Émeutes après la mort de Nahel : suite aux mesures sécuritaires, un volet social dévoilé à Chanteloup-les-Vignes

Au lendemain d'annonces sécuritaires en réponse aux émeutes de l'été, Elisabeth Borne a dévoilé lors d'un comité interministériel des villes, à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, une seconde salve de mesures pour les quartiers populaires, visant notamment à y enrayer la concentration de la pauvreté.

Les élus de ces quartiers populaires, en première ligne lors des émeutes de l'été, attendaient avec impatience ce comité, reporté à plusieurs reprises, pour répondre à leurs problématiques. Ils doivent négocier avec l'Etat, d'ici au 31 mars prochain, le cadre de la politique de la ville sur leur territoire jusqu'en 2030.

À Chanteloup, dont plus de la moitié des habitants vivent dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), la Première ministre a dégainé une mesure choc : la consigne donnée aux préfets de ne plus attribuer de logements aux ménages les plus précaires bénéficiant du droit au logement opposable dans ces quartiers, au nom de la mixité sociale.

Une mixité est "nécessaire"

"Toutes les difficultés ne doivent pas être rassemblées au même endroit. La mixité est une chance. Elle est nécessaire", a-t-elle martelé. Les ménages "Dalo" (Droit au logement opposable) disposent d'un droit au logement reconnu par une commission et doivent être prioritaires dans l'attribution de logements sociaux.

Près de 35 000 ont obtenu la reconnaissance de ce droit en 2022, et plus de 93 000 restent en attente d'un relogement malgré cette reconnaissance, en grande majorité en région parisienne. Les préfets devront également stopper la création de nouvelles places d'hébergement d'urgence, destinées aux personnes sans domicile, dans ces mêmes quartiers.

"Testing" relancé 

Parmi les autres mesures annoncées par Matignon, un programme "Entrepreneuriat Quartiers 2030", doté de 456 millions d'euros sur quatre ans, visant à favoriser la création d'entreprises dans les QPV.
Pour lutter contre les discriminations à l'embauche, au logement ou dans l'accès aux prêts bancaires, le gouvernement va également lancer "dès 2024 des opérations de testing massives", a annoncé la cheffe du gouvernement.

Le testing consiste à envoyer au même employeur, bailleur ou banquier des CV ou dossiers de personnes différenciées seulement par un point pouvant faire l'objet de discrimination (couleur de peau, nom à consonance étrangère, adresse, handicap...). Pilotée par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme (Dilcrah), cette politique visera "à terme 500 entreprises par an", selon Matignon.

L'éducation, priorité selon nombre d'élus pour atténuer les inégalités entre quartiers populaires et reste du territoire, bénéficie de plusieurs mesures : l'extension des cités éducatives, où la prise en charge des élèves est renforcée, et l'ouverture garantie des collèges de 8h à 18h dès la rentrée 2024.

Les bibliothèques verront également leurs horaires d'ouverture étendus dans 500 quartiers, promet Matignon. Et la géographie de l'éducation prioritaire, dont les établissements bénéficient de davantage de moyens, va être progressivement réformée pour coller exactement à celle des QPV.

Le programme "Quartiers résilients"

Pour la transition écologique des quartiers populaires, le programme "Quartiers résilients", visant à verdir la politique de la ville, concernera 24 quartiers supplémentaires, avec 250 millions d'euros fléchés en ce sens contre 100 millions auparavant.

Le gouvernement veut également doubler la part du Fonds vert, doté de 2 milliards d'euros, allouée aux QPV, pour la porter à 15%, et va présenter avant la fin de l'année un projet de loi pour favoriser la rénovation des copropriétés dégradées, dont l'entretien correct n'est plus assuré à cause d'une accumulation de charges impayées.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité