Pour contester les baisses de tarifs des examens, décidées par l'assurance-maladie au mois d'août, les laboratoires d'analyse médicale ont été appelés à se mettre en grève pendant quatre jours. Ils fermeront leurs portes du vendredi 20 au lundi 23 septembre inclus. Les patients sont invités à reporter leur analyse biologique.
Il faudra se passer des laboratoires d'analyse médicale pendant quelques jours. Les syndicats de biologie médicale appellent l'ensemble des laboratoires à fermer leurs portes durant quatre jours, du 20 au 23 septembre inclus.
Cette mobilisation nationale fait suite à la décision de la caisse nationale de l'assurance-maladie (CNAM) de baisser les tarifs des actes de biologie. Fin août, la CNAM annonçait une diminution de 10 % du prix des examens. Cet abaissement vient s'ajouter à celui déjà adopté entre 2022 et 2023, lui aussi de -10 %.
❗MOBILISATION HISTORIQUE
— Les Biologistes Médicaux (@LesBIOMED) September 19, 2024
A l’appel des syndicats de biologie médicale, la quasi-totalité des laboratoires de biologie médicale fermeront du 20 septembre au 23 septembre ⚠
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Une grosse mobilisation
"Ce qu'on espère, c'est qu'on ouvre à nouveau la porte des discussions", explique Olivier Garnier, président de la Fédération des biologistes praticiens du Grand Ouest. Il ajoute, "c'est une décision unilatérale prise par la CNAM de manière irrégulière. On a d'ailleurs lancé deux recours pour vice de procédure".
Nous, on demande simplement de se mettre autour de la table pour pouvoir discuter
Olivier GarnierPrésident de la Fédération des biologistes praticiens du Grand-Ouest
Selon lui, la décision de la CNAM se base sur une augmentation des actes de biologie de 2 % alors qu'elle serait plutôt de l'ordre de 6 à 7 % cette année. "On fait des analyses et on n'est pas payé et indemnisé pour les faire", alerte Olivier Garnier.
Cette augmentation est due selon le professionnel à plusieurs facteurs. Avec la pénurie médicale, les médecins ont moins le temps et prescrivent plus souvent des analyses en laboratoire à leurs patients.
Une autre cause serait l'augmentation de la téléconsultation. Enfin, les campagnes de dépistage incitent de plus en plus à réaliser des analyses régulièrement. "On ne peut pas promouvoir le dépistage et ne pas mettre le budget derrière", dénonce Olivier Garnier.
100 % des laboratoires des Pays de la Loire sont mobilisés
Olivier GarnierPrésident de la Fédération des biologistes praticiens du Grand-Ouest
Pour lui, s'il n'y a pas rapidement une rencontre organisée avec la CNAM, la grève ne s'arrêtera pas là. "Le mouvement va être reconduit, on organise un Shutdown. Si on atteint la limite du budget avant la fin de l'année, on s'arrêtera de travailler" annonce Olivier Garnier. Ce "Shutdown" pourrait arriver, selon lui, début décembre et durer tout le mois, jusqu'à la nouvelle année. "On espère ne pas en arriver là", reconnaît le biologiste.
Dégradation de la qualité des soins
La forte mobilisation des syndicats s'explique notamment parce que la baisse annoncée fin août vient s'ajouter à une précédente diminution des tarifs des actes de biologie médicale.
En très peu de temps, on a 20 % en moins sur les tarifs des principaux actes médicaux assurés en laboratoire
Olivier GarnierPrésident de la Fédération des biologistes praticiens du Grand-Ouest
"Il y a une vraie inflation des actes de biologie médicale, détaille le biologiste, le volume des analyses flambe. Cette baisse de 10 % représente 360 millions d'euros. On nous demande de baisser de 360 millions d'euros alors que la biologie médicale ne représente déjà que 2 % des dépenses de santé. A contrario, elle contribue à 70 % des diagnostics médicaux".
Un autre enjeu majeur pour les syndicats de la profession ; la qualité des soins fournis en laboratoire. Avec une baisse des tarifs, les laboratoires vont devoir s'ajuster et ne pourront plus assurer les mêmes services. "On va peut-être devoir revoir les horaires d'ouverture, le délai des résultats et réduire les effectifs", anticipe Olivier Garnier.
Aujourd’hui, une baisse brutale comme celle-là risque de casser quelque chose qui fonctionne
Olivier GarnierPrésident de la Fédération des biologistes praticiens du Grand-Ouest
En Pays de la Loire, le nombre de plateaux techniques pourrait être réduit. Il s'agit d'endroits équipés de machines onéreuses qui assurent le fonctionnement rapide des analyses.
En cas d'urgence, les laboratoires invitent les patients à se diriger vers le 15 ou à contacter leur médecin traitant, qui pourra les réorienter vers le Samu ou les urgences les plus proches.
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