Le procès du producteur de foie gras Ernest Soulard, cité pour "actes de cruauté" par une association de défense des animaux qui milite contre le gavage, s'est ouvert jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon.
L'association L214 poursuit la société vendéenne Ernest Soulard, qui fournit en foie gras de grandes tables parisiennes, pour "sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux" et pour "mauvais traitements envers un animal", sur citation directe, une procédure sans enquête de police, où le tribunal juge sur les pièces produites par les parties.
En novembre 2013, L214 avait mis en ligne sur son site internet une vidéo dénonçant les conditions de gavage des canards dans des fermes sous contrat avec la société Ernest Soulard, basée dans la commune de L'Oie (Vendée). On y voyait notamment des canards cantonnés dans des cages individuelles, ne pouvant pratiquement pas bouger.
Des images à l'origine contestée
A l'audience, les salariés de l'association ont expliqué avoir obtenu les images par une personne ayant eu accès aux différentes salles de gavage de la société et eu "la certitude" de leur authenticité grâce aux logos de l'entreprise présents sur les portes des bâtiments et les vêtements des employés.Le montage vidéo comprend des plans larges et des plans serrés, et "rien ne permet de dire que ces images en gros plan ont été faites chez Soulard", a argumenté l'avocat du producteur, Emmanuel Soussen.
La société Ernest Soulard avait porté plainte pour "violation de domicile" et le parquet de La Roche-sur-Yon avait ouvert une enquête pour "dégradations volontaires". Deux salariés de L214 et l'association elle-même en tant que personne morale ont été renvoyés devant le tribunal pour avoir notamment percé des trous dans différents bâtiments de l'entreprise pour capter des images.
Le procureur de la République requiert contre L214
La plainte de la société Soulard a été examinée en début d'audience. "Si la personne qui a filmé avait effectivement accès aux locaux de la société Ernest Soulard, pourquoi faire des trous dans les parois pour filmer avec des caméras filaires", a souligné Me Soussen.Le procureur de la République Hervé Lollic a requis respectivement des amendes de 10.000 euros à l'encontre de l'association L214 et de 2.000 euros contre son porte-parole pour recel de dégradations.
L'audience se poursuivait sur le volet "actes de cruauté". Plusieurs témoins devaient être appelés à la barre.
AFP
Le producteur de foie gras Ernest Soulard devant le tribunal pour "actes de cruauté"