À Guérande, une surproduction de sel à double tranchant pour les paludiers

Comme en 2022, les productions sont précoces et à la hausse. Les producteurs de sel voient cela du bon œil pour leur chiffre d'affaires. Revers de la médaille : ce travail physique est de plus en plus compliqué à exercer sous la chaleur.

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La saison 2023 est lancée pour les producteurs de sel. Cet hiver, le réseau de canaux a été entretenu minutieusement par l'ASA, une association chargée des digues. Elle permet d'éviter tout risque d'inondation dans les marais salants.

Il y a quelques semaines, pour la plupart des paludiers d'ailleurs, les œillets ont commencé à se remplir, plus tôt qu'à la normale.

Hausse de la production, fatigue des paludiers, intégration du changement climatique dans le système de travail de chacun, la saison estivale est une période chaude pour les producteurs de sel.

2023, effet miroir de 2022 ?

En 2022, les récoltes ont été historiques. "J'ai obtenu près de 250 tonnes de gros sel" sur près de 70 œillets, confie Sébastien, un paludier indépendant, situé à Guérande.

Une quantité record, qui a ses avantages et ses inconvénients. D'après Stéphane Jaffrelot, paludier de la Roulotte Bleue, "c'était considérable d'avoir autant". Des stocks faméliques, ça n'existe presque plus avec le changement climatique.

Les fortes chaleurs, en continu, ont néanmoins des conséquences moins positives sur les récoltes. "Je me suis retrouvé avec 8 tonnes de fleurs de sel l'an dernier. La sécheresse fait diminuer la production de gros sel. On se retrouve avec de la fleur de sel. C'est bien, car ça se vend facilement, mais on préférerait obtenir du gros sel", avoue Sébastien.

Le gros sel est une préférence pour ce paludier, qui vend en plus grande quantité ce type de produit à Trad y Sel, un de ses négociants.

La sécheresse permet de produire plus dans les œillets, mais elle crée des hivers secs et les paludiers doivent désormais anticiper les saisons.

"Presque une question de surproduction"

À l'année, la pluie permet de réguler les stocks. Mais le problème provient de ces deux dernières années notamment, où les hivers secs ont été à l'origine d'une production trop abondante.

Si certains souhaitent à tout prix stocker pour plusieurs années et assurer leur rentabilité, Stéphane Jaffrelot, paludier indépendant, insiste sur le fait qu'avec les chaleurs actuelles : "dans trois semaines, il est possible que mon stock soit déjà plein. À quoi bon chercher à produire plus ? Je vais quasiment pouvoir prendre des vacances avec ma famille. Je ne vais pas le faire parce que je fais de la vente directe, mais nos stocks depuis deux ans se remplissent à une vitesse..."

Les saisonniers, la main d'œuvre en or des paludiers

Au mois de mai, les sauniers lancent des alertes d'emploi. L'idéal pour Sébastien et Stéphane est un contrat de juin à septembre. Mais ils doivent s'adapter à l'offre, qui dépasse rarement les deux mois de contrat. 

"J’ai 56 ans, le corps commence à s’épuiser. J’ai mal au poignet, j’ai mal aux épaules. On est déjà en souffrance. Sans les saisonniers, on n'y arriverait pas."

Stéphane Jaffrelot

Paludier propriétaire de la Roulotte Bleue

Une fois sur place, c'est un travail en deux temps : l'adaptation et la formation. Travailler deux mois, exposé en plein soleil, ce ne sont pas les meilleures conditions. Heureusement, les horaires restreints de la journée de travail rassurent les jeunes, souvent saisonniers, révèle Sébastien. 

Tôt au réveil, les paludiers enchaînent de 5h30 du matin jusqu'à 21h30 le soir. Les quelques saisonniers motivés travaillent en revanche sur des horaires allégés : 2h le matin, 3h l'après-midi.

"Les trois premières semaines quasiment, on doit les former. C'est du travail physique et mental sur mes récoltes à côté", confie Sébastien, à Guérande.

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