Comme de nombreuses grandes métropoles, Nantes est confrontée aux questions cruciales que pose notre société moderne. Quel mode de vie souhaitons-nous adopter ? Quelle place accordons-nous à l'humain, à la nature, et à l'échange ? Face à ces défis, des habitants du centre-ville ont décidé de répondre par des actions ancrées dans le réel. Découvrons le portrait d'une maraîchère, d'un couple ouvrant les portes de leur maison à des personnes en difficulté et d'un inventeur opposé à la domination des voitures et de la pollution
Le Jardin Extraordinaire : une parenthèse poétique
Parmi les douze parcs fréquentés par les Nantais, le Jardin Extraordinaire se distingue par son originalité. Aménagé au sein d'une ancienne carrière de granit désaffectée, ce jardin, avec ses falaises de 25 mètres de haut, offre un point de vue unique sur la Loire et les anneaux de la mémoire qui illuminent le quai des Antilles.
Une cascade entourée de fougères arborescentes, de bananiers et de plantes exotiques crée un espace propice à l'évasion. Comme le célèbre écrivain nantais Jules Verne le démontre dans ses livres, l'imaginaire peut nous emporter vers de beaux voyages. Les architectes visionnaires de ce parc sont à l'image de tous ces nouveaux habitants qui osent rompre avec les conventions pour redéfinir leur rapport à la ville et à la vie.
Une ferme aux portes de la cité
Dans le quartier de Doulon, à l'est de la ville, des agriculteurs redonnent vie à des terres maraîchères. Autrefois, ce quartier était un havre de campagne aux portes de Nantes. Au XIXe siècle, il était principalement peuplé de maraîchers et de cheminots, en raison de la proximité de la gare et d'un atelier de maintenance de matériel ferroviaire.
Cette activité a progressivement disparu après la guerre, laissant place à une agriculture et une urbanisation intensives. Le projet actuel, qui accueille quatre fermes sur ce territoire, s'inscrit dans le souhait de la métropole nantaise de réhabiliter cet ancien quartier industriel.
La ferme du Bois des-Anses gérée par Laura Guillemot, s'étend sur 2,7 hectares, dont un hectare de terres maraîchères. Le reste du domaine est constitué de bois, de prairie et de vergers. Lauréate d'un master en histoire culturelle contemporaine, Laura a passé six ans à travailler dans l'organisation de spectacles pour l'Opéra de Paris. Les pressions et conditions de travail à Paris l'ont découragée. Elle a donc choisi de se reconvertir dans l'agriculture, à la manière de son père, lui-même maraîcher. C'est en 2019, à Doulon, que Laura a amorcé ce nouveau chapitre de sa vie.
Elle cultive et vend des légumes en circuit court, notamment des tomates, des poivrons, des piments, des aubergines et des aromates bio. Elle s'est récemment lancée dans la culture de micro-pousses. Laura gère seule la ferme, mais elle accueille fréquemment des stagiaires venus du lycée agricole du Grand Blottereau, situé à proximité.
Maison Lazare : un refuge solidaire
En 2006, des jeunes actifs ouvrent leurs portes aux sans-abri, donnant ainsi naissance à la Maison Lazare. Actuellement au nombre de 250 en France et dans le monde, ces maisons comprennent une unité à Angers et deux à Nantes. L'une d'entre elles est gérée par Jean et Solenne de Maupeou.
Originaire de Lyon, ce couple trentenaire a emménagé à Nantes en 2021. Jean exerce une activité professionnelle tandis que Solenne est mère au foyer, en charge de leurs trois enfants ainsi que de la gestion de la maison, qui compte 14 studios. Ils abritent huit hommes, dont trois anciens sans abris et cinq jeunes actifs, sur un étage, et six femmes, comprenant trois anciennes sans abris et trois jeunes actifs, sur un autre étage. Jean et Solenne ne sont pas rémunérés, les résidents paient un loyer modique en fonction de la superficie de leur logement.
Le but premier de cette cohabitation inédite est de mixer les publics. L'équilibre marche plutôt bien, notre rôle avec tous les autres habitants, c'est de rendre la maison vivante. C’est un peu un mix entre une colonie de vacances et une maison de retraite
SolenneHôte de la maison Lazare
Les résidents sont tenus de respecter des règles strictes, notamment l'interdiction de consommer de l'alcool, de prendre des drogues et de commettre des actes de violence.
