RECIT. Guerre en Ukraine : "c'est aussi tendu à la frontière ouest, les snipers sont partout", le convoi d'ambulanciers parti de Nantes se rapproche un peu plus du conflit

15 ambulances et 10 mini bus sont partis de Rezé en Loire-Atlantique tôt jeudi matin. Les fourgons, chargés de rapatrier des réfugiés sont arrivés en Pologne. Les ambulanciers, eux, continuent la route et espèrent pouvoir franchir la frontière ukrainienne ce samedi 12 mars.

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"Pour l'instant tout va bien nous sommes sous un beau soleil polonais au sud-ouest du pays du côté de Wroclaw en direction de Cracovie. Direction ensuite la Roumanie. Nous sommes attendus à la frontière ukrainienne entre 10 heures et midi".

Patrick Youx a la voix souriante. Il n'a pourtant pas beaucoup dormi depuis le départ de Rezé en Loire-Atlantique. Au volant, les bénévoles se relaient. Les pauses sont rares.

L'enjeu c'est d'atteindre le point de passage à l'heure prévue. La fenêtre est extrêmement restreinte. D'autant que pour des raisons de sécurité le road book change tout le temps.

Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes

"Nous sommes attendus à la frontière ukrainienne par l'association  "Aide caritative médicale France-Ukraine" et une association de médecins de Lviv et de Kiev", raconte Patrick Youx, ambulancier à Rezé.

Et les dernières nouvelles ne sont pas bonnes, des tireurs embusqués s'en prendraient aux véhicules qui se dirigent sur Lviv.

Le but pour les ambulanciers, qui n'ont eu pour l'instant aucun contact avec leurs homologues ukrainiens, c'est de cerner les réels besoins des soignants. Et pour ce faire ils resteront le temps qu'il faudra.

"On ne sait pas combien de temps on va rester en Ukraine et comment on va rentrer puisque nous laissons les véhicules sur place. La situation n'est pas critique pour nous, on pourra toujours revenir sur nos pas une fois la frontière passée. On n'est pas dans la situation dramatique des Ukrainiens, il faut relativiser. Et pour l'instant, ça se passe bien. Ce matin, chacun est parti de son côté avec une mission à accomplir."

"Les bombardements se sont rapprochés la situation se tend"

Patrick Youx n'a pas froid aux yeux. D'autant que pour lui ce voyage ce n'est pas une première. Il est déjà parti sur le terrain à Sarajevo, en Ex-Yougoslavie, et à Alep, en Syrie.

Clairement c'est vrai ça peut être chaud on le sait. On ne sait pas exactement ce que l'on va trouver sur place.

Patrick Youx

Solidarité ambulancière France-Ukraine

"L'ouest était relativement protégé jusqu'à maintenant. Les bombardements se sont rapprochés la situation se tend. On sait à quel point tout cela est fragile. On commence à nous parler de francs-tireurs", dit Patrick.

L'ambulancier garde la tête froide. Le convoi n'est pas parti à l'aveugle. Les contacts sont permanents avec les autorités compétentes.

Oui on a clairement l'impression que la pression monte d'un cran chaque jour

Patrick Youx

Solidarité ambulancière France-Ukraine

Une guerre des nerfs

"Une personne de l'ambassade nous a appelé pour nous mettre en garde. Il y a des snipers, explique Patrick, "l'aéroport au sud de Lviv a essuyé de nombreux bombardements", ajoute l'ambulancier.

"Ça va être une guerre des nerfs aussi. On l'a vu sur l'ex-Yougoslavie. on épuise la population. J'ai un peu le sentiment qu'on va vers ça. Ce que veulent les Russes c'est couper les échanges et il ne faut surtout pas les couper." 

Faut les maintenir. Faut y aller, faut aller en Ukraine c'est hyper important !

Patrick Youx

Solidarité ambulancière France-Ukraine

Après 2 000 kilomètres non stop. Le convoi uni au départ s'est désormais séparé. Les 10 mini bus de transports solidaires "Titi Floris", sont arrivés en Pologne.

Là-bas, la situation est complexe. Des milliers d'Ukrainiens arrivent chaque jour pour fuir la guerre de Poutine et les bombes. La frontière a l'air d'un immense camp d'exilés à ciel ouvert.

En pleine phase de transition

Sur place, ils ont rencontré Karolina, historienne de l'art, directrice de musée devenue coordinatrice de l'accueil des réfugiés.

Elle explique que la gare, il y a encore quelques heures, était totalement paralysée : "elle était complètement encombrée. Là, ça se calme un peu. Les procédures ont commencé à marcher. Nous sommes en pleine phase de transition, chaque jour apporte de nouvelles choses."

"A Varsovie je ne connais pas une seule personne qui n'ait pas de réfugiés ukrainiens à la maison. Tout le monde a quelqu'un. Tout le monde apporte des sandwichs à la gare", explique Karolina, coordinatrice de l'accueil des réfugiés à Varsovie en Pologne

Les gens apportent des vêtements. La mobilisation ici est énorme

Karolina

Coordinatrice accueil des réfugiés à Varsovie en Pologne

Les bénévoles nantais sont sur place depuis quelques heures. Leur mission à Varsovie : décharger 10 tonnes de matériel de campement et de produits de premières nécessité. Et récupérer des réfugiés.

@Celine Dupeyrat premier embed Youtube

Les Ukrainiens seront mis à l'abri en Allemagne. Les mini bus repartent ensuite pour la Pologne et embarquent de nouvelles familles. Elles seront acheminés en France. 35 personnes rejoindront la région nantaise dans quelques jours.

Avant cela il a fallu décharger la marchandise. Les camions sont chargés à bloc : nourriture, lait pour bébé, couche, protections féminines, empaquetés par cartons de 30 kilos., nous explique Boris Couillaud, PDG du groupe coopératif "Les Titis". Il promet de nous en dire plus quand il le pourra.

Une certaine pudeur au fond de son regard embué

La générosité a été impressionnante. Une déferlante de dons. Quelques jours avant le départ Jean Proutzakoff, ambulancier nous confiait : "Je suis prêt pour le départ à double titre. Je suis professionnel, je suis ambulancier et surtout j'ai de la familles en Ukraine. Des cousins et leurs deux petites filles." Il y a de l'angoisse dans sa voix et une certaine pudeur au fond de son regard embué.

"Je n'ai aucune nouvelle depuis un mois. C'est comme ça... Inquiet ? Non ! Je veux rester confiant et penser que l'avenir va faire le nécessaire surtout quand je vois la solidarité partout autour de moi".

Il y a une volonté d'aider. Chacun à hauteur de ses moyens mais les gouttes d'eau font les grandes rivières

Jean Proutzakoff, ambulancier

L'ambulancier de Saint-Julien-de-Concelles n'avait jamais participé à une opération humanitaire. Il ne s'est pas posé la question longtemps. "Faire ce voyage c'est aussi me rapprocher des miens qui ont quitté la région du Donbass et dont je ne sais rien à l'heure qu'il est."

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