Le film réalisé par Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakovleff, trois réalisateurs nantais sort sur grand écran ce mercredi 27 septembre. Ce premier long-métrage, tourné entre Nantes et Rennes nous transporte au cœur de l'histoire touchante d’un homme qui perd la mémoire inexorablement. Un film à petit budget, mais plein d’ingéniosité.
Une histoire d'amis, de maladie et de mémoire.
"Poisson Rouge", c’est l’histoire touchante de quatre amis inséparables, dont l'un, Guillaume, se bat contre une maladie neurodégénérative implacable. Guillaume connaît la tragédie qui l'attend, la perte inexorable de ses souvenirs.
Avant de rejoindre un institut spécialisé, il décide de s'offrir un dernier week-end mémorable avec ses amis, afin de résoudre ses problèmes avant que sa mémoire ne s'évapore comme celle d'un poisson rouge dans un bocal.
C'est le point central de ce road-movie à la fois émouvant, drôle, frais et souvent déjanté.
"Poisson Rouge" est une réflexion sur l'amitié, la mémoire et l'amour dans un contexte où la vie elle-même est en jeu.
La réussite dramatique du film provient de cette sensation de course à la mort, de cette idée tragique que chaque aventure, chaque excès, rapprochent Guillaume de sa fatale condition, et que ses amis, aussi bien intentionnés soient-ils, ne font que l’y pousser.
avoir-alire.com
Une belle aventure collective
"Poisson Rouge" est aussi l'histoire d'une aventure collective qui a permis à Couac Productions, une maison de production née en 2012 à la suite d'un projet associatif, de donner vie à ce film.
Initialement axée sur la musique actuelle, cette société basée à Paris a progressivement élargi son horizon artistique, comme en témoigne son travail avec France 3 Pays de la Loire sur le nouveau magazine musical LaCOLAB.
Bien que parisienne, toute l'équipe entretient des liens intimes avec la région, en particulier autour de Nantes, en Loire-Atlantique et à Rennes.
Tout notre projet a bénéficié d’une bonne étoile. Nous avons eu la chance de pouvoir installer notre camp de base au sud de Rennes, accueillis par la compagnie de théâtre forain Dromesko. Nous avons cherché les lieux de tournage dans un rayon de deux heures maximum de déplacement. Je savais que la Bretagne et les Pays de la Loire permettaient la diversité de décors nécessaires à ce roadmovie. Ce que je n’avais pas soupçonné et qui permit de concrétiser notre film, c’est l’accueil toujours enjoué et chaleureux de chaque personne rencontrée. C’est grâce à toutes ces bonnes volontés désintéressées que nous avons pu mener Poisson Rouge à terme.
Céline Beillon, productrice
Du festival Couvre-Feu à l'écran.
Cette aventure n’aurait pu voir le jour sans l’ex-Festival Couvre-Feu qui se déroulait à Corsept, au sud de l'estuaire de la Loire. La société de production a travaillé avec le festival pendant dix ans et a pu bénéficier d’un chapiteau pour mettre en scène des spectacles d'improvisation pour des comédiens.
En 2019, le festival, qui avait lieu en août, a dû tirer sa révérence. Une fin, certes, mais aussi le point de départ paradoxal de "Poisson Rouge". Libres, les réalisateurs qui rêvaient depuis toujours de faire un film, se sont lancés tête baissée dans l’aventure.
Notre collectif s’est monté il y a 20 ans autour de projets de courts-métrages, mais notre histoire nous a amené depuis à explorer d’autres horizons que la fiction. Faire un long-métrage, c’était un rêve de gosse un peu inaccessible qui sommeillait en chacun de nous. Alors quand l’idée est arrivée sur la table, on a senti monter une excitation collective. Avec un pitch de 5 lignes, nous sommes parvenus à rassembler une équipe d’une trentaine de personnes, dont des anciens du festival Couvre-feu
Hugo Bachelet co-réalisateur
Dès lors, tout s'est déroulé très vite ! Les trois réalisateurs, Matthieu Yakovleff, Hugo Bachelet et Clément Vallos, ont écrit et préparé le film en cinq mois. Quinze jours de tournage plus tard, entre Nantes et Rennes, le long-métrage était presque prêt.
La Covid-19 : un atout inattendu
On est en mars 2020 et la Covid met le pays à l'arrêt ! Un épisode qui s'est révélé un atout : le film a ainsi pu être présenté à des professionnels. Parfait pour peaufiner le projet et convaincre deux acteurs reconnus : Denis Lavant et Thomas VDB de rejoindre le casting et les autres personnages principaux, tous comédiens d'improvisation.
D’ailleurs, tous les dialogues ont été improvisés, même par les acteurs professionnels. Cette approche donne au film une fraîcheur et une spontanéité indéniables.
Je travaille avec la compagnie Les AutreS depuis longtemps. C’était une évidence de leur proposer des rôles sur mesure pour notre premier film. Nous cherchons depuis nos débuts à élever l’improvisation théâtrale au rang d’art majeur, au même titre que les autres disciplines. Si à notre petite échelle on peut faire avancer les mentalités et faire comprendre au public et aux pros à quel point l’impro est une force, alors tant mieux. Comme sur l’ensemble de notre aventure, nous avons eu la chance que tous les comédien·ne·s acceptent de se prêter au jeu des dialogues improvisés quand bien ça n’était pas leur spécialité. Il en ressort un naturel et une fraicheur qui servent énormément le rendu final.
Matthieu Yakovleff, co-réalisateur
durée de la vidéo : 00h01mn19s
Extrait du film "poisson rouge"
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©Couac Productions
Des ressources limitées, une énergie infinie
Pour réaliser ce film sans aucune subvention, les réalisateurs ont dû puiser dans leurs économies et s’appuyer sur un réseau solide, des coups de main bienvenus et un esprit débrouillard. Ils ont également eu quelques idées ingénieuses, notamment celle de trouver une Golf rouge du côté de Pontchâteau, une voiture qui deviendra le cinquième personnage du film.
L'un des grands défis du projet a été de ne jamais perdre l'émotion du récit. C'est une chose très compliquée à faire quand on doit respecter un planning serré, qu'on ne sait pas vraiment si ce qu'on tourne fera honneur à ce qu'on a imaginé. Avoir été trois réalisateurs nous a beaucoup aidé : pendant que deux d'entre nous s'occupaient de la technique et de l'organisation, le troisième pouvait se concentrer sur l'histoire, les personnages et les enjeux dramatiques. L'émotion du film doit beaucoup à cette organisation de travail
Clément Vallos, co-réalisateur
Une histoire inachevée
La sortie nationale de "Poisson Rouge" est prévue dans une cinquantaine de salles ce mercredi 27 septembre 2023, mais il est clair que ce film est destiné à vivre au-delà du grand écran. Les questions sur la maladie et sur son impact sur les proches peuvent servir de point de départ à de fructueux débats publics, c’est en tout cas le souhait des réalisateurs. Le poisson rouge va donc pouvoir nager gracieusement sur grand écran, une aventure qui ne fait que commencer !
Matthieu Yakovleff, co-réalisateur sera l'invité d'Emmanuel Faure le lundi 02 octobre à 19 h 05 dans ICI 19/20
Poisson rouge, film de 99 minutes. Sortie Nationale : le 27 septembre
Un film de Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakovleff
Avec Guillaume Darnault, Julie Gallibert, Andy Pimor, Fabien Strobel, Denis Lavant,Thomas VDB, Steve Tran, Clémence Bretécher.