Le Berligou, vin préféré d'Anne de Bretagne, servi de la table d'Henri IV à la cour de Louis XIV à Versailles, avait disparu avec la Révolution. Il est de nouveau produit autour de Nantes par quelques passionnés par la vigne et son histoire, dans l'Histoire de France.

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À Château-Thébaud, avec son frère Laurent, Jean-Michel Poiron-Dabin cultive désormais 6 hectares de Berligou. Un cépage quasiment disparu des vignobles et des caves de France et de Navarre !

Passionné par son métier, par l'Histoire, qui associe souvent les vignobles et les vins, il s'est pris d'une passion supplémentaire pour ce cépage oublié.
 

Le vin des Privilèges

"C'était un vin dit des Privilèges, réservé aux hautes sphères de l'État. En 1460, la France est coupée en 3 ! François II, duc de Bretagne, Charles Le Téméraire, duc de Bourgogne et Louis XI, roi de France. Charles et François s’allient contre Louis. Charles et François sont cousins, il lui offre le Berligou, un cépage bourguignon. Il sera planté à la Chabossière à Couëron au nord-ouest de Nantes et, près de son château à Guérande. Anne de Bretagne, fille de François II, se marie avec Charles VIII puis avec Louis XII et devient reine de France. Elle ne jure que par le Berligou qu'on servira alors à Orléans, à Blois et à Langeais".
 

Charles, François, Anne et les autres

Ça, c'est pour le début ! Si on accélère le temps, on arrive à Henri IV, qui découvrant le Berligou lors de la signature de l'Édit de tolérance, à Nantes, décide de le faire servir au Louvre, à Paris ! Ce bon roi Henri aurait déclaré : "Diantre, que c’est bon, Ventre-saint-gris, les ducs de Bretagne n’étaient pas de petits compagnons !"

Le temps passe et Louis XIV le découvre à son tour, alors qu'il est de passage à Nantes. Il lui faut un vin à la hauteur de son château, il exige que le Berligou soit servi à la cour de Versailles !

Voici venu le temps de la révolution. C'est l'abolition des privilèges, "Nantes est bleue, et même bleu foncé, le château de la Chabossière sera rasé, et les ceps de Berligou qui donnent le vin de l'élite, abandonnés". Et l'oubli s'installe.
 

La renaissance du Berligou

Le 20ème siècle sera celui de la renaissance du Berligou. Le comte de Camiran et Joseph Picot, pépiniériste à Saint-Fiacre-sur-Maine sont sur sa trace, et passent par Couëron, et, au milieu des ronces, identifient des ceps de vignes.

Le pépiniériste greffe 170 ceps… et "un peu plus". "L'un peu plus est important ! En 40, le comte part à la guerre, et confie son domaine à un chef de culture autrichien qui a fui le nazisme". Ce qui est bien. Mais non ! "Le chef de culture ne voit là que des ceps de Melon de Bourgogne dégénérés, et les fait arracher !"

Fin de l'histoire du Berligou ? Le "un peu plus" se révèle génial, car Joseph Picot à partir des 5 ceps qu'il avait mis de côté, va les multiplier. Il faudra attendre encore 1993 pour que Jean-Michel Poiron s'y intéresse. Et la fédération des vins de Nantes, avec Alain Poulard, Œnologue et ancien de l'Institut français du vin et de la vigne vont chercher à lui redonner son identé.

 

Le Berligou pour tous

En 2003 le Berligou est reconnu comme cépage rare et unique au monde. Ensuite, en 2011 Jean-Michel plante un premier hectare et demi du précieux cépage. En 2014 il fait sa première cuvée. Et précise avec malice : "Avec une mise en fût de chêne breton ! Pas question d'aller chercher des arbres poussés chez Louis XI en Limousin ou dans la forêt de Tronçais !"

Désormais commercialisé depuis 2016, les frères Poiron-Dabin produisent 36 000 bouteilles chaque année, en rosé, rouge et méthode champenoise.

Le prix de ce vin des rois de France ? Raisonnable. "On pourrait en faire le vin des privilégiés", ajoute Jean-Michel, "mais non, nous le vendons 6.50 en rosé, 10,80 en effervescent, et en rouge pour notre cuvée "noble" à 15,50 euros". À ces prix-là, nous pouvons tous nous prendre pour le roi Soleil !

 
 
Du Berligou encore :
Ils sont quatre viticulteurs en Loire-Atlantique à s'intéresser au Berligou, comme Marcel Jussiaume au Loroux-Bottereau qui s'est aussi pris de passion pour ce cépage, qu'il cultive sur la Butte de la Roche, au-dessus des marais de Goulaine.

Selon le dictionnaire des cépages de Pierre Galet, le "Berligou ou Berligout est un cépage rare dont la dénomination originelle est Berkovsko Tcherno. C’est un cépage de cuve noir de Russie avec des grappes moyennes à grandes, coniques, des baies moyennes, ellipsoïdes, bleu foncé". Ce serait une déclinaison du Pinot noir. En Loire-Atlantique, on le nomme le Berligou.
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