"Je finis les journées épuisée pour un salaire de misère", les Atsem en grève pour de meilleures conditions de travail

Augmentation des salaires et des effectifs, amélioration des conditions de travail, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) sont mobilisés en cette rentrée scolaire 2022. Les personnels en grève se sont réunis devant la préfecture de Nantes ce lundi 5 septembre.

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Consoler un enfant qui pleure, un autre qui tombe, éviter une dispute, surveiller les siestes, encadrer les repas, assister les enseignants dans chacun de leurs apprentissages, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles ( ATSEM), font partie intégrante des équipes éducatives.

Mais pour les syndicats, les rémunérations ne suivent pas et les conditions de travail ne cessent de se dégrader ces dernières années. La rentrée scolaire se fait donc cette année sur fond de mobilisation sociale. 

Christine est Atsem dans école de Vertou dans l'agglomération nantaise. En 2017,elle s'est lancée déterminée dans une reconversion professionnelle. "Ce métier je l'ai choisi pour être auprès des enfants pour vraiment m'occuper d'eux". Ce choix elle l'a fait avec le coeur mais aujourd'hui elle le regrette "un peu".

"Rien ne bouge, nous ne sommes pas entendues"

"Les conditions de travail sont très difficiles, avec des amplitudes horaires de 10 heures. On travaille toujours dans l'urgence. Beaucoup d'agents ne sont pas remplacés. De 8 heures à midi, je ne fais jamais de pause. Nous n'avons jamais de temps calme. Pendant les récrés on pourrait mais il y a la bobologie", soupire l'Atsem.

Je commence mes journées à 8 heures et je les finis à 18h15 totalement rincée ! Je suis épuisée. Au quotidien j'ai une charge mentale énorme.

Christine

Atsem à Vertou

"On en peut plus. Il y a beaucoup d'arrêt de travail. Nous avons sollicité le maire pour parler avec lui de la pénibilité de notre travail. Rien ne bouge, nous ne sommes pas entendues", explique Christine. 

Séverine, elle, est Atsem depuis 2013, en maternelle sur la commune des Sorinières. 

Les gens nous voient comme des dames de cantine mais nous faisons beaucoup de travail éducatif, beaucoup de prépas. Et puis nous sommes l'adulte référent pour les enfants

Séverine

Atsem aux Sorinières

"Les enseignants reconnaissent notre travail et sont très bienveillants avec les Atsem. Sans nous aujourd'hui, ils vont être perdus", affirme l'Atsem. 

"Sans Atsem le travail n'est pas le même"

Devant la préfecture de Nantes, les agents ne sont pas seuls. Cécile Le Huédé est enseignante en maternelle et co-secrétaire FSU SNUipp 44. Elle a tenu a être présente aux côtés de ses collègues.

"Plus ça va plus la charge de travail des Atsem s'est amplifiée, notamment depuis le Covid. On leur en demande toujours plus, dans plus de domaines", déplore l'enseignante.

Dans la région la situation est contrastée. Le gouvernement affirme qu'il y un Atsem par classe. En réalité, on est loin du compte. Cela dépend en fait des municipalités.

"Il faut absolument un Atsem par classe. Moi je suis enseignante je peux vous dire que sans Atsem le travail n'est pas le même. Nous les sollicitons constamment. On a vraiment besoin de leur présence dans nos classes. Elles sont indispensables", ajoute Cécile Le Huédé.

L'Atsem est constamment présente, elle est partout dans la classe. C'est notre appui technique auprès des enfants

Cécile Le huédé

Enseignante

Pour l'enseignante, la question de la pénibilité du métier doit aussi être prise en compte. "Autour de moi j'ai cinq Atsem qui travaillent, deux ont des problèmes physiques alors que ce sont de jeunes personnes".

En période de covid les tâches ménagères ont particulièrement complexifié leurs journées et fatigué leurs corps. Ça, ça doit être reconnu !

Cécile Le Huédé

Enseignante

Cette journée d'action découle d’une concertation intersyndicale qui a eu lieu cet été.

Comme bien des métiers dit "du soin", celui des Atsem, largement féminisée, pour 99% de la profession, est cantonné à de bas salaires. Ce sont même "les plus faibles de la catégorie C de la fonction publique", soulignent les syndicats.

 "La question du passage en catégorie B se pose réellement parce de fait les missions réalisées sont déjà celles de la catégorie B. Et cela implique bien sûr une revalorisation salariale", affirme Christine l'enseignante.

"Un salaire de misère"

"Nous demandons à passer en catégorie B comme les auxiliaires de puériculture. Nous avons toutes passé un concours et on se retrouve avec un salaire de misère. Les gens pensent que nous ne sommes en vacances tout le temps. En fait, il faut bien comprendre que ce sont des temps de récupération", confirme l'Atsem de Vertou.

"Moi je ne suis en poste depuis 2013. Je n'ai pas encore gravi tous les échelons, c'est très long. Je gagne 1 500 euros net", ajoute Séverine des Sorinières.

Ces personnels espèrent une hausse de 25 % de la valeur du point d’indice (et non de 3,5% comme décidé par le gouvernement cet été) afin de compenser les pertes du pouvoir d’achat enregistrées depuis 2000. 

La crise Covid a mis en lumière l’importance et le rôle des Atsem dans les écoles. Pourtant, alors que ces personnels font partie de la filière médico-sociale de la fonction publique territoriale, ils sont exclus de la mesure salariale de hausse,183 euros mensuels, prévue par le Ségur. Elles sont les grandes oubliées.

Un Atsem par classe

Ces agents déplorent des conditions de travail dégradées, conséquences de sous-effectifs. Pour bien faire, il faudrait donc recruter mais pas n'importe comment.

De plus en plus de collectivités locales passent par un recrutement direct, engageant des agents faisant fonction d’Atsem, sans diplôme ni concours obligatoire. Or, au sein de la fonction publique, le grade d’Atsem nécessite d’avoir passé un concours et d’être titulaire d’un CAP petite enfance. 

"Moi, je suis Atsem de première classe. Et je ne peux pas évoluer, je suis bloquée. Je ne peux pas avancer dans ma carrière professionnelle. Je vais avoir 49 ans. Il me reste encore quelques années à  faire. Je gagne 1 600 euros net avec 25 ans d'ancienneté", conclut Nathalie. 

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