"Intense" ou "madeleine de Proust" : pour ses 570 caravaniers, le Tour de France est un événement qu'ils attendent avec impatience et impétuosité toute l'année. Ce dimanche 23 juillet se déroulait la 21e et ultime étape du Tour, du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines aux Champs-Élysées. Immersion.
Au départ de l'avenue du Passage du Lac à Saint-Quentin-en-Yvelines, l'ambiance est au beau fixe. La météo, un peu moins. Sous la pluie et sous le vent, la caravane s'agite une dernière fois pour cette 21e et ultime étape du Tour. Face à son impressionnant gabarit, la foule danse à en faire trembler les pavés.
Muni de son micro, Hugues motive les troupes de caravaniers, toutes équipes de marques confondues. Sur le Tour, en trois semaines, ils ont toutes et tous eu le temps de se connaître, peu importe l'étendard. Il n'est même pas l'heure du départ, que les Sapeurs-Pompiers se sont déjà invités dans la danse. La piste ayant repris son calme, les caravaniers prêtent alors toute leur attention aux discours de fin d'aventure devant le responsable de la caravane du Tour de France.
Parenthèse aussitôt close que le cortège de caravanes prend le départ de Saint-Quentin-en-Yvelines. L'ambiance est à la rigolade et à l'amusement, comme en témoigne la vidéo ci-dessous.
La traversée sous la ferveur des Yvelinois
Première traversée, celle des Yvelines. Montigny-le-Bretonneux, Plaisir, les Clayes-sous-Bois avant de passer par Trappes, Élancourt ou encore Versailles. Un véritable tour du département. Sur le bord de la route, les spectateurs espèrent récupérer quelques petits cadeaux.
"Chaque année, j'attends le mois de juillet avec impatience. [...] C'est mon mois de rockstar"
Hugues Monjoanimateur caravanier
Une sorte de "madeleine de Proust" pour Hugues Monjo, qui rêvait plus jeune au passage de la caravane : "Il y a 13 ans, j'ai reçu une proposition pour intégrer la caravane du Tour, j'ai dit 'oui' évidemment !".
Depuis l'animateur caravane Krys ne rate pas une seule édition du Tour : "Chaque année, j'attends le mois de juillet avec impatience. C'est une telle dose d'énergie, c'est assez extraordinaire, c'est mon mois de rockstar", s'amuse cet animateur et chef de projet événementiel.
"Une belle énergie se dégage aujourd'hui... Même sous la pluie !"
Hugues Monjoanimateur caravanier
Du haut de la caravane, Ludivine Phelippeau, étudiante de 23 ans, commence à tendre les très attendus cadeaux. Ce n'est qu'après seulement cinq minutes de cortège, que la caravane s'engouffre au pas de course dans la rue Laurent Fignon, qui entoure le Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. En contrebas, les fans de vélo douchés par la pluie de 13 heures.
Si la foule attend avec impatience le départ du peloton à 16h30, c'est avec ferveur qu'ils accueillent la caravane du Tour deux heures plus tôt. "Une belle énergie qui se dégage aujourd'hui... Même sous la pluie !, clame Hugues. Vous savez nous, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, nous sommes là". Gâtée, comme chaque Tour de France, par les caravaniers qui leur distribuent cadeaux et couvre-chefs, la foule répond présent malgré la météo.
Aussitôt redémarrée, qu'il n'est que 14h45 quand la caravane atteint la commune des Clayes-sous-Bois, toujours dans les Yvelines. Hugues ne fatigue pas d'un poil, chaleureusement accueilli par les Clétiens. Quelques mètres plus loin, le panneau de la commune de Plaisir s'annonce. "Salut Plaisir ! Bonjour, bonjour ! Salut, à toi !", clame-t-il à un enfant près des barrières. "Quand j'étais enfant, j'essayais désespérément d'attraper des cadeaux. Ce sont les souvenirs qu'ont eu celles et ceux qui travaillent sur le Tour de France", confie-t-il entre deux annonces à Plaisir. "C'est mon douzième Tour de France. C'est toujours un réel plaisir."