Les tâches ménagères obligatoires sont parfois un défi à mettre en place, mais l'entretien, le rangement et la propreté des parties communes sont des responsabilités partagées.
Après la rue, c'est difficile d'intégrer une structure avec ses règles. On a envie de partir parfois, mais on reste. Ici, c'est un véritable cocon
XavierLocataire de la maison Lazare
durée de la vidéo : 00h00mn55s
Après des mois de galère et de rue, Xavier a trouvé refuge dans la maison Lazare
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©Les Nouveaux Jours Productions
Réinventer la ville, c’est aussi trouver d’autres manières de se déplacer
À Chantonnay, Jean-François Robert et son associé Jérémy Jeusset, de la start-up nantaise Humbird, ont conçu et fabriquent le Woodybus. Il s’agit d’un vélo bus en bois capable de transporter neuf personnes. Le chauffeur gère la direction, les freins et tout le monde pédale !
Ingénieur automobile, Jean-François a été bercé dans le monde du transport : voiture, moto, vélo. C’est un monde qui le passionne, mais qui, selon lui, a du mal à s'adapter aux questions environnementales. Auparavant, il travaillait dans une entreprise où il fabriquait des motos. Il a eu le déclic en emmenant ses enfants à l’école en voiture.
Le véhicule long de 3,50 m, large de 1,15 m et haut de 1,90 m pèse 200 kg à vide ! C'est un vélo en bois, équipé de 400 watts de panneaux solaires sur le toit. Il possède une autonomie supérieure à 20 km et peut filer à une vitesse maximale de 20 km/h. Il a produit 30 véhicules cette année et en prévoit 50 l’année prochaine. Ce sont surtout des communes qui achètent le Woodybus pour faire du transport scolaire. Son prix est de 19 500 €. À ce jour, 25 véhicules ont été vendus. Certains circulent à Louviers, Metz, Argelès-sur-Mer, Bezons et les autres sont en construction. Le 14ᵉ woodybus est en phase d'assemblage.
Déplacer 9 personnes avec 200 kilos, c’est l’antithèse du SUV ! Il faut imaginer des moyens de transport plus légers quand aujourd'hui, on déplace une personne de 70 kilos dans un contenant qui en fait 1 500, ça n'a aucun sens !
Jean-FrançoisCréateur du Woodybus.
C’est un autre engin qui permet à Jean-François de se rendre chaque jour sur son chantier, un bolide vert et surprenant !
Bâtir l'utopie : la cité radieuse, le chef-d'œuvre de Le Corbusier
La cité radieuse de Nantes, achevée en 1955, est un véritable chef-d'œuvre architectural. C'est un exemple emblématique de l'architecture brutaliste. Il a été classé monument historique en 1991.
L'utilisation de béton brut et de pilotis caractérise le style unique de Le Corbusier. Ses lignes épurées, ses balcons en cascade et sa palette de couleurs vives en font une œuvre d'art architecturale.
Au cœur de cet ensemble, les habitants vivent comme dans une communauté avec des services et espaces communs tels qu'une école, un marché hebdomadaire, une friperie, une bibliothèque. La cité offre un cadre de vie harmonieux et fonctionnel à ses résidents. Un trésor architectural qui continue d'inspirer les passionnés de design du monde entier.
Un appartement témoin est visible par le public… Pour cela un coup de fil à la mairie de Rezé
Julie Hattu nous présente cet épisode de Envie Dehors
Si vous souhaitez aller à la rencontre de ces Nantais qui ne manquent pas d'idées, suivez le parcours suivant : (le vélo s'impose !)
► Pour en savoir plus sur ces Nantais qui font bouger la ville, regardez Envie Dehors présentée par Julie Hattu ce dimanche 12 novembre à 12 h 55 et voir en replay sur france.tv dans notre collection Envie Dehors !
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Envie Dehors !
Magazine d'aventure (26 minutes)
Production exécutive : Les Nouveaux Jours Productions
Producteur : Maël Mainguy
Réalisation : Charles Michaudet
Rédaction en chef : Alexandra Lahuppe