L'entreprise AirSeas a imaginé d'équiper les cargos maritimes d'une voile qui leur permettrait de faire de substantielles économies d'énergies. Pour la mettre au point elle a besoin d'un point fixe à terre. Certains habitants s'opposent au projet ils ont pique-niqué sur place.
Une centaine de personnes se sont réunies dans le marais Breton à proximité de Machecoul en Loire-Atlantique, pour un pique-nique de mobilisation. Des militants de la cause environnementale qui ne veulent pas voir installé ici, même provisoirement, un site d'esais pour une voile géante destinée à tirer les cargos maritimes.
Olivier est riverain :"Nous sur un sujet qui respecte l'environnement on ne dit pas non, sauf que le marais n'est absolument pas fait pour ça, les routes sont vétustes et des camions vont passer pour les travaux".
Un déficit de communication
Des habitants de la commune et des usagers du marais, accusent le Maire de leur avoir caché le projet, incompatible selon eux avec le classement Natura 2000 des marais. La préfecture sur ce point indique que ce classement n'empêche pas les activités humaines.
Ben fait remarquer que : "Ils autorisent la construction d'une base martienne avec 80 cm de remblai, des mobil homes, alors que nous en tant que riverain on n'a même pas le droit de mettre une caravane sur une prairie".
Le Maire de Machecoul-Saint-Même, Laurent Robin, reconnait volontiers un déficit de communication, crise sanitaire, puis élections régionales ont été des périodes peu propices au débat. Le 22 juillet dernier, il a réuni son conseil municipal pour une réunion exceptionnelle destinée à donner la même information à l'ensemble des conseillers municipaux. La préfecture de Loire-Atlantique et le président d'AirSeas ont pu dialoguer avec les conseillers et les informer pleinement de la nature provisoire du dispositif.
Une décision du report du début des travaux d'aménagement du terrain de 900 m² destiné aux essais a été prise jusqu'à l'automne.
Économiser l'énergie
L'idée est simple, disposer une voile sur les cargos maritimes qui tournent autour du monde, pour leur permettre de réduire leur empreinte carbone. La société AirSeas a développé ce concept à Toulouse, et vient s'installer à Nantes pour le mettre au point et permettre son industrialisation.
Elle a besoin d'un point fixe pour accrocher sa voile géante, et permettre de faire tests, réglages, et modifications, sans faire d'incessants allers-retours entre le large et la terre. Son choix c'est porté sur le marais de Machecoul, éloigné des habitations et des activités humaines.
Comme un cerf-volant géant
Le projet de voile géante d'AirSeas, "automatic kite" ou cerf-volant automatique en français, doit permettre aux navires d'économiser 20% de consommation de combustible fossile, et partant, réduire de 20% leurs émissions de CO2. L'armateur japonais K-Line a précommandé 50 exemplaires de cette voile, qui ne prend pas plus de place qu'un conteneur maritime situé à l'avant des navires. Pour l'équipage, un seul bouton sur la passerelle, On/Off. La technologie numérique qui accompagne et contrôle le déploiement du cerf-volant s'occupe de tout, selon les promoteurs du projet.
Un projet contesté
Les opposants à la base d'essais de la voile géante, parlent de "greenwashing et de projet stupide". Ils veulent obtenir l'arrêt total du projet, alors que les pelleteuses doivent reprendre les travaux d'aménagement en septembre. Le marais Breton étant une zone de nidification et de migration des oiseaux. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a déposé un recours au Tribunal Administratif de Nantes, mais les juges ne l'ont pas suivie.
La quarantaine d'opposants, déclarés initialement, a reçu le renfort de plus de 20 000 pétitionnaires en ligne. Pour eux c'est d'abord en réduisant le nombre des cargos en mer qu'on pourra réduire les émissions polluantes.