Tracts, affiches et réunions publiques: à deux semaines de la consultation sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, partisans du "oui" comme du "non" font avec les moyens du bord pour convaincre les indécis, en l'absence de campagne officielle et donc de remboursement de leurs frais.
Le 26 juin, 967.500 électeurs de Loire-Atlantique sont invités à répondre à la question: "Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?" Cette consultation, qui n'a que valeur d'avis, avait été annoncée le 11 février par François Hollande avec l'idée de sortir du "blocage" de ce dossier vieux de 50 ans, contesté sur le terrain et devant les tribunaux, et qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre socialistes et écologistes.
Rendue possible après la publication d'une ordonnance et d'un décret, cette "procédure novatrice", selon les mots du préfet de Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, est "distincte de ce qui relève du code électoral" : pas de campagne officielle, pas de remboursement des frais engagés, et pas de commission de contrôle pour veiller au bon déroulement du vote dans chacun des 1.051 bureaux.
Sans jurisprudence, "nous inventons les règles", a expliqué le représentant de l'État lors d'une présentation des modalités d'organisation du scrutin, dont "chacune des étapes pourra être appréciée par le juge administratif".
Distorsion des moyens
S'il n'y a pas officiellement de campagne, l'État a en revanche eu "la volonté d'informer" les électeurs, et confié à la Commission nationale du débat public (CNDP) l'élaboration d'un document de synthèse "le plus clair et le plus objectif possible", mis en ligne jeudi et disponible dans les mairies, souligne le préfet.Et deux bulletins "oui" et "non", accompagnés d'une fiche explicative, sont envoyés par courrier à chaque électeur. Un débat, organisé mardi soir par trois médias locaux, a été l'occasion pour les partisans du "oui" et du "non", campés sur leurs positions, de mettre en avant la "distorsion des moyens" dans cette campagne.
Le Cédpa, Collectif des élus doutant de la pertinence de l'aéroport, l'une des principales associations d'opposants au projet, dénonce notamment un appel à dire "oui", adressé par l'Association des maires de Loire-Atlantique à tous les édiles du département, et signé par 116 d'entre eux, sur 212.
Ou encore la publication sur "l'Intranet de Cap Atlantique", une communauté d'agglomération regroupant 15 communes de Loire-Atlantique et du Morbihan, des "arguments du Syndicat mixte aéroportuaire", déplore Françoise Verchère, co-présidente du Cédpa.
A ces accusations de "dérapages", l'association "Des ailes pour l'Ouest", favorable au projet, oppose les "subventions reçues" depuis plusieurs années par les opposants à travers les réserves parlementaires dont disposent députés et sénateurs. "Nous n'avons que nos cotisations", grince le président de l'association, Alain Mustière.
Ces cotisations des adhérents et un appel aux dons ont permis de financer la campagne pour le "oui", budgétée à "50.000-60.000 euros", indique M. Mustière à l'AFP. "C'est une somme ridicule, mais on y va à fond, on met le paquet pour que le Oui l'emporte", poursuit-il. Les 4.000 adhérents de l'association sont ainsi mobilisés pour coller des affiches et tracter sur les marchés et dans les boîtes aux lettres.
Dans le camp du "non", la coordination des opposants, qui regroupe plus de 50 associations, collectifs, syndicats et mouvements politiques, mène aussi une campagne "de terrain", avec 24 réunions publiques programmées jusqu'au 20 juin et 200.000 tracts distribués, notamment lors d'opérations de porte-à-porte. Un financement participatif a permis de récolter 45.000 euros selon la coordination, qui a également reçu le soutien d'artistes, dont Bertrand Cantat, Emily Loizeau ou Sanseverino.