"C'est un événement gratuit où tu n'as juste qu'à sortir de chez toi et à te placer au bord de la route"
Hugues Monjoanimateur caravanier
"C'est hallucinant le Tour de France. Même là, s'il pleut, il y a toujours du monde", affirme-t-il. Pour Hugues Monjo, l'attrait du Tour, c'est son aspect inédit que l'on trouve "nulle part ailleurs". Si y assister ne coûte rien à ses spectateurs, il souligne un événement qui favorise la proximité : "C'est un événement gratuit où tu n'as juste qu'à sortir de chez toi et à te placer au bord de la route". Quand certains peuvent s'asseoir et assister au ballet de caravanes et de vélos pendant plusieurs heures, la majorité des caravaniers eux, sont debout durant tout le cortège.
"Nous défilons debout parfois pendant six heures en fonction de l'étape. [...] Mais c'est du kiff du début à la fin !"
Ludivine Phelippeauhôtesse caravanière et étudiante
"C'est intense, c'est fatigant mais c'est tellement génial !", confie Ludivine Phelippeau, une étudiante de 23 ans qui est à son deuxième Tour de France en tant qu'hôtesse caravanière. "Il faut être harnaché, car le véhicule bouge beaucoup. Nous défilons debout parfois pendant six heures en fonction de l'étape, indique l'étudiante en école de commerce. Mais c'est du kiff du début à la fin !".
À Élancourt, au même titre que le peloton deux heures après, la caravane du Tour passent près du site historique de la Commanderie des Templiers avant de rejoindre l'avenue des Frères Lumière dans le sud de la commune de Trappes-en-Yvelines. Après une remontée au nord par Montigny-le-Bretonneux, puis Guyancourt, le cortège s'élance vers la cité royale de Versailles. Les premiers Versaillais accueillent la caravane le long de la rue du Maréchal Joffre, près du Potager du Roi.
Les deux virages de la rue de l'Orangerie passés sans difficulté, mais en s'accrochant un peu, le cortège publicitaire défile face au château de Versailles, avant de déboucher sur la majestueuse rue de Paris où la foule s'amoncelle aux barrières. Après Versailles, la caravane continue son trajet sur cette 21ème étape du Tour de France. Elle s'élance sur la route départementale 10, et traverse ainsi la commune Chaville, dernière commune avant d'entrer dans le département des Hauts-de-Seine.
La côte du Pavé des Gardes ouvre les Hauts-de-Seine
Deuxième traversée, celle des Hauts-de-Seine. La caravane se retrouve plongée dans la dense forêt domaniale de Meudon. Sauf qu'ici, les coureurs seront confrontés à la côte du Pavé des Gardes, à 180 mètres. La caravane s'engage audacieusement dans à 6,5% sur 1,4 kilomètres. Il s'agit de la seule côte, de catégorie 4, de cette dernière étape.
Au sommet, les habitants de Sèvres accueillent les caravaniers et leurs précieux cadeaux, avant de descendre la route des Gardes, via Meudon, pour atteindre la Seine et l'île Saint-Germain. Le quai d'Issy-lès-Moulineaux est ensuite longé par la caravane du Tour.
L'arrivée à Paris, signe de la fin d'une aventure
Après près de 59 kilomètres, le cortège fait son entrée sur le circuit final de Paris au niveau du quai d'Issy, face au siège de France Télévisions.
Les boulevards des Maréchaux sont ensuite parcourus avant de bifurquer vers le nord pour rejoindre la rue d'Alésia. Enfin, vient le croisement du boulevard de Port-Royal avant d'atteindre de nouveau les quais de Seine sous les yeux ébahis des touristes et promeneurs de la place Saint-Michel. Dès lors, les caravaniers sentent que l'aventure est terminée : l'arrivée aux Champs-Élysées, si proche.
Sur l'avenue des Champs-Élysées, ils paradent fiers du chemin qu'ils ont, eux-aussi, parcouru. Ils profitent d'un arrêt de deux minutes, pas plus, pour descendre en trombe sur les pavés, et prendre une photo, un cliché qui restera gravé dans leurs mémoires. Les coureurs sont attendus quelques heures après les caravaniers, qui cèdent la place. Ils se mettent en route vers les Invalides, où ils bouclent leur étape de la traditionnelle caravane du Tour.