenu depuis une trentaine d’années", affirme l’élu.
Un constat partagé par la Cour des comptes, le 18 novembre dernier. Dans son rapport, elle prévient que l’Île-de-France n’est pas suffisamment préparée aux risques d’inondations. Les magistrats financiers rappellent pourtant que "les inondations représentent - après la sécheresse - l’un des risques naturels les plus importants" et exhortent l’Etat, les collectivités locales et les opérateurs de réseaux à renforcer les opérations de sensibilisation auprès des Franciliens et à se coordonner pour limiter ce risque.
La Cour des comptes souligne aussi que les dernières crues importantes ont coûté respectivement 1,4 milliard et 150 à 200 millions d’euros. "Selon une évaluation récente de l’OCDE, une crue centennale atteignant la hauteur maximale atteinte par celle de 1910 (soit 8,60 mètres au pont d’Austerlitz) causerait des dommages directs dont le coût avoisinerait les 30 milliards d’euros", préviennent-ils.