"Comment les Mongols ont changé le monde", une exposition sur Gengis Khan, le plus grand conquérant de tous les temps

La Chine avait tenté en 2020 de la censurer. L'exposition, très attendue, a ouvert ses portes au château des ducs de Bretagne à Nantes. Consacrée à l'histoire de l'empire mongol, elle retrace le destin hors norme de Gengis Khan, le fondateur du plus grand empire au monde.

Plus puissant qu'Alexandre Le grand, Jules César ou Attila, Genghis Khan reste un conquérant jamais égalé.

Il a, avec ses descendants, constitué un empire colossal allant d'est en ouest, de la Chine à la Méditerranée et du nord au sud, de la Russie à la Perse, presque un quart de la planète.

Jamais cette histoire n'a fait l'objet d'une grande exposition en France. C'est désormais chose faite au Château des ducs de Bretagne, malgré une tentative de censure des autorités chinoises.

Pour nous, c'était intolérable, d'un point de vue de la déontologique scientifique et historique.

Bernard Guillet

Directeur du musée d'histoire de Nantes

"Nous avions conçu une première exposition que nous avons été obligés d'annuler, notamment sous la pression du gouvernement chinois qui nous imposait des choses, des mots à enlever, un propos à tenir, explique Bernad Guillet, le directeur du musée de Nantes, pour nous, c'était intolérable, d'un point de vue de la déontologique scientifique et historique".

"Nous avons arrêté le projet pour le relancer sur de nouvelles bases et avons tout réécrit avec le gouvernement, les scientifiques et les collections publiques mongols", ajoute le directeur.

Des objets jamais présentés en occident

La Mongolie a donc apporté son soutien au projet nantais en prêtant 300 des 450 objets exposés. Un morceau de patrimoine, conservé dans les musées nationaux du pays. Certains n'ont jamais été présentés en Occident.

"Je suis ravi de voir ses objets archéologiques retrouvés il y a une vingtaine d'années. C'est très récent. L'archéologie est une science vivante. Je suis heureux de les voir exposés aux côtés d'objets plus anciens qui témoignent de l'histoire mongole depuis 800 ans", s'enthousiasme Sampildondov Chuluun, directeur du musée national Genghis Khan, Oulan-Bator et ancien ministre de la Culture qui a fait le déplacement pour l'inauguration au château des ducs de Bretagne.

Pour le musée d’Oulan-Bator, qu’Emmanuel Macron a visité en mai dernier, cette exposition est la première collaboration avec un musée étranger.

Un rapprochement culturel, signe d'une volonté politique de la Mongolie, prise en étau entre la Chine et la Russie, de se rapprocher des pays européens.

Le plus grand conquérant de l'histoire

Des plaines de Mongolie à l'extrême sur de la Chine, de l'océan Pacifique aux confins du Moyen-Orient, Gengis Khan et son armée mongole vont édifier au cours du 13ᵉ siècle un empire immense.

"Ce qui est important, c'est qu'il a développé un gouvernement collectif. On a cette image d'un souverain, tyrannique et seul au pouvoir. En fait, pas du tout", explique Marie Favereau, commissaire adjointe de l'exposition 

Les décisions se prennent dans le cadre d'assemblées. Elles réunissent les élites nomades hommes et femmes qui prennent des décisions ensemble, sur la guerre, sur la paix, la diplomatie, le mariage

Marie Favereau

Commissaire adjointe de l'exposition

Redoutables guerriers, les Mongols se sont toujours entourés d’animaux. Ils ont d'abord domestiqué les rennes, les cerfs ou encore les dromadaires, mais ce sont finalement les chevaux que ce peuple choisira pour frères d’armes.

"Ils ont fait la guerre en hiver. C'est une particularité de leur pratique militaire qui a d'ailleurs complètement déstabilisé les sédentaires qui les entouraient, les cultures agraires où l'on faisait la guerre à la belle saison. Pour les Mongols qui sont des pasteurs nomades, des éleveurs, les chevaux sont extrêmement précieux", raconte Marie Favereau, commissaire adjointe de l'exposition.

Dès le printemps, il faut arrêter les troupes, poser l'armée. C'est le temps où les chevaux ont besoin de récupérer, c'est le temps de la lactation des juments, le temps du renouvellement des troupeaux

Marie Favereau

Commissaire adjointe de l'exposition

À leur apogée, les Mongols contrôlent plus de 22 % des terres du globe. À cette époque, le petit-fils de Gengis Khan, Kubilaï, grand khan des Mongols, devient empereur de Chine. Il fonde la dynastie Yuan et fixe sa capitale à Dadu (l’actuelle Pékin). Après des années de conquêtes violentes, l’établissement de la Pax Mongolica permet un épanouissement des relations commerciales, scientifiques et artistiques entre l’Orient et l’Occident, offrant un temps d’échanges interculturels sans commune mesure.

"Deux écueils font face à nous quand il s'agit d'aborder l'histoire de l'Empire mongol, l'image du guerrier brutal et sanguinaire, nourrie par une historiographie hostile et par le cinéma, et celle du nomade paisible dans sa steppe immuable véhiculée par le tourisme actuel. La réalité est tout autre est plus complexe", confie Bertrand Guillet, directeur du musée d'histoire de Nantes.

L'exposition met en avant une nouvelle approche cherchant à montrer comment les Mongols ont changé le monde

Bernard Guillet

Directeur du musée d'histoire de Nantes

"Comment les Mongols ont changé le monde"

Il y a un avant et un après Gengis Khan. Pourtant, à sa mort en 1227, les conquêtes ne font que commencer. Elles vont être portées par des générations de guerriers nomades et s'achever au 13ᵉ siècle. Les bouleversements engendrés ne sont pas seulement militaires et politiques. Ils sont aussi économiques, artistiques et scientifiques. Les échanges s'intensifient et vont influencer toutes les civilisations autour de l'empire mongol. 

Comment Gengis Khan et ses descendants sont-ils parvenus à créer un tel empire ? N'étaient-ils que des barbares sanguinaires ? Comment concilier cette image avec celle d'une incroyable effervescence dans ces textes et ses objets réunis ? 

L'exposition, n'est ni une glorification d'un héros fondateur ou d'une emprise éphémère et brutale sur l'Eurasie, mais le récit d'une transformation collective de notre perception du monde. "Il nous semblait important de travailler les mondialisations, l'empire mongol est une des grandes mondialisations de l'époque médiévale. "Il fallait que l'on questionne ce qu'il s'est passé à ce moment-là et comment ç'a révolutionné l'histoire de l'humanité", conclut Bernard Guillet, directeur du musée d'histoire de Nantes.