Les urgences sont en grève au CHU d'Angers depuis le 2 mai. Une grève qui n'empêche pas le fonctionnement du service car le personnel est requis pour assurer l'accueil du public. Mais une grève qui n'est pas près de s'arrêter.
Arrêts de travail non remplacés, manque de personnel, manque de matériel et des négociations avec la direction qui patinent. Le mouvement de grève aux urgences d'Angers s'enlise et même s'étend.
"La direction reste sourde à nos revendications et applique son plan d'économie depuis 2018" explique Emmanuel Dubourg, le secrétaire général de FO santé au CHU d'Angers. "Aujourd'hui, nous avons compris que le bon interlocuteur pour débloquer la situation, c'est le ministère de la Santé et non plus notre direction locale".
Des semaines à 48 heures de travail pour le médecins
En fait, les médecins et les soignants n'en peuvent plus. Les files d'attente aux urgences ne cessent de s'allonger et même le remplacement des arrêts maladies ne suffira pas à régler le problème.
" Aujourd'hui, 80 % des urgentistes dépassent les 48 heures de travail par semaine." indique Patrick Miroux, médecin urgentiste au CHU d'Angers. "Les médecins, les infirmières, les brancardiers sont fatigués mais surtout ils ont envie que l'on aboutisse ensemble à des solutions".
Une grève suivie à 80% selon la direction
Le manque d'effectif est particulièrement criant la nuit et lors des pics d'activité. "Les agents hospitaliers ne sentent plus en sécurité à ces moment là" reconnaît Emmanuel Dubourg. "Ils doivent gérer des patients qui deviennent violents. Certains arrivent en état d'ébriété et ne se contrôlent plus. En plus d'être pénible, le métier devient dangereux"
Côté direction, on reconnaît que la grève est fortement suivie (à 80%) et qu'il y a urgence à renforcer les équipes.
Selon le le DRH Laurent Renaut, des mesures avaient déjà été envisagées avant le début du mouvement pour renforcer le pool remplacement de deux personnes supplémentaires (un infirmier et un aide-soignant). Mais visiblement ça ne suffit pas. Quant aux augmentations réclamées, elle ne s'appuient, selon la direction, "sur aucune base d'attribution réglementaire".
Effet de contagion : 50 services d'urgence en grève
Tout est parti à la mi-mars des hôpitaux de Paris et aujourd'hui la contagion s'étend à une cinquantaine d'urgences en France. Derniers en date : ceux de Château-Gontier et du Mans.
Un collectif inter-urgence vient de se créer pour structurer la mobilisation au plan national. Il est prévu d'organiser une AG à Paris le 25 mai
Objectif : peser davantage pour demander des effectifs supplémentaires, une prime de 300 euros par mois pour les agents et davantage de lits pour désengorger les urgences encombrées par les brancards.