Soutenus par la Confédération Paysanne expulsée ce samedi de la centrale d'achat de Leclerc à Saint-Etienne-de-Montluc, les apiculteurs rejoignent la contestation. Ils se rassembleront ce lundi à Bouguenais pour réclamer des normes environnementales supplémentaires et un revenu minimum garanti.
Ces derniers jours, certains ont participé aux opérations "grandes surfaces", en vidant les rayons des pots de miel étrangers. Cette fois, ils entrent de plain-pied dans le mouvement. Soutenus par la confédération paysanne, expulsée ce samedi 3 février de la centrale d'achat de Leclerc de Saint-Etienne-de-Montluc en Loire-Atlantique, les apiculteurs prennent le relais. Et comme les agriculteurs, ils en ont gros.
Deux opérations sont annoncées ce lundi, à Lyon pour la partie sud du pays, à Bouguenais, près de Nantes, pour le nord.
"Un an de stock sur les bras"
Virgile Mazery est apiculteur professionnel en bio à Guenrouet en Loire-Atlantique. Il veille sur 400 ruches qui chaque année produisent en moyenne 5 tonnes de miel. Mais comme beaucoup de ses confrères, il est inquiet.
Nous sommes confrontés à une difficulté récurrente de maintien de nos cheptels avec des problèmes d'intoxications et d'évolution climatique
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio
À cette problématique s'ajoute une baisse de la consommation et donc des ventes. Avec l'import massif de miel frauduleux, la commercialisation des produits français a dramatiquement chuté. "L'impact est énorme sur nos revenus", confirme l'apiculteur.
Beaucoup de miels arrivent de l'étranger. Une enquête de la répression des fraudes a révélé en mars que 46 %des miels étiquetés dans les hypers et les grandes surfaces sont frauduleux
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio
Miels frauduleux
"Soit ce n'est pas du vrai miel, soit la provenance indiquée est fausse", ajoute Virgile Mazery.
Nous n'avons plus aucun marché avec la grande distribution, il s'est essoufflé. Nous sommes tous avec des stocks sur les bras, au moins un an d'avance
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio
Ce qui fait réagir la profession ? La mise en pause, promise par le gouvernement à la FNSEA après quinze jours de blocage, voire l'abandon d'Eco-phyt' qui prévoyait la réduction de l'utilisation des phytosanitaires. Des produits qui empoisonnent et tuent les abeilles. "On ne peut laisser faire ça. Ce serait catastrophique ! Il faut que nous alertions la population sur notre situation."
Une pause sur les normes environnementale serait catastrophique pour nous et les générations futures
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio
"Aujourd'hui, nous en sommes réduits à travailler avec un tiers du cheptel", déplore Virgile Mazery. Les produits phytosanitaires déciment les ruches. "À tel point que cela est aujourd'hui intégré dans les projets d'exploitation."
L'évolution des paysages, l'artificialisation des sols fait aussi beaucoup de mal à la profession
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio.
Les apiculteurs appellent à la création d'une intersyndicale. Ils réclament "une intensification des mesures environnementales", là où d'autres les rejettent et attendent "une politique qualitative pour un prix minimum garanti aux exploitants".
Il faut de réels contrôles sur la qualité, la traçabilité et les imports
Virgile MazeryApiculteur professionnel en bio
Le rendez-vous est fixé ce lundi à la ferme des 9 journaux à Bouguenais à 9 h 30. "L'ensemble de la filière apicole sera là. Nous partons sur une action de communication, pas une action de blocage. Une opération dirigée vers les grandes surfaces, annonce Virgile Mazery. Pour rappeler "que la moitié des miels ne sont pas des miels."
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv