À la gare de Nantes, on a parlé chrysanthème et coccyx à l'occasion d'une dictée

Participer à une dictée publique est une façon de créer du lien social selon Rachid Santaki. L'écrivain, grand organisateur de dictées, parfois géantes, participait ce mercredi à l'opération "Dictée en gare", initiée par SNCF Gares & Connexions, en partenariat avec France Culture. On y a croisé des retraités et des élèves de CE2.

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Patricia est arrivée en avance. Dans une gare, on voit souvent des gens arriver en avance. Mais elle n'avait pas pris de billet aujourd'hui. Ce n'est pas le genre à filouter, c'est juste qu'elle n'a pas l'intention de prendre un train, mais de faire une dictée.

C'est là que ça se complique, mais on vous explique.

Une tournée dans les principales gares

En fait, ce mercredi 17 janvier, "Dictée en gare" faisait étape à Nantes. Initiée par SNCF Gares & Connexion (structure qui gère les 3000 gares en France), cette animation, née en 2022 à la gare Saint-Lazare, fait, depuis, le tour des grandes gares françaises.

"La gare, c'est un lieu ouvert, accessible à tous, fait remarquer Gaëlle Le Roux, directrice régionale SNCF Gares & Connexions. Même en 2020, lors de la crise du Covid, les gares sont restées ouvertes. A Nantes, c'est une particularité, les gens viennent visiter la gare, surtout depuis qu'elle a été rénovée en 2019. 22 millions de personnes y passent chaque année !"

Organiser des événements culturels dans les gares est donc devenu une habitude. On peut y voir notamment des expositions. En ce moment sur le festival de BD d'Angoulème. Et donc, ce mercredi, "Dictée en gare".

"On attend une cinquantaine de personnes par dictée, c'est intergénérationnel" constate Gaëlle Le Roux.

"C'était ma matière préférée"

Voilà pourquoi Patricia a tenu à être à l'heure ce matin. Cette retraitée, sportive, amatrice de danse bretonne, adore également les dictées.

"J'ai toujours aimé les dictées, dit-elle. C'était ma matière préférée."

Elle a même préparé cet exercice, a vu que le thème était "La musique dans la littérature". À chaque étape, la dictée fait en effet référence à un événement local. À Nantes, c'est La Folle Journée.

Patricia s'est donc intéressée au programme et a appris que le mot "requiem" était invariable. Oui, mais seulement lorsqu'il est écrit avec une majuscule ! Bon à savoir tout de même si ça tombe ce matin !

Patricia a pris place sur l'une des chaises installées dans la mezzanine de la gare. Il est 10 h, la première dictée va commencer.

"La francophonie est un patrimoine"

Le maître de cérémonie est Rachid Santaki, écrivain et fan de dictées au point d'être l'organisateur de nombreux événements autour de cet exercice pourtant redouté.  

"J'en organise deux ou trois par semaine, confirme-t-il. Dans les centres de détention, dans les entreprises" et donc aussi dans les gares.

C'est important de se poser la question sur l'orthographe, la raison de ses erreurs.

Rachid Santaki

Ecrivain et organisateur de dictées.

Même s'il reconnait que l'orthographe est un marqueur social, Rachid Santaki défend le respect d'une bonne orthographe. "Bien écrire, c'est important, dit-il. La francophonie est un patrimoine. C'est un trésor. Il ne faut pas simplifier l'orthographe, mais la rendre accessible. C'est comme en sport, on ne réduit pas le 400 m pour en faire un 40 m et permettre à tout le monde de le faire ! On doit être exigeant. Bien écrire, ça ne se négocie pas, ce qui se négocie, c'est comment on apprend."

Pour cette première dictée de la journée, c'est un texte de Andreï Makine "La musique d'une vie". Il y en aura cinq tout au long de ce mercredi.

Dictée en gare pour la classe de CE2

Une cinquantaine de candidats sont venus pour ce premier rendez-vous. Dont une classe de CE2 de l'école Aimé Césaire. 

"Plutôt que de faire la dictée en classe, explique Thomas, l'instituteur, on est venu la faire en gare ! Et les enfants voient aussi des adultes la faire. C'est intéressant."

Pour les plus jeunes, ce ne seront que les premières phrases du texte d'une dizaine de lignes. L'exercice dure une demi-heure. Le temps d'attendre son train, si on est venu très en avance, ou sa correspondance.

Maïlys, qui doit prendre un train pour Paris, s'est approchée de cette étonnante salle de classe. Elle n'a pas pris le temps de s'assoir, mais trouve l'animation sympathique.

"C'est une super initiative, dit-elle. J'étais plutôt forte en dictée, c'est pour ça que j'aime bien !"

Pas de "requiem" dans le texte de Makine, mais des jolis pièges comme coccyx, rhododendron ou chrysanthème... 

Patricia est satisfaite. Elle a fait zéro faute !

"Faites faire la dictée à vos parents, propose Rachid Santaki aux enfants de la classe de CE2. L'idée, c'est de savoir pourquoi on s'est trompé, pas de se braquer sur l'erreur."

Intermède musical

Dans quelques minutes, la deuxième dictée commencera. Juste après un intermède musical, au piano, avec un jeune musicien nantais. François Gabory, administrateur de la Folle Journée, est d'ailleurs venu rappeler qu'il reste des places pour ce festival qui débute le 31 janvier.

Expos, dictées, musique, annonces de festivals, quand on vous dit que les gares sont des lieux culturels !

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