L'inflation alimentaire a augmenté de 11,9 % en 2023 selon Familles Rurales, l’une des principales associations de défense des consommateurs. Une hausse des prix qui contraint les consommateurs à faire des choix, à modifier leurs comportements d'achats en choisissant des enseignes à bas coût. Reportage à Houilles dans les Yvelines.
Benjamin déploie sa note. Longue comme son bras. "Là, franchement, ça a pris entre 30 et 40 % depuis un an. C'est énorme ce que ça a pris. La preuve, j'en ai eu pour 325 € et si vous regardez bien, c'est que des conserves et de l'alimentation de base, il n'y a même pas de shampoing ! ", fait-il remarquer. Ce matin, Benjamin père de trois ados est venu faire ses courses à Houilles dans les Yvelines, à 20 minutes de son domicile, a la recherche "de meilleurs prix".
"La désinflation est en bonne voie", selon les dernières projections de l'INSEE. La hausse des prix ralentit : 3,1 % en ce début d'année, 3,7 % en décembre contre 6 % un an plus tôt. Il n'empêche. Il y a ce que disent les experts économiques et il y a "le ressenti" comme le dit Benjamin, et faire ses courses aujourd'hui : "ça pique encore vraiment beaucoup !"
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"On fait plusieurs magasins"
Comme Benjamin, Angélique et son fils Malik, résidents en Bezons dans le Val-d'Oise traquent les "meilleurs qualité prix". "On fait plusieurs magasins", expliquent-ils en sortant le panier à la main de chez Action, un discounter qui jouxte dans cette zone commerciale une enseigne Leclerc. "Moi, je vais y chercher des produits de base pour les utilitaires. Je vais aussi dans des enseignes à bas prix, à Aldi, à Lidl,". Angélique a changé son comportement d'achat pour tenter de limiter ses frais. Malgré cela, Angélique constate que ses dépenses en alimentation ont fortement progressé. "Avant, j'étais à 40-45 euros pour une matinée de course. Maintenant, je suis arrivé à 60/65 euros, j'en suis sûr, j'ai 20 euros de plus de course à chaque fois !", déplore Angélique.
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La chasse aux promos
Selon le dernier baromètre publié le 5 février dernier de l'observatoire Cetelem, une structure d’études et de veille économique qui décrypte l’évolution des modes de consommation, "60 % des Français ont restreint leurs achats de vêtements et chaussures et plus de 4 sur 10 leurs dépenses alimentaires". Face à l'inflation, le consommateur français opère des arbitrages sévères selon cette étude. "55 % des personnes interrogées en France disent que leur pouvoir d’achat a baissé (...) 79 % d'entre eux affirment avoir davantage recours aux promotions et aux prix bas", observe ce rapport.
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Arnaud, père de 5 enfants, vient de Colombes dans les Hauts-de-Seine, pour ce matin, remplir son caddie avec pas plus de 3 ou 4 articles différents. "J'ai acheté 80 litres de lait parce que c'était en promo et avec ce que consomme ma famille, ça va partir en moins de deux mois !", assure-t-il. "Avant, j'achetais à 60 centimes le litre et maintenant, c'est un euro", calcule Arnaud qui a modifié ses habitudes d'achats. Avant, mon grand pôle de dépense, c'était le loyer maintenant, c'est l'alimentaire", constate ce père de famille qui traque les bonds plans pour tenter de "préserver son budget alimentation". Selon l'observatoire Cetelem, 41% des Français avouent manger moins que par le passé pour protéger leur porte-monnaie.
Manger mieux
"Moi je fais maintenant ma soupe, je n'achète plus de produits transformés c'est le piège, c'est cher ! Il faut aller à la base, acheter ses légumes, j'achète les produits de base que je mets dans le congélateur. Par exemple les poireaux parfois, c'est moins cher en surgelés", commente Angélique. En 2023, le prix des aliments bons pour la santé s'est envolé, selon l'association de consommateurs Familles Rurales, qui publie chaque année un observatoire des prix des biens de consommation courante.
S'inspirant des préconisations officielles du Plan national nutrition santé (PNNS, 5 fruits et légumes par jour, produits céréaliers complets tous les jours...), l'association a calculé que pour une famille de deux adultes, deux enfants, un panier de base coûtait désormais 539 euros par mois. "Pour composer notre panier, on a pris les cinq fruits et légumes les moins chers, on a pris les féculents les moins chers, les poissons les moins chers, les viandes les moins chères, les produits laitiers les moins chers : bref, c'est vraiment le minimum du minimum !", explique Nadia Ziane, directrice du département consommation de l'association Familles Rurales.
L'an dernier, les prix "de nombreux produits sains pour notre santé" ont beaucoup augmenté, constate l'association qui répertorie dans son rapport quelques hausses notables depuis un an.
#Consommation I #Consommation | +40% sur le prix des carottes : plusieurs produits sains impactés par l'inflation en 2023.
— Familles Rurales (@FamillesRurales) January 26, 2024
+40% carotte 🥕
+24,8% maquereau🍤
+23,2% lait demi-écrémé 🥛
+21% huile d’olives 🫒
+20,4% riz 🍚
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En matière de choix d'achats alimentaires, l'association incite aujourd'hui les consommateurs à arbitrer en faveur des fruits et légumes. "On rabâche à longueur de journée que les fruits et les légumes ça coûte cher (...) mais si la carotte, par exemple a augmenté de 40 % l'an dernier, ça reste encore accessible", précise Nadia Ziane, "Quand vous êtes à l'affût des 5 fruits et légumes les moins chers de l'année, ça coûte moins d'un euro cinquante le kilo toute l'année et il y a 80 à 100 variétés produites", argumente-t-elle.