Après un printemps très pluvieux, c'est l'été qui donne des inquiétudes aux apiculteurs en Pays de la Loire. Les essaims n'ont pas trouvé à se nourrir au point que certains sont même morts de famine. Quant à la production de miel, elle sera décevante.
Déjà en mai dernier, les apiculteurs faisaient le constat que la miellée de printemps serait réduite. Trop de pluie. Les abeilles ne sortaient pas. On était même obligé de nourrir les essaims dans une période, où, normalement, ils auraient dû être en pleine production de miel.
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"On n'a même pas fait la moitié de ce qu'on fait d'habitude" avoue Romain Gautreau, apiculteur dans le Pays de Retz, en Loire-Atlantique. C'est quand même inédit de nourrir les colonies en pleine saison !".
Les apiculteurs espéraient se refaire en été, rien n'était définitivement joué.
"Il suffit qu'il fasse beau trois jours de suite et elles (les abeilles) renversent la tendance", voulait croire Loïc Leray, président du Centre d'Etude Technique Apicole de Loire-Atlantique (CETA) et propriétaire de 500 ruches au nord de Nantes. Mais quand ça veut pas, ça veut pas.
"Si l'année prochaine n'est pas bonne, on va commencer à souffrir"
Après un printemps arrosé, c'est un début d'été de la même couleur qui pourrit la saison de production.
"Les colonies ne sont pas populeuses et donc pas en état de produire" déplore Romain Gautreau. Même s'il reconnait qu'il faut de l'eau pour le trèfle, il faut quand même du beau temps aussi, ajoute-t-il.
"Cette année, on est plus dans la survie des colonies que dans la production de miel."
Ça fait 15 ans qu'il est installé et il a un peu de stocks. "Mais pour un jeune qui débute, c'est compliqué, dit-il. Si l'année prochaine n'est pas bonne, on va commencer à souffrir."
Des perspectives de production incertaines
Même bilan négatif de la saison chez "Miel Girard", dans le Maine-et-Loire. La production de miel de châtaigner se présente correctement, mais les ruches ont été affaiblies par le printemps catastrophique et les températures qui ont eu du mal à remonter.
Les fleurs ne s'ouvrent pas et tout est humide.
Aude BeaufilsCogérante Miel Girard
"On est obligé de réagir au jour le jour" explique Aude Beaufils, cogérante de l'entreprise, qui se sent bien incapable d'annoncer un chiffre de production pour cette saison 2024 qui va se terminer.
"On s'appelle avec les collègues, plus personne ne se prononce. Les apiculteurs qui ont 30 ou 40 ans d'expérience sont perdus. Le froid, la pluie. On ressent de plein fouet les effets du changement climatique."
Dans ses ruchers répartis sur plusieurs départements, plusieurs essaims sont morts de faim.
Des épisodes climatiques difficiles qui se rapprochent
Chez Thomas Apiculture, à Pornic, vendeur de matériel apicole, on s'attend à des retombées à l'automne. Au moment où, normalement, les apiculteurs font leurs achats de matériel
"Il y a eu très peu d'extraction cette saison, les apiculteurs ne vont pas investir" craint Cédric Leray. L'entreprise qui a aussi un magasin à Montpellier et un autre près de Bordeaux, constate que sur la côte Atlantique, l'année 2024 a vraiment été différente que la précédente.
Les anciens dans la profession ont tous en mémoire de mauvaises années. Romain Gautreau, lui, note que les épisodes de canicules qui réduisent la saison de production et les épisodes de pluie qui empêchent les essaims de sortir, ont tendance à se rapprocher.
"On est de plus en plus confrontés à des années où il faut s'adapter" dit-il.
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